Nouveaux rythmes scolaires: vers un changement de mentalité en Flandre ?
Selon une enquête réalisée à la demande de Jef Van Damme, échevin de l’Enseignement à Molenbeek (Vooruit), deux répondants sur trois sont favorables aux nouveaux rythmes scolaires francophones, principalement en raison de la répartition plus uniforme de l’année scolaire. Selon lui, ce résultat augure un changement de mentalité en Flandre.
Pour rappel, en Fédération Wallonie-Bruxelles, une année scolaire s’appuie désormais sur une séquence de sept (six au minimum, huit au maximum) semaines de cours, suivies de deux semaines de vacances. Les anciens congés de Toussaint et de Carnaval passent en conséquence d’une à deux semaines. Les vacances d’été sont, elles, rabotées à sept semaines. Selon les nouveaux rythmes scolaires, les classes débutent dès le dernier lundi d’août et s’achèvent toujours le premier vendredi de juillet.
Les enquêteurs ont interrogé 1.610 personnes, 59,60% de néerlandophones et 40,40% de francophones, sur leurs préférences en matière de rythmes scolaires. 61,3% d’entre eux privilégient les rythmes scolaires francophones, principalement « en raison de la répartition plus uniforme de l’année scolaire (58,05 %) et des périodes de repos plus longues entre les cours (20,16 %) ».
A l’inverse, ceux qui optent pour les rythmes néerlandophones, le font principalement « en raison des vacances d’été plus longues, par exemple parce qu’il est plus agréable d’être libre lorsqu’il fait beau ou parce que de très longs voyages sont alors possibles (33,68 %) ou par habitude (13,72 %) ». Ce ne sont pas les seules raisons avancées par les répondants : ainsi, certains préfèrent que les vacances de printemps coïncident avec Pâques, alors que d’autres s’indignent que la Belgique francophone ait introduit un nouveau rythme scolaire sans la « permission » de la Flandre…
Absences illégales
Au-delà de la préférence pour l’un ou l’autre rythme scolaire, le sondage indique également que 88,7% des personnes interrogées demandent que les vacances coïncident dans tout le pays. 67,95 % d’entre elles se sentent lésés par cet écart, soit parce qu’elles ne peuvent plus passer leurs avec leurs enfants scolarisées dans l’enseignement néerlandophone alors qu’elles enseignent dans le régime francophone ou vice-versa. Selon le sondage réalisé par Jef Van Damme, échevin de l’Enseignement à Molenbeek (Vooruit), Ans Persoons, Elke Roex, Lydia Desloover, également échevines de l’Enseignement à Bruxelles, et Hannelore Goeman, cheffe de groupe Vooruit au Parlement flamand, cet écart entraîne des absences illégales.
A cela s’ajoute que certains enseignants néerlandophones des écoles d’immersion de la communauté française annoncent leur intention de retourner en Flandre pour avoir des vacances en commun avec leurs enfants. « C’est peut-être une bonne chose pour la pénurie d’enseignants en Flandre, mais ne voulions-nous pas tous – et la N-VA en tête – que les Belges francophones parlent mieux le néerlandais ? », commentent les auteurs de l’enquête.
Jef Van Damme, souligne qu’il ne s’agit pas d’une étude scientifique, mais d’un sondage relayé principalement par les réseaux sociaux et par courrier électronique, qui révèle tout de même une évolution de l’opinion publique néerlandophone par rapport aux rythmes scolaires francophones, en vigueur au sud du pays depuis septembre 2022, mais non adoptées en Flandre qui a gardé l’ancien système.
En août 2021, Jef Van Damme, et trois autres échevins de le l’Enseignement membres de Vooruit (Ans Persoons à Bruxelles, Lydia Desloover à Saint-Josse et Elke Roex à Anderlecht) avaient interrogé 400 enseignants et directions de leurs communes, et près de la moitié d’entre eux étaient favorables à un raccourcissement des vacances d’été.
En mars 2022, une enquête du plus grand syndicat de l’enseignement flamand, le COC (Christelijke Onderwijscentrale) révélait toutefois qu’une grande majorité des enseignants flamands ne souhaitait pas que les vacances d’été soient raccourcies. Le COC craignait même qu’un raccourcissement des vacances d’été ne réduise l’attrait de la profession.
Une évolution des mentalités
Selon l’échevin de l’Enseignement molenbeekois, les mentalités sont toutefois en train d’évoluer. Il souligne qu’un nombre élevé de gens en Flandre soutiennent les rythmes scolaires francophones et que beaucoup d’enseignants flamands reconnaissent le bien-fondé des nouveaux rythmes scolaires pour les élèves.
D’après lui, l’enseignement flamand pourrait adopter les mêmes rythmes que les francophones, mais ce ne sera plus pour la législature actuelle. « C’est un processus qui prend plusieurs années. En outre, il y a une composante purement politique : la N-VA [NDLR : le parti du ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts], ne suivra pas les francophones, et encore moins le PS [le parti de la ministre de l’Education francophone Caroline Désir] ».
Une situation qu’il déplore, car pour lui, le bien-être de l’enfant devrait se trouver au cœur de la question. « Toutes sortes d’études internationales révèlent que c’est le meilleur rythme pour les enfants », souligne-t-il.
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