Interdiction des voyages non essentiels: mise en garde, la Belgique a dix jours pour s’expliquer
La Commission européenne a annoncé mardi avoir sommé six Etats membres, dont la Belgique et l’Allemagne, de s’expliquer sous dix jours sur des restrictions de circulation liées au Covid-19 qu’elle juge disproportionnées.
L’exécutif européen a envoyé lundi des courriers à la Belgique, à l’Allemagne, au Danemark, à la Finlande, à la Suède et à la Hongrie, car ces six pays appliquent des restrictions plus dures que celles recommandées par l’UE, dont des interdictions d’entrer sur leur territoire, a expliqué un porte-parole de la Commission. Ces lettres, a-t-il souligné lors d’une conférence de presse, pointent « un risque de fragmentation, d’entraves à la libre-circulation, de perturbation des chaînes de production ».
Les restrictions doivent être « non discriminatoires et proportionnées », insiste la Commission, qui appelle les gouvernements concernés à « s’aligner » sur les recommandations communes approuvées il y a quatre mois par les Vingt-Sept.
Le dirigeants de l’UE s’entretiendront de la coordination de la lutte contre la pandémie lors d’un sommet spécial en visio-conférence jeudi et vendredi.
Les Etats visés ont dix jours pour répondre à la Commission, qui n’exclut pas d’enclencher des procédures d’infractions à leur encontre.
Dans une autre lettre envoyée la semaine dernière à l’ensemble des Etats membres, la Commission avait déjà exhorté les Vingt-Sept à éviter les fermetures de frontières et les interdictions générales de voyage.
La difficile coordination sur ces restrictions était mardi au menu d’une réunion des ministres des Affaires européennes des Vingt-Sept, avant un sommet jeudi des chefs d’Etat et de gouvernement.
En Belgique, tous les voyages non essentiels depuis et à destination du pays sont interdits depuis le 27 janvier. La mesure, prolongée jusqu’au 1er avril, est jugée problématique par la Commission, qui lui reproche d’ignorer la situation épidémiologique des régions de provenance ou de destination.
De son côté, l’Allemagne filtre drastiquement depuis mi-février les passages avec la République tchèque, la Slovaquie et le Tyrol autrichien pour contenir les variants du virus. Frontaliers et chauffeurs de poids lourds ne peuvent passer qu’avec un test PCR très récent.
Or, dans la lettre envoyée lundi à l’ambassadeur allemand auprès de l’UE et consultée par l’AFP, la Commission fustige le dispositif, observant que la diffusion des variants n’est pas pire en Slovaquie ou en République tchèque que dans d’autres Etats de l’Union. « Nous pensons que l’objectif compréhensible de l’Allemagne -protéger la santé publique- pourrait être atteint grâce à des mesures moins restrictives », insiste le courrier.
Par ailleurs, la lettre critique l’exigence des autorités allemandes de n’accepter que des tests Covid rédigés en allemand, anglais, français ou italien, relevant que des documents dans les langues tchèque ou slovaque devraient également être jugés valables.
Le ministre allemand, Michael Roth, a rejeté mardi les « accusations de non-conformité au droit européen », assurant que son pays respectait les règles de l’espace Schengen et gardait « pour priorité de protéger (ses) citoyens ».
Mais Bruxelles s’alarme des dysfonctionnements des échanges économiques et des chaînes de production industrielles dans une conjoncture déjà compliquée. « Il faut se coordonner pour permettre au marché unique de fonctionner de façon fluide », a martelé mardi le vice-président slovaque de la Commission Maros Sefcovic, encourageant des exceptions pour les travailleurs frontaliers et des « voies vertes » réservées au transport de marchandises.
En revanche, Michael Roth a exclu mardi toute fermeture de la frontière franco-allemande: « La situation à la frontière française est très différente des cas autrichien ou tchèque, et les Etats (allemands) frontaliers s’opposent expressément » à toute restriction, a fait valoir le ministre.