Fin du smartphone dans les classes, réforme de l’enseignement qualifiant, nouvelle épreuve externe: l’année scolaire 2025-2026 accouchera de nombreux changements, tous niveaux confondus. © Getty Images

2025, une année pleine de changements dans l’enseignement: voici les nouveautés en 10 points

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

Plusieurs mesures entreront en vigueur dans les écoles en 2025, entraînant réorganisation et adaption pour les élèves et les équipes enseignantes. La plupart de ces changements ne seront toutefois d’application qu’après les vacances d’été.

Elections, changement de majorité et nouvelle feuille de route: l’année 2024 a été mouvementée en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle le sera tout autant en 2025, qui s’annonce comme l’année des premières concrétisations pour l’exécutif MR-Engagés. Plusieurs secteurs feront l’objet de profondes réformes dans les mois à venir, à commencer par le monde enseignant.

L’enseignement secondaire, surtout le qualifiant, sera secoué par des mesures d’économie. Mais les échelons fondamental et supérieur ne seront pas non plus épargnés. Qu’elles résultent de la nouvelle mouture budgétaire de 2025, de la Déclaration de Politique Communautaire (DPC) présentée en juillet ou du Pacte d’excellence mis en oeuvre depuis 2017, ces dispositions n’entreront toutefois en vigueur qu’à partir de la rentrée d’août, à quelques exceptions près. Tour d’horizon en dix points.

1. Moins d’encadrement dans le qualifiant

Comme évoqué, l’enseignement qualifiant est le grand perdant des réformes prévues cette année. La norme d’encadrement, à savoir le ratio nombre d’élèves/professeur, y sera notamment revue à la baisse (-3%) dès la rentrée prochaine. Une réduction censée éviter la démultiplication d’options par établissement, parfois très peu fréquentées, justifie la coalition Azur, qui promet qu’aucun emploi ne sera supprimé.

2. Fin de la 7e professionnelle ou technique

Dès la rentrée 2025-2026, les élèves titulaires d’un CESS ne seront plus autorisés à s’inscrire en 7e année secondaire (technique ou professionnelle). Sont concernés par exemple les élèves diplômés d’horticulture qui souhaiteraient compléter leur formation par une année de gestion pour ensuite créer leur propre société de jardinage. Ces jeunes seront redirigés vers des établissements «pour adultes», telles que la formation en alternance (IFAPME…) et la promotion sociale, ou vers l’enseignement supérieur. Des exceptions sont toutefois prévues, notamment pour pour les formations de prothésiste dentaire, d’opticien ou d’agent médico-social.

3. Pas de réinscription en 3e ou 4e secondaire pour les majeurs

Dans le cadre de son budget 2025, la FWB a également décrété que les élèves de plus de 18 ans ayant décroché de l’enseignement obligatoire pendant au moins un an ne pourront plus se réinscrire en 3e ou 4e secondaire. Ils seront, eux aussi, redirigés vers l’enseignement pour adultes. «Cela semble plus logique et efficace pour permettre à ces jeunes de se former et d’accéder à l’emploi, aux côtés de personnes de leur âge», justifie la ministre de l’Education Valérie Glatigny (MR).

4. Fin de l’usage récréatif du smartphone

Autre mesure-phare votée par le gouvernement MR-Engagés: l’interdiction des téléphones portables, tablettes et autres montres connectées dans tous les établissements de l’enseignement maternel, primaire et secondaire. Les écoles de la Fédération-Wallonie Bruxelles sont invitées à adapter leur règlement d’ordre intérieur dans les mois à venir, afin que ces nouvelles règles soient pleinement appliquées dès la rentrée 2025-2026. Ce changement, qui vise uniquement l’usage récréatif de ces outils, sera également d’application dans les écoles flamandes.

5. Lutte contre la pénurie d’enseignants

Pour remédier à la pénurie criante de professeurs, la ministre de l’Education table sur deux nouvelles dispositions pour 2025: la valorisation des années d’expérience des professionnels souhaitant se reconvertir dans les fonctions en pénurie (professeurs de langues, par exemple), résultant en un salaire plus attractif; et l’extension des pools de remplacement aux provinces de Namur et du Brabant wallon, pour pallier l’absentéisme de courte-durée et assurer la poursuite des apprentissages tant que faire se peut.

