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Gestion de fortune: à la mesure de votre patrimoine

Philippe Berkenbaum Journaliste

La gestion de fortune s’est démocratisée ces dernières décennies, au point de devenir accessible au plus grand nombre. Inutile toutefois d’espérer des solutions personnalisées avec un patrimoine limité. Panorama d’un secteur en pleine mutation, où des solutions existent pour chaque profil.

Le petit monde des banques privées belges a connu un véritable séisme en 2015 avec le rapprochement de deux acteurs majeurs : la banque Degroof et la société de Bourse Petercam. Cela suivait la reprise d’UBS Belgium par Puilaetco Dewaay. Pour Jacques Berghmans, cofondateur de TreeTop, cela traduit une tendance à la consolidation des acteurs traditionnels.  » Ils sont poussés à se rapprocher en raison de la hausse des coûts liés à la régulation (lire l’encadré plus bas) et aux pressions sur les commissions.  »

Les banques privées font face à une concurrence accrue, notamment en raison du développement de boutiques et sociétés de gestion plus spécialisées, souvent créées par d’anciens employés du secteur. Jacques Berghmans a ainsi cofondé TreeTop, axant sa stratégie sur les Bourses du monde entier, après un parcours professionnel qui l’a conduit chez Merrill Lynch et à la Banque Degroof. Etienne de Callataÿ, ex-économiste en chef de la même banque Degroof, a fondé Orcadia avec d’anciens collègues dans le but de promouvoir une gestion plus responsable. Sans oublier la concurrence d’acteurs en ligne comme Keytrade Bank, prédisposés à percer dans un environnement où la chasse aux coûts est devenue cruciale sous la pression de la régulation et des produits indiciels.

Du côté des établissements étrangers,  » les géants internationaux comme UBS ont tendance à quitter le marché belge, jugé trop étroit « , selon le gérant de TreeTop. C’est toutefois contrebalancé par le développement de filiales de plus petits acteurs (luxembourgeois), note Benoît Daenen, responsable de la banque privée chez Degroof Petercam.

Accompagner l’épargnant

Pour Marc Hainaut, responsable de la gamme produits chez Belfius, cette diversité de solutions répond aux aspirations d’une clientèle qui préfère souvent répartir son patrimoine. Le client est également mieux informé, plus au courant de l’évolution des marchés grâce notamment à Internet, relève Benoît Daenen.

La principale caractéristique actuelle des marchés est la faiblesse historique des taux d’intérêt. Les banques (généralistes) de la zone euro doivent même s’acquitter d’un taux négatif (-0,4 %) quand elles déposent leurs liquidités à la banque centrale, ce qu’elles ne peuvent répercuter sur leurs produits (comptes d’épargne, bons de caisse, etc.). Elles ont donc tendance à accompagner l’épargnant dans sa quête de rendement sur les marchés financiers.

Benoît Daenen doute cependant que tous les clients investissant sur les marchés financiers soient aptes à en supporter la volatilité inhérente. D’autant plus que les obligations sont actuellement surévaluées en raison des taux extrêmement bas et les actions un peu chères (en termes de valorisation par rapport à leurs bénéfices notamment) dans certaines zones.

Le coût de la transparence

Les règles de régulation et l’évolution de la fiscalité nécessitent des investissements conséquents, entre autres dans les systèmes informatiques, pointe Marc Hainaut. « Ces coûts pèsent de plus en plus lourds et exigent d’atteindre une certaine taille critique poussant à la concentration des acteurs. » Une tendance qui risque de s’accélérer en 2018 avec le second volet des règles de bonne conduite européennes Mifid. Globalement, MiFid 2 est axé sur la transparence et la protection de l’investisseur, selon le responsable de la gamme de produits de Belfius. Parmi les mesures phares, soulignons l’information sur les modalités d’exécution des transactions et l’interdiction des rétrocessions : des commissions versées par les gestionnaires de fonds aux distributeurs (banques) souvent à l’insu du client. Ces nouvelles règles engendrent un certain nombre de contraintes, mais représentent également une opportunité pour un acteur spécialisé dans la gestion de patrimoine, selon Nicolas Nève de la Banque de Luxembourg.

Par Cédric Boitte, coordonné par Philippe Berkenbaum.

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