Enfin des cours obligatoires à l’éducation sexuelle: voici à quoi votre enfant sera confronté
Les élèves de 6e primaire et de 4e secondaire auront, dès cette rentrée scolaire, un cours obligatoire d’éducation sexuelle. Les autres seront sensibilisés à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) via les cours traditionnels (sciences, histoire, géo, éducation physique).
Des cours d’éducation sexuelle obligatoires à l’école ? Depuis 2012, la Fédération Wallonie-Bruxelles invitait les écoles à proposer des animations liées à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS). Des moments d’apprentissage « théoriquement obligatoires », souvent peu suivis par les établissements. Onze ans plus tard, les acteurs politiques du sud du pays se félicitent « d’un accord historique Wallonie-Bruxelles ». Fédération Wallonie-Bruxelles, Région wallonne et Commission communautaire française (Cocof) ont trouvé un terrain d’entente, pour harmoniser les pratiques liées à l’EVRAS. « Les astres se sont alignés », glisse la porte-parole de Christie Morreale (PS), ministre wallonne de la Formation, de la Santé et de l’Action sociale.
Education sexuelle: 110.000 élèves concernés par le cours obligatoire
Les élèves de 6e primaire et de 4e secondaire recevront au moins une fois sur l’année la visite de professionnels issus des centres de planning familial. 85 000 élèves en Wallonie et 25 000 élèves à Bruxelles qui suivront au moins une formation sur l’année. « Désormais, chaque enfant, au cours de sa scolarité, pourra recevoir au minimum deux animations de ce type. Elles seront désormais dispensées par des opérateurs ou animateurs disposant d’un label, garantie de qualité et de professionnalisme », soulignent les trois ministres qui ont dégagé cet accord, Caroline Désir (Fédération Wallonie-Bruxelles, PS), Christie Morreale (Région wallonne, PS) et Barbara Trachte (Région Bruxelles-Capitale, Ecolo).
Cela permet aux élèves d’apprendre les notions de consentement et d’écoute de soi
Alexandra Hubin, sexologue
Les formations dispensées seront complétées par « les nouveaux référentiels du tronc commun », comprenez l’intégration des pratiques estampillées ‘EVRAS’ dans le programme des cours des élèves (sciences, histoire, géo, éducation physique, etc.), de la 3e maternelle à la 3e primaire.
« On donne aux élèves une une grille de lecture pour mieux aborder ce qu’on peut retrouver sur le web »
« L’EVRAS est positif, estime Alexandra Hubin, sexologue et chargée de cours invitée à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’UCLouvain. Cela permet aux élèves d’apprendre les notions de consentement, d’écoute de soi. Aussi, on leur donne un esprit critique, une grille de lecture pour mieux aborder ce qu’on peut retrouver sur le web ».
Alors pourquoi avoir choisi 2 années parmi les 10 qui relient la 3e maternelle à la 3e primaire ? « C’est avant tout une question de budget (5,8 millions d’euros ont été dégagés par les Régions pour financer les interventions des plannings familiaux), répond le cabinet de Christie Morreale. Il faut financer les opérateurs des plannings familiaux pour qu’ils se rendent dans les écoles. On ne pouvait pas le faire pour toutes les années, il a donc fallu faire des choix ». Le porte-parole de Caroline Désir explique de son côté pourquoi la 6e primaire et la 4e secondaire ont finalement été retenues. « Ce sont des moments charnières, l’occasion d’échanger avec les élèves sur les questions qu’ils se posent ».
Pourquoi la 6e primaire et la 4e secondaire ?
Qu’en pense Alexandra Hubin ? « En 6e primaire, on se retrouve au cœur d’une série de changements. Il y a la puberté, et les élèves commencent à avoir des GSM. Ils peuvent se retrouver face à certaines choses sur le web ». Pour la 4e secondaire, la sexologue émet l’hypothèse que c’est l’âge moyen de la première relation sexuelle. Selon le dernier sondage sur la sexualité des Belges réalisé par Le Vif, il s’élève à 16 ans. D’après le cabinet Désir, 38% des élèves entre la 3e et la 7e secondaire en FWB ont déclaré avoir eu au moins une relation sexuelle. En parallèle 25,0 % des élèves ayant déjà eu une relation sexuelle avaient eu leur première relation avant l’âge de 15 ans.
La sexologue rappelle l’importance de ce type d’animation. « Certains estiment qu’elles pourraient provoquer une sexualisation débridée chez les jeunes. Je leur dirais que la recherche scientifique montre que mieux informés, les jeunes ont leur première relation plus tard, et de manière plus sécure ». Dans un futur plus moins proche, Alexandra Hubin aimerait que l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle en milieu scolaire aille un cran plus loin. « L’étape suivante est d’élargir ce type d’animations à d’autres moments de la vie, dès la maternelle. Bien sûr il faut adapter le contenu en fonction de l’âge. Mais le plus tôt est le mieux ».
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici