Études : comment faire le bon choix ?
C’est un choix cornélien qui conditionne une vie. Ou au moins une carrière. L’élève sortant du secondaire a donc tout intérêt à bien réfléchir. Quelles études ? Dans quelle haute école ou université ? En face, les institutions de l’enseignement supérieur mènent campagne… de séduction. Pour elles, étudiant rime aussi avec financement.
De la crèche, il est passé à la maternelle. Avant d’entrer en primaire, puis en secondaire. Certes, il a dû choisir son école – généralement téléguidé par ses parents et dans les limites imposées par le décret inscription. Il a aussi privilégié certaines options. Et éventuellement changé de filière en cours de route. Mais rien, jusque-là, d’aussi engageant que le choix que s’apprête à poser l’élève désireux d’entamer des études supérieures. » Que vas-tu faire l’an prochain ? » La question, répétée à l’envi dans son entourage, finit par devenir obsédante. Perturbante. Comment choisir ? Et être sûr de ne pas se tromper ?
Premier conseil : s’informer. Sur le système d’enseignement supérieur, tout d’abord. Ses particularités. Sa diversité aussi. Car au-delà des classiques études de droit, de médecine ou de psychologie (qui restent plébiscitées), l’enseignement supérieur belge francophone offre pas moins de 250 formations. Qui, elles-mêmes, peuvent déboucher sur un bon millier de métiers. Impossible, dans cette offre pléthorique, de ne pas trouver chaussure à son pied. Encore faut-il pouvoir faire le tri.
Deuxième étape : s’intéresser… à soi-même ! Choisir ses études offre une magnifique occasion de s’arrêter pour faire le point. Sur ses talents, ses valeurs et ses aspirations. Peut-être est-ce le moment de rêver, aussi. Dans un premier temps, aucune idée n’est à exclure. Devenir prestidigitateur, présentateur du JT, chef d’entreprise, astronaute ? Rien n’est impossible. Troisième étape : trouver ce qui » matche » le mieux. Déterminer les études qui permettront au jeune non seulement d’acquérir des connaissances, mais aussi de développer des compétences pour, in fine, obtenir un diplôme et décrocher le stage rêvé, tremplin potentiel vers une carrière prometteuse.
La plus proche ou la plus prestigieuse ?
Une fois la discipline sélectionnée, reste à choisir l’établissement. Bruxelles, Mons, Liège, Namur, Louvain-la-Neuve ? Ou encore Ath, Gemboux, Fleurus, Charleroi ? L’offre est riche en Fédération Wallonie-Bruxelles, où l’on compte pas moins de vingt hautes écoles, seize écoles supérieures des arts et six universités. Même s’il n’existe aucune étude sérieuse sur le sujet, trois critères principaux semblent orienter les étudiants dans leur discernement. L’aspect géographique, tout d’abord. Pour l’étudiant, le temps (de déplacement), c’est de l’argent. Et le loyer d’un kot n’est pas à la portée de tous. » Le coût des études est un critère important pour certains étudiants « , indiquent les universités dans un communiqué conjoint.
En coulisse, la rivalité entre universités est pleine et entière
Il faut aussi tenir compte de la diversité de l’offre. Cours en anglais, mineures ou partenariats avec des universités étrangères sont autant de facteurs qui peuvent inciter l’élève à opter pour un établissement plutôt qu’un autre. » Nos informateurs présents sur les salons constatent que certains futurs étudiants poussent assez loin leur recherche d’information et vont jusqu’à comparer les programmes des différentes institutions « , détaillent les universités. A l’heure de l’Internet, la pratique est devenue particulièrement aisée.
Le dernier élément est aussi le plus subjectif : il s’agit de la réputation. Pour évaluer celle-ci, aucun classement n’existe, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays. La visibilité médiatique, la taille de l’institution ou la présence de tel éminent professeur peuvent sans doute doper la réputation d’un établissement. En aucun cas, elles n’offrent de quelconque garantie en matière de qualité d’enseignement. Pas plus qu’une présence dans les classements internationaux : ceux-ci sont connus pour favoriser les institutions dont les équipes publient beaucoup dans les revues scientifiques.
