Frédéric Daerden : « Ce n’est pas le moment de se disputer »
Député-bourgmestre de Herstal, soutien d’Elio Di Rupo, Frédéric Daerden comprend » le sentiment d’injustice » de ses collègues. Mais…
Ce qui s’est passé, en bureau du PS le lundi 23, et le jeudi 26 janvier à la Chambre, c’est une révolte, une fronde, une révolution ?
Rien de tout ça. C’est une expression de mal-être, un sentiment d’injustice qui s’exprime.
Où l’on reproche au parti et à son président de se tromper de cible, de ne pas être assez ferme avec les Liégeois qui se sont méconduits, mais trop avec des députés-bourgmestres qui n’ont rien fait…
C’est toujours le problème quand des mesures sont prises dans un contexte marqué par des abus ou des excès : le balancier, parfois, va un peu loin. Il faut voir comment on atterrit, comment ces mesures se traduisent pratiquement. Celle qui perturbe le plus, c’est celle des 100 %. Si on en était resté à celle des 150 %, mais appliquée de manière radicale, cette réaction n’aurait pas eu lieu. Ici, mes collègues considèrent que c’est un mauvais signal pour les députés-bourgmestres, mais aussi pour leur population.
Mais vous êtes député-bourgmestre également. Vous ne partagez pas leur mal-être ?
La décision a été prise en bureau, on doit être derrière. Il faut que ces décisions agissent comme un signal pour faire évoluer les règles légales, avec une large réflexion sur le statut du mandataire qui doit aboutir à moyen terme. On est dans un processus général de dévalorisation de la fonction publique, très dangereuse pour la démocratie. Ces nouvelles règles ne doivent pas mener à une désaffection, or c’est le risque de toutes ces dispositions qui s’additionnent. Alors, je comprends ce sentiment d’injustice : on essaie tous de bien faire notre travail, et je pense que ce cumul des fonctions, député et bourgmestre, dans un même métier, est utile à nos concitoyens.
Comment expliquer alors qu’il y ait eu une forme de revirement, avec des dispositions prises qui n’avaient pas encore été annoncées ? Paul Magnette qui dit qu’il va réduire son salaire, Laurette Onkelinx renoncer à son indemnité… Le PS a cafouillé, non ?
La réaction du parti a été aussi forte que nécessaire, avec un panel de mesures conditionné par l’urgence. Il faut à tout prix rendre confiance au citoyen, et ce travail-là ne peut se faire que collectivement. Nous, le lundi 30 janvier, au conseil communal de Herstal, avons adopté à l’unanimité une motion qui réclame plus de transparence et de contrôle démocratique dans les outils publics de gestion. Ça peut y contribuer ! Aujourd’hui, il ne faut plus se contenter de se positionner. Il faut poser des actes. Et vu le contexte, ce n’est pas vraiment le moment de se disputer…
Votre motion ne va pas plaire à tout le monde, à Liège… Le club des cinq, dont vous ne faites pas partie, est vachement secoué, là.
Disons que nous essayons, à l’exécutif de la fédération, de concrétiser des prises de position qui seraient les plus unanimes possibles. Nous avons eu un exécutif il y a deux semaines, et avant même que le parti ne le fasse au niveau national, nous avons lancé des messages forts. Espérons que nous avancerons bientôt sur le renouvellement des instances de Publifin…
Vous aviez déjà vécu ça ? Elio Di Rupo contesté aussi directement, par autant de parlementaires ?
J’ai vu et entendu des expressions qui me paraissent inadaptées. La situation est difficile pour tous les partis, et donc aussi pour le PS. Et je n’ai pas l’impression que ces réactions, ces expressions, soient les meilleures choses à faire.
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