Pas de plafonnement des prix pour les voyages scolaires: « C’est humainement et pédagogiquement inadmissible »

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La ministre de l’Education Caroline Désir souhaitait  plafonner le prix des voyages scolaires. Mais le projet ne devrait finalement pas aboutir dans un futur proche. Un revirement qui fait vivement réagir le PTB.

Au printemps dernier, la ministre de l’Education Caroline Désir (PS) avait annoncé vouloir rapidement déposer une proposition pour plafonner le prix des voyages scolaires avec nuitées, lesquels peuvent parfois dépasser le millier d’euros. Mais son cabinet a indiqué début de semaine que le projet ne serait finalement pas déposé dans un avenir proche. Vu les importantes différences de niveau socio-économique entre écoles, une harmonisation semble en pratique particulièrement compliquée.

En mai dernier, elle avait annoncé que ces mesures limitatives seraient d’application à partir de la rentrée 2024, mais sans avancer jusqu’à ce jour de montants précis. La ministre assure ne pas avoir renoncé à son projet. « La solution des plafonds n’est pas forcément la plus facile à mettre en place : il y a beaucoup de disparités d’une école à l’autre, dans les attentes des familles ainsi que dans les possibilités qu’ont les écoles d’organiser des voyages à bas prix. Il faut donc trouver le juste équilibre pour ne pas empêcher les voyages, mais en même temps éviter qu’ils soient inaccessibles pour les familles », dit-on à son cabinet. « À ce stade, il n’existe pas de consensus entre acteurs de l’enseignement sur des montants de plafond et leurs modalités de mise en œuvre. Toutefois, une note proposant un état des lieux et des orientations est en cours de finalisation et des discussions seront entamées début septembre au sein du gouvernement », assure l’entourage de la ministre.

Douche froide

Une décision qui fait grincer des dents, notamment au PTB. « C’est une douche froide pour les familles », réagit Alice Bernard, cheffe de groupe PTB au Parlement de la Communauté française, dans une communiqué. « Au printemps 2022, [Caroline Désir] avait annoncé une initiative pour la rentrée 2022. Puis en mai dernier, elle a promis des plafonds pour juin, puis pour cette rentrée scolaire. Elle en a d’ailleurs l’obligation légale, cette mesure étant inscrite dans le Code de l’enseignement depuis 2018. Nous demandons à la ministre de respecter son engagement. C’est une mesure nécessaire pour l’accès à l’enseignement pour tous les élèves. »

Quant à l’argument sur les différences de niveau socio-économique entre écoles, la députée rétorque : « Est-ce ainsi qu’on lutte contre les inégalités? Les prix pratiqués par certaines écoles sont impossibles à payer, cela contribue à la sélection sociale et au marché scolaire. Quand on se dit de gauche, on ne peut pas capituler et continuer à l’accepter. Des parents doivent renoncer à laisser partir leurs enfants, même pour des excursions d’un jour. C’est humainement et pédagogiquement inadmissible. »

Selon Alice Bernard, un élève sur vingt en primaire ne peut pas participer aux voyages scolaires à cause de leur coût. En secondaire, il s’agirait d’un sur dix.

Fin juillet, la majorité PS-MR-Ecolo avait repoussé une proposition de résolution du PTB visant à plafonner le coût pour les parents de voyages et excursions scolaires. Le parti proposait de limiter le coût de ces activités à 400 euros pour le niveau primaire, et 600 euros dans le secondaire. La majorité avait justifié son rejet entre autres au motif que la ministre de l’Education planchait elle-même sur ce dossier.

Coût réel vs coût à charge des parents

L’Union francophone des associations de parents de l’enseignement catholique (Ufapec) plaide pour un plafonnement du coût réel des voyages scolaires, et pas uniquement de la part à charge des parents. Les parents de l’enseignement catholique redoutent que l’éventuel plafonnement ne porte que sur les seuls frais réclamés aux parents, et non sur le coût total du voyage. Or, pour l’Ufapec, une limitation ne visant que la seule contribution des parents risquerait d’engendrer des inégalités entre les écoles.

« Certaines écoles ont d’autres ressources financières qui leur permettent de réduire les coûts à charge des parents. Certaines écoles communales et provinciales reçoivent des subventions pour financer ces voyages », a souligné le secrétaire général de l’Ufapec, Bernard Hubien, lors d’une conférence de presse.

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