André Flahaut
« Il ne faut pas sombrer dans un monde envahi par le simplisme »
Le 10 janvier, Roularta annonçait qu’il arrêtait la diffusion des commentaires sur ses sites, car « le caractère trop souvent virulent et irrespectueux des échanges y rend impossible tout dialogue constructif ». Il évoquait par la même occasion, qu’un mois auparavant, la Journée des droits de l’Homme nous rappelait que « la liberté d’expression, ce n’est pas la liberté de dire la haine. »
Ce 27 janvier a été instituée Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité. Il s’agit de la date anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz.
L’occasion de se souvenir à quoi peut mener la haine de l’autre.
Je saisis donc aujourd’hui l’invitation du Vif à continuer à interagir avec sa rédaction et ses lecteurs par le biais d’une opinion dans cette rubrique, en appréciant au passage sa volonté de revenir aux fondamentaux de l’information et à défendre la critique constructive.
Cette époque est malheureusement celle où certains propos décomplexés se banalisent. Tant dans le monde réel que dans l’espace virtuel. On gifle en public un politique avec lequel on est pas d’accord, on appelle à la violence le lendemain en radio et l’on se permet de tenir des propos injurieux sur les réseaux sociaux, caché derrière un écran ou un faux profil.
Ce climat de sourde violence et d’irrespect de l’autre se répand dans tous les espaces, alimenté par une forme de culture du « clash » entre untel et untel qui fait le buzz.
Je souhaite aujourd’hui rappeler une des valeurs qui fonde notre humanité et qui nous permet de vivre ensemble en paix : le respect. Celle-ci nous permet d’échanger des opinions différentes sans être victime de lynchage ou d’enfermement. L’écoute, l’analyse des arguments et la confrontation constructive des idées constituent le cadre nécessaire pour faire émerger, ensemble, des solutions à la complexité de ce monde et le faire ainsi progresser.
La tâche est grande mais nous sommes tous concernés par la voie que nous choisirons pour co-construire la société de demain. Et sans respect de l’autre, nous n’y arriverons pas.
Emparons-nous de cette valeur, de toutes les valeurs qui fondent nos démocraties, faisons-les vivre non seulement dans le réel mais également dans l’espace virtuel que nous fréquentons dorénavant, dans lequel nous évoluons et interagissons de plus en plus.
Ceci dans un sursaut salutaire, pour ne pas sombrer dans un monde envahi par le simplisme, les raccourcis faciles et la stigmatisation de l’autre qui nous plongeraient dans le chaos.
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