Jean-Claude Marcourt accepte de démissionner de la présidence du Parlement wallon, mais pas seul: « J’ai le sentiment de n’avoir commis aucune faute »
La président du Parlement wallon, Jean-Claude Marcourt (PS), s’est dit lundi disposé à démissionner de ses fonctions si l’ensemble du Bureau du parlement wallon fait également un pas de côté, a-t-il annoncé au Soir.
Je suis droit dans mes bottes » : c’est comme cela que Jean-Claude Marcourt livre sa vérité après les nombreux appels à la démission. « J’ai le sentiment de n’avoir commis aucune faute. Je considère que depuis mon arrivée à la présidence en septembre 2019, j’ai fait les choses comme elles devaient être faites. Il est hors de question pour moi de démissionner seul et de donner l’idée qu’une faute a été commise de ma part. Mais par contre, je m’inscris dans la demande d’une démission collective du Bureau. Afin de la rendre possible, je suis donc disponible pour démissionner spontanément », a-t-il confié au Soir.
« Nous avons quitté totalement la raison pour entrer dans l’émotion« , a-t-il réagi ce mardi matin au micro de Bel RTL. « Le positionnement des partis nuisait à l’institution. Pour ramener de la sérénité dans l’institution, il valait mieux que le bureau s’en aille ». Il ne reconnait pour autant toujours aucune faute, qu’elle soit personnelle ou collective: « Je crois qu’il y a eu un emballement, une utilisation politique d’un certain nombre d’éléments. Il y a probablement eu des erreurs dans le passé, mais que je ne qualifierai pas de fautes. Par exemple donner une délégation si large au greffier, dire qu’il n’avait pas besoin de supervision… plutôt une erreur d’appréciation. »
Transition avant démission
Il démissionnera donc à l’issue d’une période de transition, nécessaire selon lui pour ne pas bloquer les activités de l’assemblée alors que se profile la semaine parlementaire des votes du budget 2023 de la Région. « Nous allons organiser la transition, mais dès qu’elle sera faite, je démissionnerai de mon poste de président », a confirmé M. Marcourt (PS) sur les ondes de Bel-RTL. « Je dois voir avec la greffière les conditions dans lesquelles on peut assurer la continuité du parlement, et organiser les réunions qui doivent avoir lieu la semaine prochaine. Il ne faudrait pas qu’on mette un blocage, ou de la cacophonie, car on vote le budget 2023 la semaine prochaine ».
Vendredi dernier, le président du PS, Paul Magnette, avait appelé l’ensemble du Bureau du Parlement wallon à la démission, après les révélations sur les dépenses folles opérées par l’assemblée et un coûteux voyage du greffier Frédéric Janssens et de Jean-Claude Marcourt à Dubaï il y a un an.
Sophie Pécriaux (PS) avait rapidement annoncé son retrait du Bureau où elle siégeait.
Du côté du MR, Georges-Louis Bouchez avait pour sa part estimé que les deux libérales au sein du Bureau, Jacqueline Galant et Sybille de Coster-Bauchau, n’avaient pas à se retirer, la responsabilité des événements reposant surtout sur Jean-Claude Marcourt, selon lui.
Du côté d’Ecolo, Manu Disabato, cinquième et dernier membre du Bureau, avait lancé un ultimatum lundi matin, annonçant sa démission de l’organe si Jean-Claude Marcourt ne jetait pas l’éponge avant ce lundi soir.
L’annonce lundi soir du président du l’assemblée ne clarifie pas pleinement l’imbroglio politique, le Liégeois n’entendant se retirer que dans le cas d’une démission collective.
Sur Twitter, le président du PS a rapidement salué la décision de M. Marcourt « de démissionner afin de rendre possible le renouvellement du Bureau du Parlement de Wallonie ».
« Cet acte était nécessaire pour rétablir la crédibilité de l’institution et restaurer la confiance entre les citoyens wallons et leurs élu(e)s », a ajouté le Carolo.
Sur Twitter, le président du MR, Georges-Louis Bouchez s’est en effet contenté lundi soir de saluer la démission de M. Marcourt, précisant seulement que son parti se réjouissait de « pouvoir travailler à un nouveau Bureau avec un nouveau président », sans évoquer donc un renouvellement complet de l’organe.
Manu Disabato annonce son retrait du Bureau du Parlement wallon
Le député wallon Manu Disabato (Ecolo) a annoncé lundi soir son retrait du Bureau du Parlement wallon, après l’annonce du président du Parlement, Jean-Claude Marcourt, qui s’est dit prêt à faire un pas de côté dans le cas d’une démission collective.
« Je pense nécessaire que l’ensemble du Bureau soit renouvelé, afin que le Parlement retrouve la sérénité. J’ai donc communiqué à la greffière ma décision de m’en retirer. C’est ma décision », a indiqué le député dans un communiqué.
« Je prends acte de la démission du président Marcourt, qui prend enfin la mesure de sa responsabilité première dans l’affaire du greffier et des dépenses du Parlement. Je m’en réjouis car c’était devenu indispensable », a ajouté le Hennuyer.
« Au-delà du voyage à Dubaï, il s’agit d’une part de la crédibilité du Parlement et de la confiance dans les institutions, d’autre part des réformes qui ne doivent plus être entravées ou freinées, mais qui doivent avancer ».
M. Disabato avait lancé lundi matin un ultimatum au président de l’assemblée wallonne. S’il ne démissionnait pas avant la fin de la journée, il donnerait lui-même sa démission, avait-il averti au micro de la RTBF-radio.
Pour le PTB, la démission de Marcourt « est bien le minimum »
« La démission de Jean-Claude Marcourt était bien le minimum vu le trip à Dubaï à 20.000 euros. Mais le reste du Bureau qui a laissé faire et qui a laissé déraper les dépenses du parlement wallon dans des chantiers qui se comptent en dizaines de millions d’euros doit aussi démissionner », a réagi lundi soir, sur Twitter, le chef de groupe du PTB au parlement wallon, Germain Mugemangango.
Plus tôt dans la soirée, le président du parlement wallon et de son bureau, le socialiste Jean-Claude Marcourt, s’est dit prêt à faire un pas de côté pour rendre possible une démission collective du Bureau.
« La classe politique doit abandonner son goût pour les privilèges aux dépens du contribuable. Le nouveau bureau devra renoncer aux rémunérations supplémentaires prévues. Il est aussi largement temps que les parlementaires voient leur rémunération divisée par deux », a poursuivi le chef de file de l’extrême gauche.
« C’est une mesure démocratique. Le style de vie des parlementaires doit impérativement se rapprocher du style de vie des travailleurs et des travailleuses », a-t-il ajouté.