Huit millions de « francophones » en Belgique : adjugé, assume Reynders
Le ministre MR des Affaires étrangères valide le recensement linguistique de l’Organisation Internationale de la Francophonie qui fait hurler la Flandre. Il fut un temps où la N-VA exigeait que le gouvernement Di Rupo » rectifie ce mensonge. » Et aujourd’hui ?
C’est le comptage qui glace le sang du flamingant le moins endurci. Parce qu’il a le toupet de ravaler le néerlandais au rang de langue largement minoritaire en Belgique. Ce « crime » statistique est signé, et de longue date, par la très officielle Organisation Internationale de la Francophonie à laquelle adhère l’Etat belge. L’OIF persiste à décréter la langue de Voltaire en usage chez plus de 70% des habitants du Royaume. Son compteur recense pour 2015, à l’unité près, 8.088.711 locuteurs de français parmi 11,2 millions âmes.
De quoi laisser plus d’un Flamand pantois. A fortiori s’il a la fibre nationaliste. En son temps, la députée N-VA Zuhal Demir, abasourdie par une telle énormité, n’y voyait qu’une preuve évidente de mauvaise volonté, l’indice flagrant d’un manque de loyauté à l’égard des Flamands de la part de certains cercles francophones. « J’exige que le gouvernement rectifie ce mensonge », vitupérait alors l’élue du parti de Bart De Wever. C’était au temps où le socialiste francophone Elio Di Rupo endossait le costume de Premier ministre et où la N-VA pérorait dans l’opposition au fédéral.
Le « mensonge » avait tenu bon. Il survivra sous la suédoise, alors que le libéral francophone Charles Michel se maintient au 16 rue de la Loi et que la N-VA s’est hissée au pouvoir fédéral. Il survivra à cause de la « mauvaise volonté » et du « manque flagrant de loyauté à l’égard des Flamands » dont fait preuve l’actuel ministre des Affaires étrangères.
Francophones ou locuteurs de langue française ?
Relancé sur cette question communautaire par le Vlaams Belang, qui jouit de la liberté de l’opposition, Didier Reynders (MR) valide le chiffre qui fait hurler la Flandre nationaliste. Il ne désavoue pas la démarche méthodologique de l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone, institut établi à Québec qui est à la base du comptage retenu par l’OIF. Didier Reynders peut tout expliquer. Même l’inexplicable, aux yeux de la Flandre. « Ce nombre comprend les personnes de langue maternelle française et celles de langue maternelle autre que le français. » Cette façon de compter large peut étonner ? Didier Reynders ne le croit pas : « Elle tient compte des meilleures sources statistiques disponibles », « la méthodologie paraît sérieusement étudiée, elle est minutieusement précisée. »
Rien de trompeur ni de mensonger derrière tout cela. A condition d’accepter de jouer sur les mots et de ne pas tout confondre : une personne capable de parler le français n’est pas systématiquement un francophone. Ce genre de subtilité échapperait à la Flandre. D’autant que, comme pour mieux contredire la nuance apportée par le ministre belge des Affaires étrangères, la carte du monde déployée sur le site officiel de l’OIF livre l’estimation « des francophones » sur tous les continents. Un clic de souris sur la minuscule case « Belgique » et le chiffre de 8.088.000 « francophones » saute aux yeux comme par enchantement.
Voilà qui risque peu d’ôter la furieuse envie de la Flandre de quitter les parages de cette francophonie qu’elle fréquente bien malgré elle sous pavillon belge. En avril 2015, son ministre-président, Geert Bourgeois (N-VA), appelait ouvertement la Belgique à se retirer de l’OIF, instrument de promotion de la langue française qui ne devrait être que « l’affaire de la Communauté française. » Et de huit millions de locuteurs ?
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