L'homme multifonction du MR liégeois doit réduire de 29 à 3 le nombre de ses mandats. © MICHEL TONNEAU

Georges Pire, le dinosaure du MR

Olivier Mouton Journaliste

Il démissionne de son mandat de conseiller provincial liégeois. Le libéral liégeois aux cumuls innombrables et aux rémunérations  » indécentes  » se retire sous sa tente et quitte la galaxie Nethys. Il démissionne aussi de son mandat de conseiller provincial liégeois. Il est l’illustration, embarrassante, que le MR participait au système.

A 66 ans, Georges Pire, le dinosaure du MR liégeois, passe enfin par la case éthique. Contraint et forcé.  » Nous savions qu’il était le roi du cumul et plusieurs d’entre nous lui avaient déjà demandé de les limiter, peste un député libéral liégeois. Lorsque vous êtes mandataire provincial, vous devenez automatiquement membre d’une série de structures. Mais quand j’ai appris, via la presse, la hauteur de ses rémunérations, j’ai été choqué ! Franchement, je ne savais pas…  »

La divulgation en Une du Soir, le 2 février, de l’ampleur des émoluments de Georges Pire a – enfin – forcé le président Olivier Chastel à sévir. Avec 309 000 euros brut par an, l’homme multifonction du MR liégeois n’est pas loin du record détenu par le socialiste André Gilles et ses 365 600 euros brut par an.  » Les rémunérations évoquées sont indécentes « , s’étrangle, le matin même, Olivier Chastel. Qui enjoint au cumulard de réduire son nombre de mandats – il en avait encore… 29 en 2015.

Contacté par Le Vif/ L’Express, Georges Pire répond par mail :  » Je m’en tiens aux déclarations de mon président.  » Autrement dit, il  » réduira donc le nombre de ses mandats à trois, en plus de ses fonctions provinciales et aucun de ceux-ci ne pourra être en lien avec Publifin et Nethys « , pour reprendre les propos d’Olivier Chastel ? Nouvelle réaction par courrier électronique :  » La réponse est oui.  » Exit, donc, Georges Pire de la galaxie Nethys. Y compris de ses asbl Apris ou Liexuti, artificiellement créées, notamment pour promouvoir les intercommunales. Selon un de nos interlocuteurs, l’homme ne serait nullement ébranlé par cette décision. La vie continue.

Tout le monde savait…

Le  » cas  » Pire embarrasse au plus haut point les ténors du MR. Ce n’est pas pour rien que son chef de groupe au parlement de Wallonie, Pierre-Yves Jeholet, l’a attaqué dans les médias : sa seule présence diminue la pertinence de la campagne libérale sur le mode du  » chevalier blanc « , entamée depuis la rentrée, et l’homme a su  » arroser  » tous azimuts.  » Georges Pire est l’illustration parfaite des pratiques de l’ancienne génération de mandataires provinciaux, tous partis confondus, souligne une étoile montante libérale. Ils ont profité de l’absence d’intérêts médiatique et politique pour installer leur système à la province, en profitant d’un vide juridique. C’était tranquille et bien rémunéré. Aujourd’hui encore, je crois qu’il ne se rend toujours pas compte que cela pose problème.  »

Pas d’hypocrisie : tout le monde, au parti, savait que Georges Pire siégeait à Nethys, confirme un libéral qui le connaît bien. Il le qualifie de  » pragmatique intelligent « . En clair ?  » Ce n’est pas le dernier venu, il est redoutable en négociation, il peut être très dur. La province doit être à ses yeux une forteresse imprenable.  » Il y a deux ans, le parti avait déjà dû faire des pieds et des mains pour que Georges Pire quitte la vice-présidence du collège provincial  » avec un pincement au coeur « . L’homme est connu pour être  » reyndersien  » dans l’ancien fief du vice-Premier ministre fédéral, proche de Daniel Bacquelaine, donc.  » Mais c’est un malin, témoigne un ténor du MR. Quand il y a eu la guerre des clans Michel/Reynders, il s’est bien gardé de prendre publiquement parti. « 

Le conseiller provincial Georges Pire (MR), a annoncé samedi sa démission de son poste de conseiller provincial à Liège. Il sera remplacé par le Tinlotois Pol Hartog au conseil provincial et par le Hannutois Jean-Claude Jadot à la vice-présidence de celui-ci, indiquent les instances liégeoises du MR. « Après 35 ans de vie d’élu, on doit pouvoir faire face à une exposition médiatique, quelle qu’elle soit, même si ce n’est pas toujours facile. Mais c’est difficile pour l’ensemble des mandataires de ma famille politique. Afin de leur permettre d’exercer leurs fonctions en toute sérénité, j’ai décidé de mettre fin à mon mandat électif de conseiller provincial de Liège », déclare Georges Pire par voie de communiqué. « Je salue la décision prise par Georges Pire de démissionner de l’ensemble de ses mandats publics, il quitte donc le conseil provincial et sa vice-présidence », a réagi Daniel Bacquelaine, le président provincial du MR de Liège. « C’est Pol Hartog, de Soheit-Tinlot, qui sera appelé à le remplacer au conseil provincial, Jean-Claude Jadot de Hannut devenant quant à lui vice-président du conseil provincial », conclut-il dans son communiqué.

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