Et vous, « qu’avez-vous fait de plus fort par amour ? » (vidéo)
La Fédération Wallonie-Bruxelles et le Réseau Mariage et Migration ont présenté jeudi leur nouvelle campagne « Envie d’aimer », pour sensibiliser aux mariages forcés, autour de la question « Qu’avez-vous fait de plus fort par amour? ».
Parce qu' »aborder la problématique des mariages forcés de manière frontale peut être contre-productif » mais que le phénomène reste bien présent en Belgique, la Fédération Wallonie-Bruxelles et le Réseau Mariage et Migration ont présenté jeudi une nouvelle campagne de sensibilisation sur le sujet, axée autour de la question « Qu’avez-vous fait de plus fort par amour? ». « Elle s’adresse aux jeunes, en n’insistant pas sur leurs origines, mais sur une valeur universelle: la liberté de choix », précise Fadila Laanan, ministre de l’Égalité des Chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
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Le Réseau Mariage et Migration, qui regroupe 17 associations dont des structures d’hébergement d’urgence, a instauré en juillet 2013 un accueil téléphonique anonyme et gratuit (0800/90.901) pour les victimes actuelles ou potentielles de mariages forcés ou consentis sous la contrainte ainsi que pour les professionnels qui sont confrontés à de telles situations. La campagne de sensibilisation « Envie d’aimer » cherche entre autres à faire connaître ce numéro auprès des victimes potentielles.
« Les personnes qui sont là-dedans sont démunies et n’identifient pas toujours qu’il y a un problème », précise Patrick Petitjean du Réseau Mariage et Migration. « Notre numéro est une voie d’entrée pour identifier le problème et organiser des réponses. Il fait le lien entre les victimes et les structures permettant de les aider (hébergement, soutien psychologique, aide juridique…), en fonction de leurs souhaits. »
Les chiffres des parquets ne couvrant pas l’étendue des situations diverses de mariages forcés, arrangés ou consentis sous diverses contraintes exercées par la famille, il est quasi impossible de chiffrer l’ampleur du phénomène en Belgique. Une étude de 2004 auprès de jeunes francophones de 15 à 18 ans avait montré que 23% d’entre eux connaissaient directement quelqu’un impliqué dans un mariage forcé. Lors d’une étude antérieure, menée par la VUB en 1999 auprès de néerlandophones de 17 à 24 ans, 13% des jeunes d’origine turque interrogés déclaraient avoir vécu un mariage forcé, cette proportion descendant à 8% dans la population d’origine marocaine, selon Patrick Petitjean.
Leila Slimani, juriste à la Plateforme Mariage Forcé de Liège, explique avoir « traité 21 situations de ce type l’année dernière », au sein de la structure dans laquelle elle travaille. « En majorité, il s’agissait de personnes originaires d’Europe de l’Est. » Le Maghreb et l’Asie du Sud sont également fortement représentés. Ces tendances semblent se confirmer dans les appels reçus depuis juillet par le Réseau Mariage et Migration via le nouveau numéro de téléphone qui était jusqu’ici en phase de test: douze cas de mariages forcés ou de projets de mariages forcés ont été rapportés, concernant essentiellement des jeunes filles majeures (18-23 ans) issues de ces trois régions du globe.
Le mariage forcé est une pratique pénalisée en Belgique, où un mariage légal nécessite le « consentement libre des époux ». Selon Leila Slimani, les raisons poussant la famille à faire pression sur le jeune en vue d’un mariage sont multiples. L’obtention de papiers en règle, en échange d’une rémunération, en est une. Comme la peur des plus anciens de voir les jeunes s’éloigner de leur culture. Dans tous les cas, « les jeunes qui viennent nous rencontrer sont toujours dans une situation émotionnelle très difficile, un tiraillement entre une famille qu’ils aiment et leurs propres envies », explique Leila Slimani.
A noter que, selon une étude de 2013 dont quelques résultats sont repris dans le dossier de presse, les mariages arrangés s’observent en Belgique dans deux types de population: les groupes d’origine immigrée, auxquels s’intéresse le Réseau Mariage et Migration, mais également la haute bourgeoisie, qui tente par là de préserver un « rang social ».
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