Gare de Mons : chantier arrêté, contrat rompu et retard garanti
C’est de nouveau la paralysie totale sur le chantier de la gare Calatrava de Mons. Les travaux sont suspendus. En cause : un sérieux litige entre Eurogare et la société Cordioli, en charge de la construction de la passerelle. Litige qui a mené à la renonciation du contrat.
Mercredi matin, Eurogare a fait savoir à l’entreprise italienne Cordioli sa décision de renoncer au contrat qui les liait pour la construction de la nouvelle gare de Mons. Cordioli assumait jusqu’ici la fabrication et le montage de la fameuse passerelle Calatrava (4 000 tonnes) devant relier les Grands Prés à la place Léopold, soit le vieux et le nouveau Mons. La renonciation intervient alors que le chantier est à l’arrêt depuis début octobre. Eurogare nous a confirmé qu’elle « travaille à une reprise du chantier »charpente métallique » dans le strict respect de la loi sur les marchés publics ». Ce qui signifie que la gare de Mons ne sera jamais terminée pour 2018, la dernière date avancée par la SNCB.
Pourquoi ? Parce que la guerre couvait entre le maître d’ouvrage, Eurogare, et le maître d’oeuvre, Cordioli, confronté à des problèmes de liquidités qui l’avaient empêché de payer ses sous-traitants travaillant sur le chantier de la gare, lesquels s’étaient croisés les bras pendant plusieurs semaines. En mai dernier, l’entreprise italienne avait, par ailleurs, résilié le contrat qui la liait à la société de montage Cos.me de même nationalité, car celle-ci était jugée « défaillante » par Cordioli. Cet été, Cos.me a donc été remplacée par Pirson Montage qui a installé ses grues sur le chantier et dressé l’inventaire des travaux entamés par son prédécesseur, avant de devoir s’interrompre début octobre.
Les soucis de trésorerie de l’entreprise italienne expliquent sans doute que, depuis quasiment le début du chantier, les deux partenaires aient des positions différentes sur l’avancement des travaux et sur leur financement. Le marché public confié à Cordioli – la structure métallique transversale (passerelle) et la couverture longitudinale des quais – porte sur un budget de 35 millions d’euros. Selon le cahier des charges, Eurogare paie l’entreprise par tranche, en fonction de l’avancement des travaux réalisés. Il y a trois tranches : d’abord l’approvisionnement en tôles d’acier, puis la fabrication sur mesure, la peinture et le transport du matériel sur le chantier, enfin le montage (découpage, sablage, soudure, boulonnage…)
Pour Eurogare, ces phases sont indivisibles. Pour Cordioli, il fallait les fractionner. Ou que la SNCB paie directement les sous-traitants principaux et stratégiques du maître d’oeuvre. Toutes ces questions empoisonnaient les relations entre les deux partenaires depuis l’automne 2014. Fin décembre, une réunion a permis de résoudre très temporairement les problèmes. Eurogare a consenti de payer des pièces non encore livrées et avancé 3,4 millions d’euros, ce qui a donné un peu d’oxygène aux Italiens. Pour éviter de devoir reprendre les mêmes discussions à chaque phase d’exécution des travaux, les parties ont convenu de se revoir pour négocier un modus operandi définitif.
Cette négociation n’a jamais abouti, voire même commencé, car, pour Eurogare, la reprise des discussions était conditionnée à une reprise immédiate et soutenue du chantier. Ce qui, pour Cordioli, était impossible tant que le projet n’était pas finançable de manière plus fractionnée.
Le dossier dans Le Vif/L’Express en vente dès ce jeudi.
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