Impasse fédérale: voici les scénarios qui s’offrent au roi Philippe (analyse)
Les missionnaires Bart De Wever et Paul Magnette remettent leur tablier à 11h ce lundi. Plusieurs issues existent, dont leur maintien, des consultations ou une mission bleue-verte.
Le roi Philippe devrait exprimer son irritation ce lundi matin, à 11h, au vu de la énième impasse politique à laquelle la Belgique est confrontée. Le blocage semble à nouveau total, suite à la décision prise vendredi par les préformateurs, Bart De Wever (N-VA) et Paul Magnette (PS), de remettre leur tablier. Leur quête d’ouvrir les négociations de leur « club des cinq » (N-VA, PS, SP.A, CD&V, CDH) aux libéraux et/ou aux écologistes a échoué. Ils n’ont pas pu mettre en place la « large majorité » que le roi appellait de ses voeux, après sortie commune des libéraux et des écologistes dénonçant notamment leur projet institutionnel.
Alors? Plusieurs pistes s’offrent au palais royal.
– Le roi pourrait décider de suspendre sa décision et de consulter à nouveau les uns et les autres pour exprimer son agacement. Ce serait une façon de mettre une nouvelle fois la pression sur tous les partis démocratique en leur exprimant l’urgence de la situation, avec la gestion du rebond de l’épidémie et ses conséquences graves sur le plan socio-économique. Avant d’éventuellement passer à la piste 2.
– Le roi pourrait aussi poser un geste d’autorité en maintenant Bart De Wever et Paul Magnette pour une nouvelle semaine, estimant que le dialogue N-VA / PS, que tout le monde ou presque souhaitait, est la seule garantie de la stabilité nécessaire pour la relance socio-économique et les réformes à mener. Les principaux partis flamands (N-VA et CD&V en tête) demandent une majorité dans le groupe linguistique néerlandophone et la présence de la N-VA en est la seule garantie. Ce serait un nouveau coup de poker, encore faut-il que les principaux intéressés y concèdent.
– Le roi pourrait changer son fusil d’épaule et confier une mission aux écologistes: ce sont les seuls qui n’ont pas encore eu la main, alors qu’ils avaient remporté les élections de 2019. Peut-être avec les libéraux flamands. Ce serait une façon de forcer les deux familles à l’origine de l’échec de la mission De Wever – Magnette de trouver une solution. Dans les rangs écologistes (et dans le chef de certains libéraux francophones, exaspérés par l’attitude de la N-VA à leur encontre, ces dernières semaines), ce pourrait être l’occasion de tenter une nouvelle fois la coalition Vivaldi (socialistes, libéraux, écologistes, tout ou partie des sociaux-chrétiens), maintenant que le dialogue N-VA / PS a montré où il menait.
– Le roi pourrait aussi prendre un contrepied et miser sur les sociaux-chrétiens. Le CD&V reste la clé de voûte de toute solution, avec ou sans N-VA. Ce serait une façon de faire basculer l’impasse d’un côté ou de l’autre.
– Le roi pourrait nommer une « éminence grise ». C’est ce que la Fédération de entreprises de Belgique (FEB) proposait ce week-end. Il s’agirait de basculer dans le camp des experts pour dépassionnaliser le débat et dépasser les obstructions stériles. Ce serait un signe de l’irritation royale face à l’incapacité des présidents de parti à s’entendre. L’idée de nommer des « sages » (ministres d’Etat ou autre) est aussi un « truc » souvent utilisé par le palais en cas de crise sérieuse, mais c’est aussi une façon de gagner du temps et… nous n’en avons guère d’ici la mi-septembre.
– Le roi pourrait encoreconfier une mission à l’actuelle Première ministre, Sophie Wilmès (MR). Peu probable: le MR est montré du doigt par la N-VA et la locataire du Seize a déjà laissé entendre qu’elle devait se consacrer à 100% à sa mission en cette pérode de crise, et laissé sous-entendre qu’elle ne prendrait une telle mission que si elle a de bonnes chances de réussite.
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