Renaud Duquesne
Etre libéral n’est pas une tare
Je suis libéral, j’en suis fier et je le revendique. Et je n’accepte plus la caricature qui est entretenue à l’égard des libéraux.
Je suis un militant de base du MR, fier de l’être, qui croit en l’idéal libéral et réformateur. De nos jours, le résultat des élections importe peu. Pour gouverner, les autres partis appliquent l’adage « tous sauf les libéraux ». Une sorte de cordon sanitaire qui n’entoure habituellement que les partis extrémistes. Mais que diable avons-nous fait ?
Un début d’explication : la démocratie se définit par son pluralisme et l’alternance démocratique qu’elle induit. Dans nos belles Régions, c’est le règne de la pensée unique et du parti dominant. En 2007/2008, c’est Madame NON qui a permis l’avènement de la N-VA en refusant toutes discussions communautaires, ce qui a conduit à la sixième reforme de l’état tant combattue. Comprenne qui pourra. Le MR avait gagné les élections, mais on n’en voulait pas sans les socialistes. Maintenant, c’est Monsieur NON qui a de nouveau voulu paralyser nos institutions pour permettre à nouveau le retour du PS. Et ainsi favoriser par un effet mécanique un tour de carrousel institutionnel pour démembrer encore un peu plus notre état. Ici encore, on avait gagné les élections, mais que voulez-vous, il est un postulat dans nos Régions: « Jamais sans les socialistes. »
On a compris que le CDH est devenu depuis longtemps une succursale du PS. Le grand paradoxe du pôle des gauches, c’est qu’il n’a de cesse de se revendiquer de la défense des intérêts des francophones, mais que, dès qu’il est en position de négocier au fédéral, on avance à grands pas vers la scission de l’Etat. Nous avons gagné les élections. Pas par la petite porte, mais par un vote massif des électeurs en faveur du MR. Mais d’aucuns ont fait le choix du repli sur soi et de la colonisation du pouvoir au mépris du verdict des urnes.
Non contents de cela, il nous est fait reproche par ces grands démocrates de tenter la formation d’un gouvernement fédéral dénommée la « Suédoise ». C’est, selon eux, un vilain gouvernement de centre-droite où un gouvernement traite à la cause francophone. Voire les deux. Avez-vous entendu parmi ces donneurs de leçons, ne fut-ce qu’un seul, dire que le FDF avait renié la défense des francophones en participant au gouvernement bruxellois, lequel va devoir mettre en oeuvre la sixième réforme de l’Etat ? Non. Et pourtant ce parti n’a eu de cesse de traiter ceux qui l’avaient négociée de traîtres à la cause, voire de collabos. Et le voilà maintenant être le garant de sa mise en oeuvre. Comme quoi c’est avec les meilleurs braconniers que l’on fait les meilleurs gardes-chasse.
Avez-vous le souvenir de ce grand parti de gauche qui, pendant la campagne, avait juré ses grands dieux que la mise en place des gouvernements régionaux n’était pas la priorité par rapport à la mise en place d’un gouvernement fédéral si ce n’est au risque de mettre à mal notre fédéralisme de collaboration ? Je suppose que oui. Mais cela n’est pas grave, nous dit-on, car on l’a fait parce qu’on avait peur de ne plus être au pouvoir. Ce pouvoir qui est une fin en soi, qui autorise tout et que l’on n’imagine pas perdre. Mais le plus audacieux est de nous dire dans le bleu de nos yeux que l’on doit gouverner avec eux au fédéral alors que nous sommes infréquentables aux Régions. Un peu comme si nous étions fréquentables la journée, mais pas le soir.
Le MR a donc pris ces responsabilités pour faire en sorte que la prochaine législature ne soit pas mise sous le sceau de querelles communautaires, mais bien dédicacée tout entière au socio-économique. La volonté du MR est d’être dans le monde réel de la gouvernance et de la politique qui s’occupent de la vie de la cité. Peut-on nous en faire reproche ? Sommes-nous des traîtres à la cause francophone voire un parti obnubilé par l’exercice du pouvoir pour le pouvoir ? Le CDV a lié son sort à la N-VA. Impossible dès lors de constituer au fédéral une tripartite traditionnelle. En conséquence, à défaut pour nous de constituer une majorité de centre-droit voulue par la Flandre et de très nombreux francophones, le retour à la table des négociations du PS était consacré et ainsi la certitude d’un nouveau round communautaire sûrement fatal à l’unité de notre pays.
On ne peut nier l’autre Communauté surtout lorsque trois partis flamands s’unissent pour prôner une politique de centre-droit.
Le PS et le CDH ont été animés par le souci de conserver le pouvoir pour le pouvoir. Le MR quant à lui, a toujours été animé par le souci d’assurer un avenir à notre pays. On ne peut nier l’autre Communauté surtout lorsque trois partis flamands s’unissent pour prôner une politique de centre-droit. Le MR a fait le choix de la politique de la main tendue. Elle sera ferme et vigoureuse. Sans complaisance ni faiblesse. Mais elle sera aussi ouverte et chaleureuse. Et puis, que les esprits chagrins se rassurent : le MR sera jugé sur ses actes. Les libéraux sont des gens bien. On représente plus d’un quart des électeurs francophones. Je suis fier du travail accompli par nos dirigeants et mandataires et de leur courage.
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