Inondations: un chaos sans fin
Où reloger les familles sinistrées? Une première initiative publique de location de conteneurs a été lancée. Mais le nombre précis de personnes ayant besoin d’un nouveau toit reste inconnu. La phase d’urgence n’est pas terminée.
Qu’on détruise la sienne aussi! Son sol gondole, son escalier vacille, ses murs suintent lorsqu’ils existent encore… « A quoi bon reconstruire? » s’interroge Joël, un habitant de Pepinster, interviewé le 29 juillet dernier dans Sudpresse. Mais sa maison ne fait pas partie des cinquante officiellement condamnées par la commune, instabilité oblige. Le bourgmestre, Philippe Godin (sans apparentement), a dû publier la liste dans la presse, pour prévenir les habitants concernés. Les démolitions devraient débuter vers le 6 août, à commencer par celle de la maison communale, complètement engloutie par les furieuses inondations des 14, 15 et 16 juillet derniers.
Combien de quartiers seront-ils pareillement amputés? Combien de logements devront être rayés de la carte? Les communes affectées enchaînent les expertises. Le ministre wallon du Logement, Christophe Collignon (PS), ne dispose pas encore d’une vue d’ensemble du sinistre. « Une tâche titanesque », dixit son porte-parole, entre les services administratifs locaux parfois hors service, des familles hébergées ailleurs à la hâte dont on ne sait si elles ont réinvesti ou non leur bien, du personnel du SPW (Service public de Wallonie) encore occupé à sillonner les rues pour réaliser un inventaire.
En attendant, des bénévoles continuent à nettoyer les habitations dégradées et les berges des cours d’eau jonchées de déchets.
« A ce stade, je ne sais pas de combien nous aurons besoin, déclarait le ministre-président wallon Elio Di Rupo dans Le Soir, le 31 juillet. Sinon qu’il s’agira de montants astronomiques: immeubles, routes, impétrants… » Et relogement: la Wallonie a lancé un « accord-cadre » pour la location (avec option d’achat) de conteneurs aménagés comme habitats temporaires… pour « sans doute un an et demi voire deux ans ». Les premières commandes pourraient être passées en septembre.
Lire à ce sujet notre interview de Jean-Luc Crucke: « Ne nous leurrons pas, sinon nous serons déçus »
En attendant, certains sinistrés campent, tant que l’été le permet, aux étages plus ou moins préservés de leur maison, d’autres restent hébergés chez des proches et les biens en location sont pris d’assaut. « C’est la folie », répètent en substance les agences immobilières. En attendant, deux « commissaires spéciales à la reconstruction » ont été nommées pour un an renouvelable. Sylvie Marique (secrétaire générale du SPW) et Catherine Delcourt (commissaire d’arrondissement de la province de Liège) coordonneront les mesures d’urgence et proposeront des pistes pour faire renaître les communes touchées. Autre désignation: celle du juge d’instruction Jean-Marc Mottet, qui dirigera l’enquête demandée par le parquet de Liège pour homicide involontaire par défaut de prévoyance ou de précaution. Quarante et une personnes sont décédées lors de ces inondations et deux restaient toujours portées disparues. Le gouvernement wallon a refusé d’organiser une commission d’enquête.
En attendant, des bénévoles continuent à nettoyer les habitations dégradées et les berges des cours d’eau jonchées de déchets. Certes parfois moins nombreux qu’aux lendemains immédiats des événements, mais néanmoins toujours présents. Deux cents s’activent toujours quotidiennement à l’athénée Atlas de Jupille et Coronmeuse pour préparer en moyenne 8 000 repas quotidiens, pour ne citer qu’un exemple. Sans cette solidarité spontanée, la catastrophe n’en aurait été que plus effroyable.
Lire aussi notre reportage à Trooz: Près de 20 jours après les inondations, « les aides des bénévoles sont merveilleuses, maintenant l’Etat doit prendre la relève »
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