Etude PISA: une baisse inédite des compétences en lecture, mais surtout en maths
Ce n’est pas vraiment une surprise, mais la dernière étude PISA publiée par l’OCDE a le mérite d’objectiver le constat: la pandémie de la covid-19 a eu un impact négatif sur les apprentissages scolaires dans l’ensemble des pays développés, en ce compris en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Menée en 2022 juste après la fin de la crise sanitaire, l’enquête montre à l’échelle globale une baisse inédite des compétences des jeunes de 15 ans en lecture, mais surtout en mathématiques où la perte moyenne de niveau est évaluée par l’OCDE à près d’une année scolaire. Les élèves en Fédération Wallonie-Bruxelles ne font pas exception à la règle. L’entité francophone du pays y réalise un score de 474 points en mathématiques, en retrait par rapport à ses résultats de 2018 (495 points). Elle reste toutefois dans la moyenne des pays de l’OCDE (472 points), mais toujours à bonne distance de la Flandre (501).
Étonnamment, l’apprentissage de la lecture et des sciences semble avoir moins pâti chez nous de la fermeture des écoles et de l’hybridation des cours. La baisse de niveau pour ces deux matières est en effet bien moins prononcée qu’en mathématiques. Une différence qui n’étonne pas Ariane Baye, professeure à l’ULiège qui a piloté l’enquête PISA en Fédération Wallonie-Bruxelles. « Les mathématiques sont en effet la matière où l’on perd le plus vite les apprentissages car c’est une discipline qui s’apprend beaucoup plus à l’école qu’ailleurs », fait-elle valoir.
Toujours fort scrutées par les acteurs de l’école, les études PISA mesurent tous les trois ans -quatre ans cette fois-ci pour cause de pandémie- les performances en lecture, mathématiques et sciences de quelque 700.000 jeunes de 15 ans dans 81 pays développés ou émergents. En Fédération Wallonie-Bruxelles, ce sont 2.913 élèves de 103 écoles qui y ont participé.
Anxiété
Véritable mine de données, cette dernière édition révèle aussi une anxiété particulièrement forte des élèves wallons et bruxellois envers les mathématiques, en particulier parmi les filles qui sont près de 80% à avoir peur d’échouer dans cette matière, contre 60% de garçons. Plus inquiétant: les jeunes Belges francophones sont ceux qui ont la conception la plus figée de l’intelligence: ils sont ainsi 54% à penser que le niveau d’intelligence d’un individu ne peut être changé, et 78% estiment même que pour réussir en mathématiques, il faut tout simplement être doué, le travail et l’étude n’y changeant rien… « Cette ‘résignation apprise‘ fait que ces jeunes ne vont pas s’engager dans des tâches difficiles », poursuit Ariane Baye. « C’est sans doute la conséquence de l’organisation structurelle de notre enseignement, marqué par une tradition de fort redoublement et de relégation. Chez nous, les élèves sont vite mis dans une case avec une étiquette. Alors que dans d’autres pays, le statut de l’erreur est bien différent. Les élèves y ont le droit de se tromper ».
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Moyennement efficace, l’enseignement francophone belge a également pour triste particularité d’être l’un des plus inégalitaires au monde, jouant dès lors assez peu son rôle d’ascenseur social. L’écart de niveau en mathématiques entre les élèves les moins favorisés socio-économiquement et les plus favorisés s’est d’ailleurs encore un peu plus creusé dans cette dernière étude PISA. Il est à présent de 118 points, ce qui équivaut à quelque trois années de retard d’apprentissage environ.
Solitude et violence
Au-delà de la question des compétences des jeunes, l’enquête fournit aussi tout une série d’informations sur le climat scolaire. Près de 14% des élèves sondés en FWB disent ainsi se sentir seul à l’école, et 22% peinent à s’y faire des amis.
La violence semble aussi être un problème: 25% de nos élèves ont ainsi déjà assisté à une bagarre avec blessé dans leur école. Et près de 15% d’entre eux y ont vu un autre élève porteur d’un couteau ou d’une arme. L’étude confirme par ailleurs la pénurie généralisée d’enseignants un peu partout dans le monde, en ce compris en Fédération Wallonie-Bruxelles. Près de 40% de nos directeurs d’école disent connaître de sérieux problèmes d’attribution faute de professeurs.