6. Nouvelle épreuve en 3e primaire

Comme promis dans sa Déclaration de Politique Communautaire (DPC), l’exécutif MR-Engagés veut mettre en place en fin de 3e année primaire une évaluation externe commune portant sur la maîtrise des
compétences de base. Baptisée CLÉ (pour «calculer, lire et écrire»), cette épreuve ne sera toutefois pas pleinement certificative: elle ne donnera pas lieu à un diplôme mais ses résultats pourront être comptabilisés dans le bulletin des élèves. La mesure, qui doit encore être définitivement approuvée, devrait déjà voir le jour dès la prochaine année scolaire.

7. Pas d’indexation pour le réseau WBE

Dans un souci d’économie, le gouvernement prévoit de limiter le financement du réseau WBE (Wallonie-Bruxelles Enseignement) en 2025. Comme les autres organismes parastataux (RTBF, ONE…), WBE va ainsi voir sa dotation gelée au niveau de 2024.

8. Baisse de la dotation de l’ARES

A l’instar de WBE, l’ARES, la coupole qui rassemble tous les acteurs de l’enseignement supérieur, devra également faire l’impasse sur l’indexation de son financement en 2025. En outre, sa dotation annuelle sera rabotée de 3,5 à 2,76 millions d’euros. Au total, l’ARES devrait ainsi perdre 21% de son budget.

9. Rééquilibrage du financement des unifs

Autre mesure visant le supérieur dans le budget 2025: la FWB prévoit de diminuer de 6,5 millions d’euros sa dotation annuelle aux universités, hautes écoles et écoles supérieures des arts pour les allocations complémentaires accordées pour l’inscription d’étudiants de condition modeste. Un définancement qui devrait toutefois être compensé par la hausse du minerval des étudiants non européens, promet la ministre de l’Enseignement supérieur Elisabeth Degryse (Les Engagés).

10. Tronc commun dès la 6e primaire

Dans le cadre du Pacte d’excellence, dont les prémices remontent à près de dix ans, la réforme du tronc commun entrera en vigueur en sixième primaire dès la rentrée 2025-2026. La mise en oeuvre de ce système, qui vise à renforcer la qualité des apprentissages et à réduire les inégalités, s’échelonnera sur les quatre prochaines années (adoption en 1ère secondaire à la rentrée 2026-2027, en 2e secondaire en 2027-2028, et ainsi de suite).

Les changements pour plus tard

Au-delà des mesures annoncées pour 2025, d’autres changements interviendront ultérieurement dans la législature.

C’est notamment le cas de la fin des nominations. Contrairement aux agents des administrations (Région wallonne et FWB), dont les nouveaux contrats prendront la forme d’un CDI dès cette année, le nouveau régime statutaire ne devrait concerner les enseignants qu’à partir de la rentrée 2027-2028.

Dans sa Déclaration de Politique Communautaire, l’exécutif MR-Engagés prévoit également une adaptation du tronc commun (voir point 10). Alors qu’il devait être appliqué jusqu’en 3e secondaire, cette dernière année sera plutôt vue comme une période de transition, avec moins d’activités communes et davantage d’activités «orientantes».

Sous cette législature, le gouvernement souhaite également fusionner les réseaux de l’enseignement officiel, qui regroupent les écoles dont le pouvoir organisateur est une autorité publique (réseau communal, provincial et WBE).

L’exécutif actuel devrait également signer la fin de l’enveloppe fermée dans l’enseignement supérieur, qui devrait être remplacée par un mécanisme de financement plus adapté aux réalités de chaque établissement.

Enfin, la coalition Azur entend porter le seuil de réussite des épreuves externes à 60%, contre 50% actuellement. Pour être diplomé de 6e primaire, un élève devrait ainsi réussir son CEB avec une moyenne générale de 6/10 à l’examen.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire