Faut-il interdire les voyages pendant les vacances de carnaval ?
Les vacances de carnaval, prévues dans un bon mois, remettent la question des voyages sur la table : faut-il interdire les déplacements à l’étranger, au soleil ou à la neige, de peur que les vacanciers ne fassent flamber à nouveau l’épidémie dans notre pays à leur retour ?
Le risque est grand actuellement que le nouveau variant anglais, beaucoup plus contagieux, ne se répande comme une traînée de poudre avec des déplacements de personnes à travers l’Europe. Certains experts alertent sur un second scénario catastrophe comme il y a un an, lorsque l’épidémie a débarqué sur le territoire belge au retour des voyageurs partis skier en Italie.
Emmanuel André a mis en garde ce matin sur Twitter. Le microbiologiste craint que ces déplacements de personnes ne soient le départ d’une redoutée troisième vague.
https://twitter.com/Emmanuel_microb/status/1349271797942935552Emmanuel Andréhttps://twitter.com/Emmanuel_microb
Les voyages internationaux et les différences profondes entre les pays européens en ce qui concerne la prévention, la surveillance et le contrôle des nouveaux variants met l’ensemble des pays européens dans les starting blocks d’une troisième vague épidémique.
— Emmanuel André (@Emmanuel_microb) January 13, 2021
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Sciensano a tenu à préciser la raison pour laquelle l’encadrement du retour des voyageurs est si important. Au-delà de leur taux de positivité, c’est notamment la crainte de voir apparaître des nouveaux variants du coronavirus qui pousse les autorités à durcir le ton sur les voyages. En effet, si la Belgique ne compte à ce stade que 6 contaminations du variant britannique, un cas du variant sud-africain du coronavirus, beaucoup plus contagieux lui aussi, a été détecté pour la première fois en Belgique, a annoncé mercredi soir le virologue Marc Van Ranst sur son compte Twitter. Ce chiffre semble sous-estimé.
Faut-il dès lors interdire les voyages hors de nos frontières ? Pour la ministre de la Santé Christie Morreale (PS), la réponse à cette question est claire. Interrogée par l’opposition cdH au Parlement wallon, elle s’est déclarée « à titre personnel » en faveur d’une interdiction de voyages à l’étranger pendant le congé de carnaval, rapporte le quotidien l’Avenir. « Mon avis personnel, c’est qu’il ne doit pas y avoir de vacances à l’étranger au Carnaval, s’il y a un risque d’aggravation. La situation est très instable sur le plan international. Mais ça ne relève pas de mes compétences« , a-t-elle expliqué au député cdH François Desquennes.
L’expérience récente des vacances de Noël pourraient bien faire pencher la balance vers une interdiction de voyage, voire même une fermeture des frontières. « Ce n’est pas le moment de voyager« , avait déclaré en substance le Premier ministre Alexander De Croo, à l’issue du dernier comité de concertation, à la veille des vacances de fin d’année. Quasi toute la planisfère était alors classée en zone rouge dans les avis de voyage du SPF Affaires étrangères. Cette recommandation n’a cependant pas suffi à décourager de nombreux résidents belges qui ont choisi de séjourner hors des frontières pendant les fêtes de fin d’année, quitte à devoir se faire tester et se mettre en quarantaine (ou pas) à leur retour. Des images des aéroports bondés de Bruxelles et de Charleroi ont aussi fait grincer des dents.
Un protocole de retour peu respecté
Fin décembre, le protocole de contrôles des retours de l’étranger a été renforcé par le Comité de concertation. En principe, toute personne domiciliée en Belgique et revenant d’un séjour de plus de 48 heures à l’étranger doit remplir le formulaire PLF (en anglais « Passenger Locator Form »). Celles qui rentrent en Belgique d’une zone colorée en rouge après un séjour de plus de 48 heures doivent se placer en quarantaine et passer un test de dépistage PCR le premier jour et le septième de jour de cette quarantaine (lire aussi l’encadré ci-dessous).
Des chiffres fournis la semaine dernière par le ministre flamand du bien-être Wouter Beke (CD&V) montrent cependant que cette règle n’est pas intégralement appliquée et qu’il est difficile de faire respecter les mesures édictées. Selon les dernières statistiques, quelque 160.000 formulaires de localisation des passagers (PLF) ont été remplis durant les vacances de fin d’année par des voyageurs belges revenant d’une zone à risque à l’étranger et 37% de ces personnes ont subi un test PCR, a indiqué Wouter Beke. Le pourcentage de personnes testées en Flandre était, avec 44%, supérieure à la moyenne nationale, a-t-il précisé devant le parlement flamand. Selon le ministre, parmi les personnes qui ont subi un test après un séjour à l’étranger, 3,1 pour cent ont reçu un résultat positif au niveau belge. Pour la Flandre, c’est 2,5%.
Des milliers de Belges sont ainsi revenus de zone rouge en ayant contracté le coronavirus sur leur lieu de vacances. Dans les colonnes du Nieuwsblad, le biostatisticien Geert Molenberghs estime que le nombre de personnes contaminées à l’étranger et revenus en Belgique oscille entre 2 500 et 5 000.
