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Facture d’énergie : que faire si votre acompte explose ?

Muriel Lefevre

Le montant de votre acompte pour vos factures d’énergies est monté en flèche. Il a même parfois même triplé. Peut-on refuser ? Est-ce judicieux ? Le point.

Pour beaucoup de Belges, lorsqu’il s’agit de régler sa facture d’énergie, c’est un peu choisir entre la peste et le choléra. Soit ils payent un acompte qui semble en ce moment astronomique, soit ils courent le risque de se retrouver avec des montants exorbitants lors du prochain relevé annuel.

Comment adapter au mieux votre acompte ?

Si la périodicité du relevé annuel varie en fonction de la zone géographique, certains ménages ont déjà reçu la facture de leur relevé annuel par courrier et ont pu constater très concrètement la hausse du prix l’énergie de ces derniers mois. Pour nombre d’entre eux, cela a été une très mauvaise surprise. Des sommes parfois importantes et que beaucoup ont du mal à débourser.

Pour éviter de se retrouver face à un mur, il est judicieux d’adapter le montant de son acompte, soit le montant à payer chaque mois ou trimestre, précise Test-Achat. Il est par contre nettement moins conseillé d’accepter sans broncher la suggestion automatique du fournisseur. C’est à vous de déterminer votre acompte en fonction de votre budget. Il n’est donc pas question non plus d’imposer un acompte ou de le surévaluer.

Du coup, comment trouver un « juste acompte » ? La réponse à cette question n’est pas évidente et va varier selon que vous ayez un contrat fixe ou variable. Si vous avez un contrat fixe, vous pouvez le déterminer sachant que le prix de l’énergie représente à lui seul environ 50% de votre facture de gaz et 30% de celle de l’électricité. Si vous avez un contrat variable, c’est beaucoup plus compliqué. Il s’agit de faire une moyenne entre les mois les plus chers et, par exemple, les premiers mois de votre contrat. Mais il faut tout de même tenir compte de certains facteurs comme une certaine saisonnalité pour le gaz, par exemple. En effet 82% du gaz est consommé entre le 1er octobre et le 1er mars, soit là où les prix étaient, sont, les plus élevés. Le relevé annuel de gaz va dès lors être particulièrement impacté par la hausse actuelle puisque le moment ou on utilise le plus le gaz est aussi celui où il est le plus cher. On doit donc en tenir compte dans l’acompte car la facture peut facilement tripler. L’électricité a par contre une saisonnalité plus faible et la hausse peut donc être étalée sur plusieurs mois.

Sachez aussi que cet acompte est basé sur la consommation passée, et vous pouvez influencer votre consommation. Par exemple décider de baisser le thermostat. Mais que personne ne se berce d’illusions : les tarifs ont tellement augmenté que tout le monde devra payer plus, même en se montrant très économe. Il est aussi utile de préciser que, si vous pouvez vous le permettre, cet acompte n’est pas perdu, puisque s’il s’avère à la fin de l’année que votre avance était trop élevée, la somme vous sera reversée. Sauf si votre fournisseur fait faillite. Enfin, transmettre de mauvais chiffres ne sert à rien puisque, tot ou tard, votre consommation effective vous sera facturée.

Que faire si vous trouvez cette provision trop élevée ?

Certains ont vu leur acompte augmenter fortement, voire tripler dans certains cas. Selon la VRT, la hausse de cette provision serait de 36% en moyenne entre décembre 2021 et janvier 2022. Les fournisseurs ne peuvent pas tricher puisque le calcul de la facture finale est fixé par l’Accord Consommateur du marché de l’énergie. Ainsi les fournisseurs doivent expliquer leur méthode de calcul et justifier leur décision, mais il n’y est pas indiqué clairement si le client a le droit de refuser une augmentation de son acompte. Concrètement, cela va donc dépendre d’un fournisseur (et de ses conditions générales) à l’autre. Certains vont simplement suggérer d’augmenter la provision et il sera très facile de l’adapter si on n’est pas d’accord, alors que pour d’autres vont l’adapter de facto et il est ensuite difficile de changer en ligne ou par téléphone ce montant. « Compliqué, mais possible », nous dit Julie Frère de Test-Achats. Et cela vaut la peine d’insister auprès de son fournisseur pour réduire l’acompte si l’on trouve que celui-ci est disproportionné. Si vous n’êtes vraiment pas d’accord avec la hausse de l’acompte, vous pouvez aussi changer de fournisseur. Mais, attention, là aussi ce n’est pas systématiquement une bonne idée.

