Fonction publique: la « revaloriser au lieu de la presser comme un citron », Petra De Sutter
« Il faut revaloriser la fonction publique au lieu de la presser comme un citron », a plaidé mardi la ministre fédérale de la Fonction publique Petra De Sutter (Groen), en réaction à la grève menée dans les secteurs publics.
Dans l’équilibre actuel difficile à trouver avec la crise en Ukraine et ses répercussions sur les prix de l’énergie et le pouvoir d’achat, la vice-Première ministre entend mettre prochainement sur la table du gouvernement l’accord sectoriel qu’elle est en train de négocier avec la fonction publique, a-t-elle assuré.
Les syndicats de la fonction publique sont descendus dans la rue mardi afin de dénoncer un malaise général dans le secteur public mais aussi réclamer plus de pouvoir d’achat, davantage d’investissements et le renforcement des pensions. Ils demandent notamment une revalorisation salariale. Celle-ci passerait entre autres par des avantages extra-légaux comme dans le secteur privé, tels un 13e mois complet, l’octroi de chèques-repas/écochèques et une révision des barèmes, qui n’ont plus été revus depuis 20 ans.
La ministre se dit compréhensive face à cette frustration et cette volonté de revalorisation de la fonction publique, qu’elle soit qualitative ou financière. « Je trouve que ce que ces gens-là demandent est équitable et ce n’est pas disproportionné », a-t-elle confié à Belga en marge d’un événement à Tubize lié à la réduction de la fracture numérique.
Les dossiers à gérer au sein du gouvernement fédéral sont nombreux avec la crise due à la guerre en Ukraine. ‘Une crise qui touche tout le monde », a souligné Petra De Sutter, et qui provoque un environnement social agité aoinsi qu’un sentiment de malaise social, reconnait-elle. « On doit faire des choix, avec des défis à long terme comme ceux du climat et de l’énergie. Il faut trouver un équilibre quelque part dans tout ça. »
Lors des prochaines négociations budgétaires, toutes les demandes seront examinées, dit-elle. « Et on devra prendre des décisions. Mais dans cet équilibre-là, je mettrai sur la table l’accord sectoriel que je suis en train de négocier avec la fonction publique », prévient la ministre. « Il faudra faire des efforts. »
« Continuer à dire que les pouvoirs publics sont surpayés et ne fonctionnent pas bien, ce n’est pas correct », insiste-t-elle. Elle déplore l’image souvent écornée de la fonction publique sur les réseaux sociaux et concède que les fonctionnaires font de plus en plus avec de moins en moins de collègues.
Face aux inégalités croissantes dans la société, qui ne concernent d’ailleurs pas que la fonction publique, Petra De Sutter et son collègue vice-Premier ministre Georges Gilkinet (Ecolo) veulent accorder davantage d’aides à un large groupe de travailleurs aux salaires plus modestes. La plus grande perte de pouvoir d’achat actuelle réside en effet principalement dans la classe moyenne dont les revenus sont trop élevés pour un tarif social et qui s’appauvrissent de plus en plus.
« Pour ces gens confrontés à d’importantes factures et qui ne partiront peut-être pas en vacances cet été, la prochaine étape, c’est la pauvreté », s’inquiète Petra De Sutter. « Il n’y a pas que les prix qui augmentent, mais aussi l’inégalité. Certains sortent plus riches de cette crise. Certains font des surgains », constate-t-elle, pointant aussi du doigt les grosses fortunes qui ne sont pas traitées fiscalement comme le travail. La vice-Première ministre aimerait pouvoir « redresser » cette inégalité dans le cadre de la grande réforme fiscale sur laquelle planche le ministre des Finances Vincent Van Peteghem.
« Les inégalités qui progressent, c’est aussi le malaise social qui augmente, ce dont profitent les extrêmes », conclut Petra De Sutter, insistant sur la grande responsabilité des autorités à prendre au sérieux le cri d’alarme que lancent les syndicats
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