Wouter Beke a déclaré ce mercredi vouloir soumettre à des tests et à une quarantaine obligatoire à leur retour d’un voyage de moins de 48h les personnes en provenance d’Irlande et de Grande-Bretagne où la nouvelle souche fait des ravages.
https://twitter.com/wbeke/status/1349359228214005762Wouter Bekehttps://twitter.com/wbeke
Als extra voorzorgsmaatregel zullen ook reizigers uit Ierland en Groot-Brittannië die mínder dan 48 uur in één van beide landen verbleven, bij terugkeer onderworpen worden aan een test en verplichte quarantaine. Dit staat op de agenda van het volgende overlegcomité.
— Wouter Beke (@wbeke) January 13, 2021
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La ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), a assuré fin décembre qu’il y aurait un renforcement des contrôles des retours. « Des équipes importantes sont mobilisées dans les gares et les aéroports mais aussi sur les routes pour contrôler les personnes qui reviennent de l’étranger », a-t-elle précisé. « On ne peut pas contrôler tout le monde mais c’est malgré tout important, dans l’intérêt de tout le monde« , ajoute-t-elle.
Car, il reste toujours la possibilité aux voyageurs de décider volontairement de ne pas remplir le formulaire PLF et d’espérer échapper aux contrôles aléatoires, surtout lors d’un trajet en voiture. Le voyageur qui ne remplit pas son Passenger Locator Form (PLF) risque une amende de 250 euros.
Partir, mais où?
Vouloir à tout prix partir, oui mais où ? La grande interrogation concerne les destinations de sports d’hiver (France, Suisse, Autriche, Italie,..) , très prisées lors des vacances de carnaval. Elles sont, à ce jour, toujours en rouge sur la carte européenne de l’épidémie. Leur code ne devrait pas changer d’ici un mois, vu la situation préoccupante dans laquelle se trouve la France et les autres pays concernés.
La plupart des infrastructures des stations de ski en Europe sont à ce jour fermées, rendant impossible la principale activité: le ski alpin. Pour l’instant, les Belges peuvent aller skier en Suisse. En Italie, les stations de ski resteront fermées au moins jusqu’au 18 janvier. En Autriche, les téléphériques de plus de 400 stations sont ouverts depuis le 24 décembre mais les hôtels et restaurants ne rouvriront pas avant le 25 janvier, au plus tôt. En France, les stations sont ouvertes, mais les restaurants fermés. Les remontées mécaniques resteront fermées ce mois-ci.
Dans ce contexte incertain, seize organisations flamandes de ski ont déjà pris les devants, elles ont décidé d’annuler tous leurs voyages de ski à forfait et cela jusqu’aux vacances de Pâques incluses. Elles trouvent qu’il n’est « pas opportun » d’organiser des voyages de ski dans le climat sanitaire actuel. « On ne peut pas justifier que dans notre pays, on n’est autorisé à se réunir qu’avec quatre personnes mais qu’on mettrait cent personnes ensemble dans un hôtel« , déclare au Nieuwsblad Stijn Goyens de l’agencé Axion Ski. Pour les cinq autres organisations flamandes de ski qui ne soutiennent pas cette décision, c’est au gouvernement de prendre cette décision.
Vers une fermeture des frontières?
Des vacances au soleil sont aussi envisageables en cette période. Le site du SPF Affaires étrangères met à jour chaque mercredi les avis de voyage (codes couleurs), consultables via un tableau ou une carte. Ainsi pour les voyages en Thailande, en code orange clair, un test Covid-19 négatif est imposé à l’arrivée mais aucun test ni quarantaine au retour en Belgique n’est demandé. Un voyage en Grèce (Péloponnèse), en code orange, demande une vigilance accrue mais ne nécessite pas de quarataine au retour sur le territoire belge. Idem pour l’île de la Réunion, aussi en code orange.
Si la nouvelle souche plus virulente du Covid-19 venait à se propager rapidement, les frontières avec la Grande-Bretagne pourraient être fermées, comme cela a déjà été le cas en décembre dernier. La fermeture des frontières avec les pays voisins est aussi une solution à court terme. Cette réflexion n’est pas inscrite à l’agenda du gouvernement fédéral, selon L’Echo qui a interrogé le porte-parole du Premier ministre. Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (sp.a), avait reconnu mardi que la fermeture des frontières « pour un petit pays comme le nôtre était très compliquée ».
La décision d’interdire, au lieu de « fortement déconseiller » tout voyage à l’étranger, et de fermer les frontières comme ce fut le cas lors du premier confinement de mars dernier, revient in fine au Comité de concertation. Il doit se réunir vendredi prochain, le 22 janvier.
Les règles de retour de voyage
Toute personne qui revient d’un séjour de plus de 48 heures hors frontières est considérée comme « contact à haut risque ». Les voyageurs qui rentrent de zone rouge doivent entrer obligatoirement en quarantaine, ils sont obligés de se soumettre à un test au jour 1 et 7 de leur retour. La quarantaine prendra fin uniquement moyennant un test PCR négatif effectué le 7e jour de quarantaine.Il existe toutefois quelques exceptions à la quarantaine : les personnes qui peuvent prouver que leur voyage était professionnel, que leur emploi est « essentiel » et les étudiants qui doivent passer un examen. Ce protocole renforcé de contrôle des retours de voyageurs restera en vigueur jusqu’après les vacances de carnaval.
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