François Fornieri suspecté de délit d’initié
Le CEO et cofondateur de l’entreprise pharmaceutique liégeoise Mithra a-t-il fait acheter par un proche des actions de son entreprise pour tromper la vigilance du gendarme de la Bourse? Deux banques et la CTIF ont tiré la sonnette d’alarme. Une instruction judiciaire est ouverte.
Le parquet de Liège a ouvert une instruction judiciaire à l’automne 2019 pour « délit d’initié » concernant un achat suspect d’actions de la société Mithra. C’est le juge d’instruction financier Frédéric Frenay qui a hérité du dossier. Et c’est l’Office central de la lutte contre la délinquance économique et financière organisée (OCDEFO) qui mène l’enquête.
L’affaire démarre avec les dénonciations, par les banques Belfius et BNP Paribas Fortis, de transactions suspectes auprès de la Cellule de traitement des informations financières (CTIF), autorité administrative indépendante qui a pour mission de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Les transactions jugées suspectes par les deux banques concernent le transfert d’une somme d’environ 800.000 euros du compte privé de François Fornieri vers le compte privé d’un de ses amis et partenaires en affaires. Ce dernier a ensuite investi cet argent dans des actions Mithra peu avant une annonce officielle qui aurait fait bondir le cours de bourse de la société pharmaceutique liégeoise. François Fornieri n’a pas réagi aux sollicitations du Vif mardi soir.
Si le CEO de Mithra avait lui-même acheté les actions « en direct », il aurait légalement dû en informer l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA). Du coup, le gendarme boursier aurait pu lui-même ouvrir une enquête pour suspicion de délit d’initié. Ce serait le mobile qui aurait poussé François Fornieri à recourir à un homme de paille, suspecte la justice.
Pour l’heure, les suspicions judiciaires reposent uniquement sur le dossier remis par la CTIF au parquet financier de Liège. Depuis l’automne 2019, les comptes bancaires de François Fornieri ont été placés sous surveillance par le juge d’instruction mais sans qu’aucune nouvelle transaction suspecte ne soit détectée. Au même moment éclatait l’affaire Nethys, relative à la vente suspecte de certains actifs du groupe et aux indemnités « de rétention » faramineuses touchées par une poignée de managers, dans laquelle François Fornieri est aux premières loges.
D.Lp
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