Présents, voire… pesants: ces parents qui s’impliquent toujours plus à l’université
Des parents présents, voire pesants, ou au contraire absents: à l’université, leur implication ne cesse de grandir. A point que certains établissements prévoient désomais des « portes ouvertes spéciales parents ».
Quand on est parent, c’est pour la vie, affirme un dicton. « Quand on est parent d’élève, on le reste au-delà des 18 ans de l’enfant, prolonge Anne Giraud, mère d’un adolescent, élève en 6e secondaire. Nous ne sommes pas seulement des « financeurs ». »
Elle se rendra, ce samedi 11 février, sur le campus de l’université catholique de Louvain, à Bruxelles, à l’occasion de « portes ouvertes spéciales parents ». Depuis la rentrée, elle collecte les informations sur les sites des universités, lit les descriptions des cours et des filières qui intéressent son fils.
« Les parents s’impliquent de plus en plus dans les études supérieures de leurs enfants », explique Frédéric Nils, professeur à la faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’UCLouvain. L’évolution conduit en tout cas les établissements à s’adapter et à organiser, ici, des « journées spéciales parents », là, des conférences dédiées à ceux « désireux d’accompagner leur enfant ». « Les enfants d’aujourd’hui acceptent plus facilement la présence de leurs parents lors de salons étudiants. Mais les parents eux-mêmes sont demandeurs d’informations sur un système qui a beaucoup changé depuis l’instauration du décret Bologne, qui a réformé l’enseignement supérieur », note Frédéric Nils.
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Ils jouent d’ailleurs un rôle clé dans le choix des études supérieures des futurs étudiants. Selon des études menées par Frédéric Nils, ils demeurent les principaux interlocuteurs, très loin devant leurs enseignants et les professionnels de l’orientation. Tout l’enjeu consiste alors à trouver la juste place. Beaucoup s’en tiennent à un support moral. C’est le parent « soutenant », selon le chercheur. « Il n’impose rien, mais il est présent pour apporter son aide, conduire aux portes ouvertes. » D’autres sont peu impliqués, souvent démunis et désemparés face à un système éducatif complexe, qui n’ont pas connu durant leur jeunesse.
En revanche, une minorité de parents se montre très intrusive. Le parent « interférant » « impose sa manière de faire et l’orientation. Il peut aussi être anxieux et sur le dos de son enfant pour savoir s’il s’est bien rendu à tel ou tel salon. Il stimule trop, force le jeu et finit par cabrer le jeune. Ce parent se situe dans une logique conservatrice et s’intéresse à l’utilité du diplôme, à ses débouchés ». Les interférants représentent 15 % des parents.
A l’université et dans les hautes écoles, on les rencontre d’ailleurs de plus en plus, ces parents, à des moments où, hier, on ne les voyait pas : lors de l’inscription, par exemple, mais aussi au cours de toutes les étapes du « vécu universitaire ». Certains n’hésitent pas à réclamer de changer la note de leur enfant, ou de la contester, parfois par l’intermédiaire d’un avocat.
Ces recours sont le signe d’un nouveau rapport à l’institution scolaire, plus facilement contestée, mais aussi de l’anxiété liée à l’incertitude que le jeune loupe son orientation, à l’angoisse à l’idée qu’il rate son insertion professionnelle, à la volonté d’une surprotection. Ainsi, en quittant l’Université de Stanford, l’ancienne doyenne Julie Lythcott-Haims estimait le nombre de parents surinvestis entre 35 et 40 %. Depuis, elle a écrit un best-seller, How to raise an adult (Comment élever un adulte), et donne des conférences TED dans lesquelles elle répète que cette intrusion « peut laisser les jeunes adultes sans les compétences, la volonté et le caractère nécessaires pour se connaître et créer leur propre vie »…
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