Grève des médecins en formation: « Le contrat qu’on nous propose est une insulte »
Alexandre Niset est le porte-parole des médecins spécialistes en formation de l’UCLouvain. Il revient pour LeVif sur les principales revendications de ces médecins, à la veille d’une grève le 20 mai, pour revaloriser leurs conditions de travail.
La Commission paritaire nationale médecins-hôpitaux (CPNMH) s’est réunie pour redéfinir les conditions de travail des médecins en formation afin d’harmoniser celles-ci au niveau fédéral. Pour le GALUC, le Groupement des Assistants de l’UCLouvain, la dernière proposition est une « insulte » de la part des fédérations hospitalières. Elle dévalorise leurs conditions de travail et bafoue la législation en vigueur. Ses membres ont déposé un préavis de grève pour ce jeudi 20 mai. Le GALUC représente pas moins de 1.600 médecins assistants candidats spécialistes (MACS), sur les près de 9.000 médecins en formation en Belgique. Son porte-parole, Alexandre Niset, nous explique les raisons de leur grogne.
Quelles sont vos principales revendications?
Nous sommes considérés à mi-chemin entre des étudiants et des travailleurs, mais nous prestons des journées complètes, voire plus, en sauvant des vies. La situation dans laquelle nous évoluons depuis des années comporte de nombreux abus. La législation fixe la charge de travail hebdomadaire à 48h par semaine, mais elle est amplement dépassée par beaucoup de médecins assistants. La proposition de contrat que nous avons reçue le 19 avril est tout simplement scandaleuse.
C’est une régression de nos conditions de travail en de nombreux points : le salaire horaire est diminué, les heures supplémentaires ne sont plus valorisées, le temps de formation scientifique diminue… Nous voulons bénéficier de la formation scientifique prévue dans les textes légaux que la CPNMH essaie de diminuer. Nous nous battons aussi pour pouvoir prétendre aux prestations sociales auxquelles nous n’avons pas accès actuellement, comme la pension et le chômage. Il y a aussi de grandes différences avec les législations au niveau européen. L’INAMI a fait une contre-proposition qui réinstaure le système précédent, mais ne change rien aux pratiques abusives dans les hôpitaux.
La revalorisation des heures supplémentaires, c’est l’un des points épineux…
Nous luttons pour un respect de la législation sur le temps de travail, il est encore trop fréquent que des médecins prestent parfois près de 100 heures sur une semaine. Nous demandons une valorisation des heures supplémentaires prestées qui ne seront que trop souvent purement et simplement ignorées par nos employeurs.
On parle d’argent, mais ce n’est pas le nerf de la guerre. Nous militons avant tout pour garantir la prise en charge de nos patients dans de bonnes conditions : sans avoir un médecin ayant travaillé 90h sur la semaine avec plusieurs nuits blanches, ayant eu le temps de se former et qui soit encadré de manière optimale. Il en va de la sécurité de nos patients, mais aussi de notre sécurité. Je travaille aux urgences et je peux vous dire que j’ai déjà récupéré des collègues qui ont fait des accidents de voiture après des gardes, certains meurent même parfois.
Vous serez en grève ce 20 mai
Dans le cas où le contrat qui doit être signé ce 19 mai ne rencontrerait pas nos attentes, on partira en grève au moins 24h ce jeudi 20 mai. Si le mouvement de grève est suivi comme nous nous y attendons, cela aura un retentissement majeur dans un nombre très important d’hôpitaux du pays.
La grève est d’ailleurs un moyen de pression utilisé contre nous : pour nous faire culpabiliser ne pas prendre en charge nos patients, qu’il s’agit de notre responsabilité alors que nos superviseurs sont en réalité les premiers responsables. Un assistant n’est en effet pas censé être essentiel pour l’organisation d’un service, mais être là pour se former alors que dans la pratique, il a un rôle indispensable. Nous nous sommes organisés pour ne pas mettre à mal les services, pour la sécurité de nos patients.
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