Pierre Schoffers
Et maintenant Elizabeth ?
L’abdication est moderne et il ne manque à l’année 2013 que celle d’Elizabeth II pour la couronner. Albert – mais comment appelle-t-on maintenant Benoît Ratzinger ? – a montré, à l’instar de sa collègue Beatrix que ce n’est pas une démission mais un acte d’une grandiose modestie ouvrant une voie royale à ce « nouvel élan d’enthousiasme » appelé de ses voeux par son successeur dans son discours d’investiture.
Les monarchies se grandissent, s’agrandissent et se renforcent paradoxalement en recourant à l’abdication du patri- ou de la matriarche. La naissance de son premier arrière-petit-fils mais surtout du troisième héritier dans l’ordre de succession donnerait-elle des ailes d’envol à la reine d’Angleterre qui est aux rênes depuis soixante-et-un ans déjà ? Un tel acte apparaît peu probable dans le chef d’Elizabeth II qui fait bien plus qu’exercer la fonction royale tant elle l’incarne comme un sacerdoce. Et puis c’est une véritable tradition insulaire du Royaume-Uni de se singulariser par rapport au continent. Gageons qu’elle promènera encore longtemps ses somptueux chapeaux couleurs pastels. A 87 ans, la reine du Commonwealth et « pape » de l’Eglise anglicane est peut-être en meilleure santé qu’Albert qui, pourtant, au cours de sa derrière semaine de règne a arpenté le pays au pas de charge sans aucun signe de faiblesse. On l’a envoyé dans un programme de « malade » de Gand à Liège en passant par Eupen – où le princesse carnaval attire plus de monde que le monarque – , et du bal des Marolles au feu d’artifice entourant les cérémonies officielles de l’abdication et de l’entrée en fonction du roi Philippe. Un dernier rush avant les vacances, pardon, la retraite.
La monarchie qui se réforme, se modernise et s’humanise n’a pourtant pas trouvé en Philippe le tenant d’un verbe libéré. Le langage le plus conventionnel prime dans ses interventions. On reprochait au prince de s’exprimer sans l’aisance qui sied aux caméras et aux micros, aux yeux et aux oreilles des enfants de la télé et des épieurs des réseaux sociaux. Cela ne « risque » pas de changer. Pourtant il ne serait pas sorti de son rôle, là où il a évoqué la collaboration du chef de l’Etat avec le gouvernement, en tenant à peu près ce langage : la monarchie moderne ne fait pas partie des problèmes de notre démocratie, mais elle en est toujours une solution.
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