Il sera difficile d’échapper à un reconfinement, selon Marius Gilbert
Un reconfinement sera « très difficilement incontournable si on veut éviter une situation de saturation hospitalière à la Bergame », du nom de cette ville italienne de Lombardie où les hôpitaux avaient dû poser, au printemps dernier, des choix sur quelles personnes atteintes du coronavirus soigner. C’est ce qu’a affirmé jeudi soir Marius Gilbert, l’épidémiologiste à l’Université libre de Bruxelles, dans le journal télévisé de la RTBF. « On ne peut pas y échapper si on ne veut pas arriver à cette extrémité-là », prévient-il.
En cas de saturation, des médecins se retrouveront face à la décision « terrible » de choisir à qui donner des respirateurs ou qui accepter aux soins intensifs, situe-t-il. Un tel cas de figure, n’est « pas dans un mois ou deux mais ça peut se présenter dans une ou deux semaines! « .
Après la phase 2A du plan d’urgence hospitalier qui sera effective d’ici au 2 novembre, il ne reste plus que la phase 2B, rappelle Marius Gilbert, qui s’inquiète d’une situation qui tourne à la catastrophe et qui deviendrait ingérable pour le système des soins de santé. Répétant un message qu’il avait déjà véhiculé ces dernières heures dans la presse, à l’image d’autres experts ces derniers jours, tel Emmanuel André mercredi, Marius Gilbert appelle donc à un reconfinement généralisé rapide. « Je pense qu’on n’a pas le choix. Plus on intervient tôt, plus l’impact sera limité », dit-il.
Il souhaite une mobilisation générale de la société pour lutter contre ce coronavirus, invitant par exemple les professeurs à parler aux adolescents et aux jeunes dans les universités et les écoles ou les influenceurs à faire passer le message à leurs milliers de followers. « Même les stars de foot et de cinéma, qui ont des milliers de personnes qui les écoutent. Ils sont beaucoup plus puissants! Il faut qu’eux se fassent le relais de cette communication qu’on n’arrive pas à faire dans certaines poches de la société qui sont dans le déni. » Selon l’épidémiologiste, il ne s’agit pas d’opposer l’économique et le sanitaire. « On est dans une situation où tout le monde perd. »