Fondation Mimi : quand oublier le cancer devient une nécessité (PHOTOS)
La Fondation Mimi Ullens s’évertue depuis plusieurs années à accompagner les patients atteints d’un cancer en leur proposant gratuitement une écoute, mais aussi des soins de beauté pour faire oublier la maladie le temps d’un instant pour mieux la combattre. 15.000 malades sont pris en charge par l’association dans sept centres de bien-être, dont cinq sont situés en Belgique. Le plus ancien d’entre eux nous a ouvert ses portes.
Cliniques de l’Europe, site Sainte-Elisabeth à Bruxelles, à l’étage du service oncologie. À l’entrée d’un long couloir éclairé aux néons blancs, un panneau de la Fondation Mimi Ullens met un peu de couleurs sur les murs du service. Juste un petit cerf-volant arc-en-ciel placardé comme une invitation à l’évasion.
Caroline Delvaux est esthéticienne et travaille en partenariat avec l’hôpital pour la Fondation Mimi Ullens depuis trois ans. Dans son « cabinet » -une chambre prêtée par la clinique- les produits de beauté et les foulards sont rangés sur des meubles en bois autour d’une table de massage. Dans un coin, une lampe de salon éclaire en partie la pièce entièrement redécorée : la fondation sait mettre les moyens pour recréer une atmosphère zen, comme à la maison. « Un vrai luxe pour les patients », souligne Caroline Delvaux. « Souvent, en venant ici, beaucoup disent se sentir ailleurs. Parfois certains s’endorment même. » La mission est alors accomplie (voir reportages photo : ici).
Des soins de confort parallèles
Caroline Delvaux accueille sept patients par jour en moyenne ; « aussi bien des hommes que des femmes » pour des séances comprises entre 30 et 45 minutes, suivant les soins (coiffure, maquillage, soins spécifiques). Lors de la première chimio, Françoise Deligne, secrétaire médical du service dont le tablier déborde de pin’s de la fondation, propose toujours aux patients de se rapprocher des services de l’association. « Bien souvent, ils refusent la première fois », témoigne l’esthéticienne, mais après, « certains viennent toutes les semaines, d’autres tous les mois ». Généralement, « les retours sont bons », appuie la secrétaire.
Chaque patient le souhaitant peut ainsi prendre rendez-vous et lors de sa prise en charge, « son nom est noté sur le tableau du service. Comme ça, les infirmières peuvent venir changer les poches de perfusion pendant mes soins si besoin », résume Caroline Delvaux. Mais cette dernière peut aussi venir directement à eux, en faisant des soins en chambre, bien aidée par l’équipement récent de la clinique et ses lits démontables.
Une autre forme de médecine douce
Fabienne Colinet est bénévole pour la fondation Mimi Ullens aux Cliniques universitaire de Saint-Luc depuis quelques mois. Cette rousse de 58 ans connait pourtant parfaitement le travail de la fondation puisqu’elle en a elle-même bénéficié. « J’ai eu un cancer du sein avec ablation, témoigne-t-elle. Après l’opération, c’était toute ma féminité qui était démolie. » Un double drame pour cette dernière, coquette de nature. Elle se souvient encore pleurer sur l’épaule de l’infirmière après avoir vu sa cicatrice, et le réconfort que lui a procuré l’arrivée de l’esthéticienne, peu de temps après, pour un « soin de réconfort ». Fabienne Colinet avoue que les séances de « bien-être » lui permettaient de « penser moins à la maladie, qu’on a tout le temps en tête » ; que ces dernières lui ont même permis d’être « de nouveau féminine » ; de reprendre confiance en elle au point de poser grimée devant l’objectif du photographe Vincent Dixon, pour le spot « Ne serait-ce qu’une seconde », diffusé par la Fondation Mimi Ullens, à l’automne 2013.
Si à l’époque le fard et les crayons des esthéticiennes ont redessiné un peu d’optimisme sur son visage, Fabienne Colinet vante également le travail des psychologues de la Fondation, qui proposent un soutien ponctuel ou au long cours. « C’est selon la demande du patient », explique Adriana Rios, arrivée en juillet dernier à Sainte-Elisabeth. C’est elle et sa collègue Heidi Sebrechts qui sont chargées de « mettre des mots (…) au cas par cas ». Elles qui écoutent et tentent de rassurer face aux sentiments d’impuissance et à la prise de conscience accrue de sa propre mortalité. « Certains au début disent ne pas avoir besoin de psy. Pour d’autres c’est l’inverse. Chaque patient c’est une manière de voir la maladie, c’est un accompagnement différent », résument-elles de concert.
Fabienne Colinet se souvient de ses « angoisses », des « on-dit » décourageants. Aujourd’hui, cette bénévole en rémission se veut la « preuve vivante » des bienfaits de la fondation, sinon une de ses meilleures défenseurs. « La Fondation Mimi Ullens m’a permis de traverser cette épreuve de la meilleure manière possible », concède-t-elle. Alors à présent, c’est elle qui souhaite partager, convaincue plus que de tout de la « nécessité d’aider ».
Notre reportage photo : ici.
Par Simon Lancelevé
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