Georges-Louis Bouchez et Paul Magnette, spécialistes des peaux de banane
Les présidents du MR et du PS n’ont pas leur pareil pour miner des initiatives prises en vue de former un gouvernement fédéral. Comme s’il s’agissait de faire échouer l’autre, avant tout.
C’est comme si cela était devenu un sport national en politique belge: faire échouer l’autre dans sa tentative de former un gouvernement fédéral. L’analyse n’est pas aussi caricaturale qu’il y paraît. Car si c’est évidemment la complexité du paysage politique découlant des élections qui rend la mayonnaise fédérale difficile à faire monter, ainsi que les écarts idéologiques et communautaires de plus en plus importants, les positionnements partisans et personnels jouent souvent un rôle décisif.
Les présidents du PS et du MR, Paul Magnette et Georges-Louis Bouchez, luttent pour la domination de leur formation politique sur le paysage politique francophone. Leur rivalité est idéologique, certainement, l’un et l’autre défendant une vision assez décomplexée du socialisme et du libéralisme. Elle est régionale, aussi: tous deux veulent occuper le devant de la scène dans des bastions différents du Hainaut. Elle est, enfin, ‘carriériste »: tous deux sont de relativement jeunes présidents qui doivent marquer une forme de rupture, l’un à l’égard d’Elio Di Rupo, l’autre de Charles Michel.
Paul Magnette a déjà prouvé à plusieurs reprises qu’il n’était pas prêt à tout pour monter au gouvernement fédéral, du moins à ce que les libéraux lui forcent la main à gouverner avec la N-VA. En pleine mission royale de Koen Geens (CD&V), mi-février, il avait coupé court à toute possibilité de gouverner avec les nationalistes, menant ladite mission dans l’impasse et renvoyant le favori du Roi à ses chères études. Un mois plus tard, après avoir ouvert la porte d’un gouvernement d’urgence, il la refermait aussitôt en dénonçant les surenchères communautaires de Bart De Wever. Même la crise du coronavirus n’a rien changé. Il avait déjà exprimé cette réticence lors de la mission royale préalable… de Georges-Louis Bouchez (MR) et Joachim Coens (CD&V), réduisant à néant les efforts des deux ‘faiseurs de roi’ (dont les deux formatiosn constituent une potentielle charnière belge).
Son homologue libéral n’est pas en reste. Ce mardi matin, il vient donc d’exploser l’initiative socialiste de mener des consultations préalables à une formation gouvernementale en estimant qu’il s’agissait « presque d’un coup d’Etat », car anticipant tout initiative royale, impossible en cette période de pouvoirs spéciaux. Il propose en outre un plan de relance aux antopides de celui voulu par le PS, forte diminution fiscale à la clé et range les écologistes au rôle de seconds couteaux: auran rappeler directement à Paul Magnette que ses rêve progressistes sont loin de la réalité. Lors de la… mission royale de Paul Magnette, fin de l’année dernière, les libéraux ne s’étaient pas privés de dire que sa note finale était bien trop à gauche… avant de reprendre la main.
D’une peau de banane à l’autre, c’est à se demander quand l’un des deux finira pas franchir le pas d’un véritable processus de négociation, du moins pour un gouvernement fédéral majoritaire de plein exercice. On peut en réalité se demander… s’ils sont personnellement ou stratégiquement en mesure de dépasser cette rivalité.
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