André Flahaut
Il y a cinq ans… un 21 juillet pas comme les autres.
Il est des moments dans la vie d’un Roi, comme dans celle d’un peuple, qui ne s’oublient pas : la prestation de Serment du futur souverain en est un. Tout est réglé, millimétré. Tout est unique. Tout fait sens.
Le 21 juillet 2013, jour de notre Fête nationale, celui qui allait bientôt succéder à son père, Albert II, et devenir le septième Roi des Belges, prend place devant les représentants de la Nation. Le prince Philippe s’apprête, en des termes inchangés depuis 1831, à renouveler l’union entre le peuple et la monarchie.
Les circonstances – en l’occurrence l’abdication d’un roi d’exception qui a choisi dans la sérénité et en toute liberté de céder le trône à son fils – donnent à l’événement une touche singulière. Les qualités du père continuent alors d’habiter la charge : une incroyable capacité à trouver des compromis au nom de l’intérêt général, une qualité d’écoute envers tous, une aptitude naturelle à se positionner dans la proximité.
La tâche s’annonce ardue. Il ne s’agit pas seulement de sauvegarder un héritage, mais avant tout d’inscrire celui-ci dans la modernité du temps présent et dans les promesses d’un avenir que l’on sait, pourtant, irréductiblement incertain.
Bien plus qu’un symbole, le Serment de ce 21 juillet formule l’engagement du prince héritier à l’égard de nos lois et de notre Constitution. Le prétendant au trône donne sa parole à la Nation et adresse à tous ceux qui sont en charge de la représenter une promesse solennelle : celle « de maintenir l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire ».
En prononçant ces mots, le prince Philippe devient Roi Philippe.
C’était il y a cinq ans, au Palais de la Nation.
Président de la Chambre à l’époque, je reste marqué par cet événement qui fut grandiose sans être compassé. J’ai souhaité que la cérémonie se tienne dans un esprit d’ouverture, de rigueur et de sincérité. Je garde le souvenir ému d’un passage de témoin tout en justesse et en solennité où l’on a vu à l’oeuvre la continuité autant que le changement.
Je sais l’importance de la figure du roi dans la cohésion de notre Belgique si diverse, et le rôle éminent qu’il est appelé à jouer dans les succès comme dans les tristesses. Il fait lien. Il incarne la médiation et l’équilibre. Le moment du Serment, justement, en porte témoignage de façon à la fois intime et publique.
Lorsque je commence mon discours d’accueil, j’ai à l’esprit la crise des 541 jours… chacun y songe. L’épreuve fut rude pour les femmes et les hommes, pour les Institutions, pour le pays tout entier.
Nul n’ignore les défis du fédéralisme grandissant ni les bouleversements en cours et à venir. Les enjeux sont considérables. Mais l’Histoire n’est jamais figée. Son flou, indéniable, est également une occasion de liberté et d’émancipation.
Le discours que je prononce alors est nourri par la confiance. Confiance dans notre démocratie. Confiance dans l’attachement du nouveau roi aux valeurs de justice et de solidarité. Confiance dans sa capacité à trouver, avec les responsables politiques et les citoyens, la voie du consensus et de l’équilibre…
Ce 21 juillet, définitivement, n’était pas comme les autres.
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