Etienne Dujardin
Et si au lieu de taxer toujours plus, on réduisait la dépense publique ?
La crise des gilets jaunes a fait émerger la question majeure du pouvoir d’achat au premier plan de l’actualité.
Pendant des années, les dépenses publiques n’ont fait que grimper. Au début des années 2000, les dépenses publiques étaient de 42,5 % du PIB. En 2018, elles s’élevaient à 53,2 % selon des chiffres Eurostat. Or, qui a ressenti une amélioration de la gestion l’Etat depuis 19 ans ? Les routes ne sont pas mieux entretenues, le nombre de fonctionnaires a augmenté sans rendre la gestion publique plus efficace… Et cette hausse de l’emploi public n’a pas concerné tous les niveaux de pouvoirs, mais les pouvoirs locaux, régionaux et communautaires, selon un rapport de la Banque nationale de 2014.
Il est incontestable que les dépenses publiques ont fortement accru depuis le début du millénaire, et nous sommes aujourd’hui dans le top 5 européen de la dépense publique. A titre de comparaison, l’Allemagne est à un ratio de 44 % du PIB en dépense publique et ce pays ne semble pas moins bien géré ou administré. Pour payer toutes ces dépenses publiques supplémentaires, l’Etat doit soit augmenter les taxes, soit creuser la dette.
Soyons très clairs : la seule façon de rendre du pouvoir d’achat aux gens est de réduire les dépenses publiques, de baisser les impôts, de libérer du pouvoir d’achat à réinvestir dans l’économie pour favoriser la croissance et, via cette dernière, permettre d’avoir les recettes publiques nécessaires pour financer le fonctionnement de l’Etat et les mécanismes de solidarité. Emmanuel Macron, rappelle encore dans sa lettre aux français publiée ce week-end : « Nous ne pouvons, quoi qu’il en soit, poursuivre les baisses d’impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique.« .
Le tax shift rend du pouvoir d’achat aux gens, c’est une bonne mesure, et il faut continuer, car nous restons trop taxés et trop rapidement. La personne qui gagne aujourd’hui 2000 euros bruts gagne 1612,63 euros nets soit 168,45 euros de plus qu’en 2014. La personne qui gagne 4000 euros bruts gagne 2.394,91 euros nets, mais sur les 2000 euros supplémentaire en brut par rapport au premier exemple, l’Etat ne lui en laisse que moins de 800 euros. L’impôt monte très vite, très fort, trop fort. Dans cette optique, Olivier Chastel a proposé ce week-end d’augmenter la quotité exemptée d’impôt à 12.500 euros, ce qui permettra de baisser les impôts et de rendre du pouvoir d’achat aux Belges. Si l’impôt doit être juste, il faut également lutter contre la fraude fiscale et la fraude sociale qui empiètent toutes deux sur le budget de l’Etat. Certains grands groupes comme les GAFA devraient eux aussi être justement taxés. Diverses propositions à l’échelle européenne sont en cours à ce sujet.
La bureaucratie et l’étatisme ont gonflé l’action publique depuis des années. Il faut moins d’Etat, mais mieux d’Etat. Il faut éviter les gaspillages et les doublons. Aujourd’hui, pour l’inauguration d’une simple place dans Bruxelles, vous pouvez avoir deux ministres, un bourgmestre et 4 échevins qui se déplacent. Cela en devient risible. Une grande majorité de Belges est pour une simplification du paysage politique. On peut supprimer les provinces, fusionner les intercommunales, diminuer drastiquement les subsides d’ASBL purement militantes politiquement sous couvert de neutralité.
Le poste des pensions est très important. Il représente aujourd’hui 44 milliards d’euros soit plus de 10 % du PIB et va continuer à augmenter dans les prochaines années. 20 % des pensionnés ont été fonctionnaires et absorbent 35 % du budget des pensions. Nous avons un problème avec ces grosses pensions. Il n’est plus possible que certains pensionnés gagnent parfois 3 fois le salaire de quelqu’un qui travaille et qui a en général plus de charges à subir. Rien ne doit être tabou. Plafonner les pensions par exemple à 2500 euros pour tout le monde y compris pour les politiques (soit déjà deux fois le montant d’un bas salaire) doit pouvoir être discuté. La génération qui nous aura laissé une dette gigantesque va encore creuser les finances publiques via les pensions dans les prochaines années. Il n’est pas question de toucher aux petites pensions, mais il y a certainement un ajustement à faire sur les grosses pensions dont le mécanisme doit pouvoir être réinventé.
L’Etat devrait avoir la culture de la réduction des dépenses pour préparer son budget, ainsi que doivent le faire tous les ménages. Il faut en finir avec la phrase de François Hollande : « C’est gratuit, c’est l’Etat qui paie« . Certains partis, comme le PS, ont proposé dernièrement toute une série de nouvelles dépenses (ex. : pension, croissance démesurée des frais de santé) qui coûteraient plus de 14 milliards d’euros à l’Etat. Certains devraient ne pas oublier que l’argent de l’Etat est uniquement celui du contribuable et il faut s’en servir avec parcimonie sous peine d’augmenter la dette qu’on laissera à nos enfants.
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