Gare de Mons, gare maudite ?
Critiques, recours, difficultés dans les travaux, charge offensive de Jacqueline Galant… Depuis le début, le projet de la gare de Mons se voit sans cesse remis en cause. A tort ? A raison ? Victime de son gigantisme ? Enquête sur un chantier qui se forge dans la douleur.
« Pour moi, ce n’est pas le rôle de la SNCB de financer de tels projets urbanistiques. On sort du ferroviaire. » Paroles de Jacqueline Galant, la ministre MR de la SNCB et de la Mobilité. Depuis quelques semaines, une vision hérétique émerge au sommet du rail. La politique des grandes gares, dont les principales villes du pays ont profité depuis vingt ans, semble révolue. Le plan stratégique que Galant doit bientôt présenter au Parlement confirmera ce tournant.
La libérale a déjà donné le ton en répondant récemment à une question parlementaire : « Si certaines villes veulent, dans le futur, faire de leur gare des cathédrales du XXIe siècle ou des mega shopping centers, elles devront compter sur leurs capacités à les cofinancer plutôt que sur leur relais politique au sein des entreprises publiques. » Et vlan ! La ministre enfonce le clou en demandant que les marchés publics qui restent à passer pour la gare de Mons soient revus à la baisse. Il s’agit des ascenseurs, de l’électricité, du chauffage et surtout du parachèvement, soit près de 30 % du budget total prévu par la SNCB. « Les montants sont énormes, nous déclare la ministre. Quand on construit une maison, on peut avoir des goûts de luxe, mais, si on a des problèmes financiers, on choisit autre chose que du marbre pour les sols ! »
Par ailleurs, contrairement à ce qui a été dit, l’exécution des budgets pour les marchés déjà attribués, dont celui de la charpente métallique en forme de libellule géante, ne sera pas retardée. Voilà ce qu’assurent à la fois le ministère et Eurogare, le bureau d’études de la SNCB qui gère les projets de grandes gares. La charge de Galant n’en est pas moins offensive.
Pour la fin des travaux, on parle désormais de 2018, voire 2019. La Ville et la SNCB ont longtemps tablé sur 2015, l’année culturelle européenne à Mons. Logique. Mais, depuis le début, rien n’a vraiment tourné rond dans ce projet. A Eurogare, on pointe surtout les recours introduits contre la future gare. « Il y en a eu huit en tout. Je crois que, sur les 37 grandes gares en rénovation du pays, celle de Mons a battu tous les records. On a perdu au moins dix-huit mois », affirme Vincent Bourlard, le patron de la filiale SNCB.
Le budget a, lui aussi, évolué avec la révision des plans : de 37 millions d’euros, en 2006, il est passé à 253 millions aujourd’hui, soit le budget le plus élevé dans le sud du pays après la gare de Liège, alors qu’en nombre de voyageurs par semaine, la gare de Mons arrive loin derrière la plupart des villes wallonnes. La plus grosse partie provient de la SNCB (144 millions) et d’Infrabel (70 millions), la SRWT finançant 30 millions pour les quais des bus TEC et la Ville de Mons 10 millions d’euros (via des fonds européens Feder) pour l’aménagement des places de chaque côté de la passerelle. Un tel montant – qui a déjà fait couler beaucoup d’encre – ne pouvait qu’offusquer une bonne partie de l’opinion.
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