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Jean-François Mitsch va-t-il se taire, comme Ores lui en intime l’ordre ?

Olivier Mouton Journaliste

Ores intime l’ordre au conseiller communal de Genappe de « cesser de se répandre dans les médias » au sujet de l’Electragate. L’intéressé refuse. Et présente des éléments nouveaux.

Jusqu’à présent, Ores n’a jamais voulu, par le biais de l’introduction de procédures judiciaires, risquer de distraire l’attention du public de l’essentiel, à savoir la recherche publique de la vérité, sous l’oeil des médias. Aujourd’hui, cette recherche est menée à bien et les résultats en sont connus.  » Le courrier recommandé, émanant du cabinet d’avocats Gutmer & Puyraimond, est daté du 30 mars 2018. Au nom de l’intercommunale Ores, principal distributeur wallon du gaz et de l’électricité, il enjoint Jean-François Mitsch, conseiller communal à Genappe, à  » supprimer de tous ses sites Internet l’ensemble des fausses allégations que vous portez contre elle  » et lui demande de cesser de  » se répandre dans les médias « . Faute de quoi, cela  » engagerait immédiatement votre responsabilité « . Sous-entendu : une plainte en diffamation pourrait être déposée.

Flashback rapide. Depuis 2013, l’élu local de Genappe questionne tous les niveaux de pouvoirs sur un double marché qui concerne le rachat par les communes des parts détenues par Electrabel dans le réseau Ores (25 %), ainsi que, simultanément, la vente des 5 % de parts détenues dans la filiale commerciale d’Electrabel (ECS). Le tout exécuté par sept intercommunales de financement. Pour Mitsch, rapport à l’appui, le montant aurait été largement surévalué pour le rachat et sous-évalué pour la vente. En mai 2017, le procureur de Nivelles a ouvert une information judiciaire.

Sous la pression, le gouvernement wallon a finalement commandité une enquête administrative en juin 2017 qui a conclu temporairement, en janvier 2018, à la légalité du processus du rachat du réseau. Mais, selon Mitsch, ce rapport aurait oublié de parler de la vente des parts.  » Il ne dit mot sur le retrait des communes d’ECS, une structure dont la valeur a été artificiellement abaissée à tel point qu’Electrabel était virtuellement en faillite, raison invoquée aux communes pour qu’elles partent à bas prix « , souligne le conseiller communal.

« L’acheteur et l’acheté liés »

Jean-François Mitsch va-t-il se taire, comme Ores lui en intime l’ordre ? C’est peu probable. Tout d’abord, parce que l’information judiciaire n’est pas refermée, à sa connaissance, et que  » les montants en jeu – plusieurs centaines de millions d’euros… – demandent des réponses complètes et indépendantes « . L’affaire, dit-il, est le reflet d’un système installé depuis de nombreuses années en Belgique qui explique le manque de vision énergétique cohérente dans notre pays et le prix élevé de l’énergie.

L’élu réclame une commission d’enquête, 8 800 signataires à l’appui.  » Une demande que le président du parlement wallon, André Antoine, refuse d’analyser, mais il était le ministre en charge de la décision d’achat du réseau au moment de faits « , signale-t-il. Mitsch a, en outre, fait de nouvelles découvertes. L’une concerne de possibles conflits d’intérêts : au moins deux des intercommunales de financement vendeuses (IPFH/Igretec et Edifin) étaient aussi actionnaires de GDF-Suez, l’acheteur des parts d’Electrabel.  » L’acheteur et l’acheté étaient donc liés « , analyse-t-il.

Le conseiller communal finalise un dossier complémentaire pour le transmettre aux politiques et à la justice. Rappelons qu’il a été exclu par la section locale de son parti, le PS, en raison de son  » manque de collégialité « . Une exclusion qu’il conteste : ce vendredi 20 avril, il sera entendu par la commission de recours du Brabant wallon. Non sans avouer qu’il est harassé par toutes ces procédures. Mais en restant  » déterminé à faire toute la lumière « .

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