Et si je vous emmenais en vacances, faire une virée italienne … dans un verre de vin ?
Et si je vous emmenais en vacances… dans un verre de vin. Par la grâce d’une bouteille, fermer les yeux, faire appel à ses sens et visiter un coin de France, d’ailleurs… En somme, voyager dans le temps et l’espace, juste le nez dans le verre, la langue pétrie de souvenirs.
L’envie de s’échapper vous prend parfois, au ventre. Pas seulement de son quotidien, pas uniquement partir, tout laisser là, pour quelques heures ou quelques jours, mais tout ressentir différemment. Trouver un autre langage. Des sonorités qui peu à peu deviennent familières, un rythme qui nous surprend et nous ravit, sans que l’on comprenne toutes les subtilités.
Dans les vins, on ira chercher des cépages inconnus, ou en tout cas moins éprouvés sur le bout de la langue. Pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups ? Convoiter cette quille pansue, son étiquette presque muette, mis à part quelques mots en italien. La sonorité est belle mais plus encore est la région où elle naît. Comment raconter les Dolomites ? Il faudrait peindre des vallées, des lacs, dans des couleurs franches et tranchées, puis des crêtes, des pics, des bosses sur lesquelles poussent, parfois de guingois, des vignes volontaires. Elles s’accrochent à plusieurs centaines de mètres au-dessus de l’eau et des gens : le ciel est lavande.
Il faut remettre les pieds sur terre : derrière la lourde porte, nous entrons dans une cour, bien plus grande qu’on n’aurait pu le supposer. Une débauche de plantes, de fleurs, les yeux ne savent où se poser, tant il y a de clichés à prendre. C’est elle, qui s’avance, les mains ouvertes : son domaine est un cadeau, ses vins de sublimes enfants, parfois impétueux, quelquefois taquins, toujours à croquer. Obstinée, elle a longtemps poursuivi le rêve de la graine à la vigne : sélectionner des variétés anciennes, depuis les pépins et les refaire s’épanouir ici. Teroldego, le prince, mais aussi manzoni bianco, nosiala… Mission accomplie.
A la cave, l’argile se mêle au bois, au ciment : tout sert, rien n’est inutile. Le vin se love dans le verre, découvre ce matériau inconnu : il vient de l’amphore, a pris toute sa complexité dans ce confort tiède. Le nez dévoile de la fleur d’oranger, de l’abricot, invite à la langueur. Mais c’est sans compter sur le caractère de la bouche : après le fruit charnu, l’amer nous vient aux lèvres et parachève l’oeuvre de séduction massive de ce vin aux oraisons étranges et sonores. A tant vouloir voyager, il est un risque à courir : que le transport devienne amoureux.
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