Evaluation des enseignants: deux syndicats claquent la porte du Pacte d’excellence
La CGSP-Enseignement et le SLFP-Enseignement ont annoncé se retirer des travaux du Pacte pour un enseignement d’excellence, après le rejet par leurs affiliés du projet amendé d’évaluation des enseignements avancé par le gouvernement de la FWB.
Les deux syndicats ont en conséquence décidé de mettre fin « dès aujourd’hui à leur participation aux travaux du Comité de concertation du Pacte pour un Enseignement d’excellence« , ont-ils annoncé dans un communiqué commun.
« La dernière version de l’avant-projet ‘Développement des compétences professionnelles et évaluation des personnels de l’enseignement’ a été rejetée ce vendredi 24 mars par une très large majorité de nos affilés. La pression qu’il va installer au sein d’une profession en pénurie et sa liaison avec la formation continuée est pour nous inacceptable« , dénoncent les syndicats.
Ce retrait syndical est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement de la Fédération, embarqué depuis des années dans un vaste chantier de transformation de l’école appelé « Pacte pour un enseignement d’excellence ». Lancé sous la précédente législature, ce travail de co-construction est en effet loin d’être arrivé à son terme.
Tous les mois, les différents acteurs de l’école (syndicats, pouvoirs organisateurs, organisations de parents, administration et cabinet ministériel) se retrouvaient au sein d’un « comité de concertation du Pacte » pour faire avancer les différents chantiers. « Malheureusement, notre participation à ces réunions est de plus en plus souvent utilisée pour prétexter une co-construction à laquelle nous n’avons jamais participé et pour nous présenter des avant-projets de décret que nous n’avons jamais approuvés », dénoncent les deux organisations. « Plus grave encore, trop de mesures mises en place depuis 2017 ne permettent pas de progresser vers les objectifs annoncés et certaines ont détérioré les conditions de travail des enseignants », ajoutent les deux syndicats.
A leurs yeux, la gestion de l’école a ainsi progressivement adopté une « approche managériale » avec le Pacte.
Pas les premiers
Le mois dernier déjà, deux autres syndicats enseignants de l’enseignement libre cette fois, à savoir le Setca-SEL et l’APPEL (CGSLB), avaient annoncé « suspendre » leur participation au comité de concertation du Pacte pour dénoncer le projet d’évaluation des enseignants. Leur retrait définitif du Pacte, qui devrait être formalisé mercredi, est toutefois déjà acquis, a confirmé lundi Adrien Rosman, permanent du Setca-SEL.
La CSC-Enseignement, l’autre grand syndicat des enseignants en FWB, reste, elle, toujours à bord du Pacte « pour l’instant », indique son secrétaire-général, Roland Lahaye. « Nous consulterons nos affiliés sur base d’assemblées générales dans la seconde quinzaine du mois d’avril », précise le syndicaliste.
Regret de la ministre
La ministre de l’Education, Caroline Désir (PS), a dit lundi « prendre acte avec regret » de la décision des syndicats d’abandonner le Pacte. « La participation des organisations syndicales aux travaux de cette instance constitue en effet un levier puissant pour améliorer la qualité des notes d’orientation et projets de textes légaux en amont de leur présentation en première lecture au gouvernement, en tenant compte des points d’intérêts des représentants des membres du personnel », a-t-elle souligné.
Mme Désir compte réunir le comité de concertation du Pacte « dans les prochaines semaines » afin de discuter avec les autres acteurs « les suites à réserver à cette situation au regard des grands enjeux qui continuent à traverser notre système éducatif ».