Dois-je changer de fournisseur ?

Changer de distributeurs est en effet souvent assorti de conditions qui pour certaines ne sont pas négligeables. Il faut aussi tenir compte de la différence entre un tarif fixe et un qui est variable. Avec un tarif fixe, c’est simple, vous payez le prix qui figure sur votre contrat. La seule chose qui peut changer légèrement ce sont les prix des coûts de réseau, les redevances et la TVA, mais ceux-ci sont restés assez stables.

Si vous avez un tarif variable, ça se complique, car vous transmettez les relevés de votre compteur une fois par an. Et c’est ce chiffre qui va servir de base pour votre consommation sur l’année. Le prix est calculé par un algorithme qui va repartir les volumes de consommation sur l’année et des différents tarifs tout au long de l’année. Pour un décompte annuel effectué en ce moment on va donc tenir compte des prix chers de la fin d’année 2021 et du début 2022 mais aussi des prix plus doux de début 2021.

Donc si vous avez conclu un contrat fixe avant le dernier trimestre de 2021, le must étant de l’avoir fait en avril 2020, vous avez tout intérêt à le garder d’autant plus que plusieurs fournisseurs ont décidé de stopper temporairement la commercialisation de nouveaux contrats fixes.

Par contre si vous avez tout de même opté pour un tarif fixe en novembre 2021, par exemple, vous avez tout intérêt à comparer à nouveau les offres fin mars, début avril en utilisant des comparateurs de prix comme celui-ci. En effet, toute personne renouvelant son contrat d’énergie ou souscrivant un nouveau contrat ces jours-ci est susceptible de recevoir un acompte mensuel ou trimestriel élevé pour le reste de l’année, surtout si elle opte dès maintenant pour un contrat à taux fixe. Pour ceux qui optent pour un taux variable, on ne peut que deviner le montant de la facture et c’est souvent basé sur des prix qui ne sont plus toujours d’actualité. Si les prix baissent dans le courant de l’année, vous risquez bel et bien de payer un acompte trop élevé.

Que faire si vous ne pouvez pas payer votre facture d’énergie ?

>> Il est possible de demander un plan ou un délai de paiement à votre fournisseur, mais celui-ci va dépendre de plusieurs critères comme votre historique et le montant de la dette.

>> Il existe aussi un tarif social. Pour l’électricité il est 40% moins cher que la moyenne et 75% pour le gaz. Pour bénéficier pouvoir en bénéficier on doit être un client final (soit celui qui achète l’énergie pour sa propre consommation) et recevoir des allocations du CPAS ou du SPF Sécurité sociale direction générale personnes handicapées. Ou encore des allocations régionales d’aide aux personnes âgées ou si votre enfant souffre d’incapacité physique ou mentale. Vous y avez également droit si vous êtes locataire d’un appartement social (catégorie 4). (Toutes les conditions sont à lire ici). Le tarif social est, en principe, octroyé automatiquement via une communication du SPF Économie au fournisseur d’énergie.

>> votre CPAS peut intervenir, après l’introduction d’une demande, au travers d’une aide matérielle aux ménages. Celles-ci peuvent être curatives (négocier un étalement des factures ou apurer certaines factures) ou préventives (en aidant à l’achat d’appareil ou une chaudière moins énergivores par exemple).

>> Il est aussi possible d’installer un compteur prépayé qui fonctionne à l’aide d’une carte. Cela vous permet de savoir exactement ce vous avez dépensé et ce qu’il vous reste.

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