Une rivalité feutrée
Tous les établissements se valent-ils ? » Je ne peux pas dire que telle université serait meilleure qu’une autre « , souligne Benjamin Stewart, porte-parole de l’Ares, la coupole qui fédère les établissements d’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles. » On peut évidemment se raccrocher aux rankings mais ceux-ci sont fort critiqués. Et ils se basent moins sur des critères relatifs à l’enseignement que sur la recherche. En réalité, pour comparer les universités, je parlerais davantage en termes de spécificités. »
Certaines unifs proposent des cursus que d’autres n’offrent pas, ou de façon moins poussée. Si vous voulez réaliser un master en sciences de la motricité à finalité kiné musculo-squelettique, allez à l’UCL. Et si vous êtes tenté par la cybersécurité, il faudra s’inscrire au master coordonné par l’ULB, en partenariat avec d’autres établissements. Au-delà, certaines universités sont connues pour avoir développé des pôles de spécialités dans tel ou tel domaine : la médecine vétérinaire ou l’aéronautique à Liège, par exemple.
Publiquement en tout cas, les universités refusent d’entrer dans la bataille des comparaisons, préférant insister sur leurs forces que sur les faiblesses de leurs concurrentes. Mais en coulisse, la rivalité est pleine et entière. Car, qu’on le veuille ou non, le paysage de l’enseignement supérieur ressemble à un vaste marché sur lequel offre et demande doivent se rencontrer. En signant dans une unif, l’étudiant accroît le montant du financement public alloué à celle-ci. Aux dépens de celui des autres puisque l’enveloppe annuelle est fermée !
Autre phénomène : en s’internationalisant, le marché ne cesse de s’étendre. Sur l’échiquier mondial, il vaut mieux être grand pour encore exister. Conclusion : si, pour l’étudiant, un diplôme vaut de l’or, pour les unifs, les étudiant valent de l’argent. » Il y a une forme de concurrence dans le recrutement des étudiants « , confirme Benjamin Stewart. » Mais c’est une concurrence plutôt saine et transparente. »
De nombreuses règles existent en effet, qui visent à encadrer les pratiques. Ainsi, les universités ne peuvent vanter les mérites de leurs programmes à la télévision ou en radio, devant se rabattre sur des médias moins » invasifs « . Affiches, encarts publicitaires, tracts et courriers personnalisés constituent leurs meilleures armes. Sans oublier le Web, où chaque établissement se pare de ses plus beaux atours. Lisez plutôt. » Disposant d’une des offres les plus diversifiées en matière de formation, l’ULg veut vous donner l’opportunité d’un parcours véritablement personnalisé « , lit-on sur le site de l’université liégeoise. » Une université « verte » au coeur de la capitale de l’Europe « , proclame-t-on à l’ULB. Pendant ce temps, l’UCL vante les mérites d’une » université de réputation internationale en matière d’enseignement et de recherche « .
Mais finalement, c’est bel et bien le futur étudiant qui devra prendre ses responsabilités.
Un dossier de Vincent Delcorps, coordonné par Philippe Berkenbaum – Illustrations : Juliette Leveillé.
• Ares (www.ares.be). L’Académie de recherche et d’enseignement supérieur est l’instance officielle qui fédère les établissements d’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles. Son site Web offre de nombreuses informations pour défricher le terrain.
• Siep (www.siep.be). Salons, entretiens individuels, formations de groupe, centre de documentation… De bien des manières, le Service d’information sur les études et professions aide les jeunes à trouver leur voie. Il dispose de neuf centres à Bruxelles et en Wallonie.
• Cediep (www.cediep.be). Ce centre fournit une information et une documentation pluraliste (tous réseaux confondus), objective, neutre, et valable pour l’ensemble de la Communauté française.
• CIO (www.cio.be). Rattachée à l’UCL, le Centre d’information et d’orientation est à la disposition des jeunes de tous horizons et ses conseils restent indépendants de l’université. Ses bureaux constituent une mine d’informations. Il organise également des entretiens psychologiques d’orientation.
• Les autres centres d’orientation universitaires. Toutes les universités disposent d’un centre d’orientation. A l’ULg, c’est le SOU (Service orientation universitaire). A l’ULB, c’est Infor-études. A Mons, c’est le SAP, à Namur Info-Etudes, à Saint-Louis le Soar. Leurs coordonnées figurent sur les sites des différents établissements.
La Belgique francophone compte 210 000 étudiants. Dont 21 % sont étrangers. Surtout présents dans les filières médicales et paramédicales, ils sont attirés par un enseignement qui présente de nombreux points forts. « Nos établissements peuvent s’appuyer sur une longue tradition académique et scientifique, mais aussi sur une expertise dans la gestion des programmes européens, de type Erasmus », explique Kevin Guillaume, directeur des relations internationales à l’Ares. « Les aspects francophone et multiculturel jouent aussi un rôle favorable. Sans oublier le coût : notre enseignement est assez accessible par rapport à celui d’autres pays voisins. »
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