Franco Dragone est décédé d’une crise cardiaque au Caire
Le célèbre metteur en scène belge Franco Dragone est décédé ce vendredi d’une crise cardiaque au Caire, où il se trouvait avec des équipes de travail. L’information nous a été confirmée par Claudine Cornet, porte-parole du groupe Dragone. Franco Dragone avait 69 ans.
Franco Dragone est né en 1952 à Cairano, en Italie. Il arrive en Belgique à l’âge de sept ans, lorsque ses parents émigrent pour travailler dans les charbonnages de La Louvière. Après des études au Conservatoire de Mons et en politique économique et sociale, il s’implique dans la vie sociale et culturelle de sa région et participe à des projets de théâtre-action.
C’est en 1982 qu’il fait le grand saut en partant pour le Québec, où il se fait rapidement remarquer par le Cirque du Soleil fraichement fondé. Il signera ensuite dix spectacles pour la compagnie de cirque. Le Cirque réinventé (1987), La magie continue (1989), Saltimbanco (1992), La Nouba (1999)… Ses spectacles font le tour du monde.
Franco Dragone, l, a collaboré durant une quinzaine d’années au Cirque du Soleil. Des années intenses et prolifiques, à Montréal, où son talent de metteur en scène a explosé. Plus tard, il est revenu s’installer à La Louvière pour décrocher la lune.
En 2000, l’enfant prodigue de La Louvière fonde le « Franco Dragone Entertainment Group », avec lequel il présente le tout premier « Décrocher la lune », un « opéra-urbain » fondé sur l’idée de permettre aux Louviérois de montrer le savoir-faire d’une ville souvent victime de préjugés négatifs, de délivrer un message de résistance et d’espoir.
« C’est une véritable catastrophe pour notre ville », a déclaré le bourgmestre de La Louvière, Jacques Gobert, à l’annonce du décès. « Il nous avait fait ce beau cadeau de monter ‘Décrocher la lune‘ il y a une semaine ». En effet, tout récemment, il avait collaboré, en tant que directeur artistique historique, au projet titanesque de cet opéra moderne à taille urbaine, orchestré à La Louvière, par Fabrice Murgia, ancien directeur du Théâtre national.
A l’occasion de la 8e édition de cet opéra urbain rassemblant quelque 850 comédiens et figurants, Franco Dragone avait émis l’idée de créer un musée « Décrocher la lune ».
La compagnie a également organisé la cérémonie d’ouverture de l’Euro 2000 au Heysel. Suivront alors dans les années 2000, une série de grandes productions, du Hainaut à Las Vegas. Sur son carnet de commandes figure notamment Céline Dion.
Dès 2010, Franco Dragone se voit ouvrir les portes de la Chine: il conçoit le spectacle « The House of Dancing Waters » pour un énorme complexe hôtelier à Macao. Les années 2010 sont aussi dédiées à professionnaliser le groupe, avec la création d’un comité stratégique composé de personnalités du monde bancaire et financier comme l’ex-ministre des Finances Philippe Maystadt, et l’ancien patron de la Deutsche Bank Belgium, Yves Delacollette.
Mais il est arrivé à Franco Dragone de passer de l’autre côté du rideau et d’être l’acteur en quelque sorte et pas le metteur en scène ou le producteur que l’on connaît. Ainsi, en 2009, il s’est exposé, dévoilé, à la caméra « qui ne ment jamais », celle de Manu Bonmariage. Ce dernier l’a filmé, durant plus d’une année. Un reportage tendu, sur un despote cosmopolite et touchant, de Las Vegas à La Louvière…
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Dragone, côté sombre
Le metteur en scène était au centre d’une instruction judiciaire ouverte à Mons en 2012 pour fraude fiscale, blanchiment et corruption. Il avait été inculpé par le juge Blondiaux en décembre 2015. Dans son réquisitoire, le parquet avait demandé son renvoi en correctionnelle en avril 2020. L’action publique concernant Franco Dragone dans ce dossier est donc éteinte à la suite de son décès.
Cette extinction ne clôt pas pour autant la procédure judiciaire qui dépasse le rôle joué dans cette affaire par M. Dragone.
Hommages du monde politique
Plusieurs personnalités politiques ont réagi vendredi à l’annonce du décès de Franco Dragone, soulignant notamment son attachement à sa ville de La Louvière.
« Franco Dragone était un très grand réalisateur et metteur en scène de spectacles époustouflants. Enfant de Wallonie, il revint à La Louvière pour que la population puisse ‘ décrocher la lune », a souligné sur Twitter le ministre-président wallon Elio Di Rupo, né dans la région du Centre.
Pour la ministre de la Culture en Fédération Wallonie-Bruxelles Bénédicte Linard, « c’est une personnalité forte, un homme de spectacle, un metteur en scène au talent reconnu dans le monde entier et toujours resté proche de sa ville de La Louvière qui nous a quittés brutalement aujourd’hui ».
Le bourgmestre de Charleroi Paul Magnette a salué « un homme attachant et de grand talent qui faisait rayonner la Wallonie dans le monde tout en restant profondément fidèle à ses racines italiennes et louviéroises ».