Hanita van der Meer (Belvilla): « La flexibilité, pour nous, est devenue une nécessité »
La porte-parole du groupe Belvilla fait le point sur une année touristique durant laquelle le Belge a adoré s’héberger près de chez lui. Ou comment la « maison de vacances » est devenue la nouvelle poule aux oeufs d’or du secteur du voyage.
Globalement, tirez-vous un bilan positif de 2020 en termes de réservations?
Le printemps a été difficile, car nous avons dû faire face à de nombreuses annulations… pour très peu de réservations. Heureusement, l’été nous a permis de redresser la barre. Finalement, nous avons observé une augmentation de 32% de réservations par rapport à l’année dernière. Quant aux Belges ayant choisi de partir en vacances en Belgique via Belvilla, leur nombre a augmenté de 78%. Il faut aussi noter que les vacances d’automne n’ont fait que confirmer la tendance: les demandes ont triplé pour cette semaine-là!
L’agence Ardennes-Etape l’a observé aussi: les maisons familiales ont été particulièrement prisées…
Oui, le constat est très clair: les Belges se sont déplacés « en bulle », en écoutant leur envie de changer de décor et d’explorer celui-ci « ensemble ». On peut même affirmer qu’ils ont privilégié les escapades nature, puisque l’offre de Belvilla est beaucoup plus importante dans les zones vertes que dans les villes. C’est encore plus flagrant quand on regarde les régions qui ont été plébiscitées…
Justement, quels ont été les chouchous?
En numéro 1, on trouve la province du Luxembourg, avec une croissance de 87% par rapport à l’année dernière. Viennent ensuite Liège (+ 86%) et Namur (+ 106%! ). Enfin, la Flandre- Occidentale – disons donc la côte belge – gagne 60%. On peut dire que ce sont des chiffres éloquents. Surtout qu’on les doit principalement aux Belges, puisque les voyageurs des pays frontaliers ont fait exactement comme nous: ils sont restés chez eux!
En avez-vous profité pour mettre en place des stratégies commerciales spécifiques et attirer de nouveaux clients?
Bien sûr. Notre communication s’est basée sur les bienfaits du tourisme de proximité. Le plus compliqué pour nous, c’était de nous adapter en fonction des restrictions de voyage propres à chaque pays, qui changeaient tout le temps. Mais surtout, il a fallu rassurer les clients et rester à leur écoute. Nos dernières recherches ont montré que de nombreux voyageurs voulaient déjà réserver leurs vacances pour l’année prochaine, mais avec la certitude de pouvoir modifier ou reporter leur séjour « si besoin ». Cette flexibilité, pour nous, est devenue une nécessité. Ce n’est pas toujours évident, d’ailleurs, car nous devons convaincre chaque propriétaire de proposer une telle souplesse. Et nous en avons dans une vingtaine de pays en Europe!
La flexibilité, pour nous, est devenue une nécessité.
Face à votre succès, la crise a fait beaucoup de dégâts du côté de l’hôtellerie.
Oui. Il faut dire que les hôtels ne proposent pas du tout la même expérience de vacances. Certes, ils offrent une copieuse quantité de services, mais c’est justement ce qui a fait leur faiblesse durant cette crise: les gens n’ont pas eu envie de fréquenter un hall d’entrée, une salle de petit- déjeuner ou un spa. Une maison de vacances se révèle un cocon beaucoup plus sécurisant, un espace de liberté qui, en quelques mois, s’est clairement imposé comme un nouvel acteur important du tourisme.
Dans les pays voisins, la tendance du « voyage local » est-elle la même que chez nous?
Oui, aucune différence. D’ailleurs, certains Belges sont quand même allés y faire un petit coucou, de manière beaucoup moins massive que les autres années, et uniquement quand les voyants étaient au vert. France, Pays-Bas et Allemagne occupent les trois premières marches du podium. Pour nous, c’était une grande nouveauté, et l’on a dû énormément travailler afin d’opérer un virage à 180 degrés. Dans certains pays du sud de l’Europe, par exemple, on n’était pas encore très connu par rapport à des marques comme Airbnb. Mais nos départements marketing et relations publiques ont fait un boulot incroyable pour nous faire connaître.
Cette crise aura forcément une fin. Avez-vous un plan pour conserver votre succès dans les mois et les années à venir?
Nous y travaillons en ce moment même. En fait, nous sommes confiants sur un point: ceux qui ont découvert les séjours en maison de vacances risquent d’avoir adopté le principe. Nous avons, en tout cas, d’excellents retours. Il faut donc poursuivre dans cette voie, continuer à séduire les Belges – et leurs voisins – avec des hébergements de qualité et des arguments innovants. Le côté positif, c’est que nous avons pu enrichir notre catalogue avec plein de nouvelles maisons, car de nombreux propriétaires de résidences secondaires ont été séduits par la location. On croise les doigts pour que la demande reste importante par rapport à l’offre. Mais on est optimistes: il y a déjà deux fois plus de réservations que d’habitude pour Pâques 2021, et déjà un bel engouement pour le mois de mai. NB
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