En avril 2016, l'annonce de la fermeture d'ESB avait viré au chaos. © Eric Lalmand/Belgaimage

Enquête ouverte sur la revente de l’aciérie ESB, tombée en faillite en 2016

David Leloup Journaliste

L’auditorat du travail de Liège a ouvert une information judiciaire sur la vente surprise, fin 2014, de l’aciérie électrique de Seraing à un holding luxembourgeois. Cette vente a évité à l’actionnaire GMH de s’acquitter du plan social négocié.

Un cariste qui défonce les murs de son entreprise. Un ouvrier qui tente de se pendre dans un atelier. Des bureaux saccagés et deux voitures détruites. Des actionnaires séquestrés et malmenés par des ouvriers à bout. Le 11 avril 2016, l’annonce de la fermeture de l’aciérie électrique ESB (Engineering Steel Belgium), à Seraing, avait viré au chaos. Deux semaines plus tard, la faillite était prononcée. Après seize mois d’attente d’une relance des activités, le couperet tombait pour les 125 travailleurs et leurs familles.

Aujourd’hui, l’affaire ESB rebondit en justice. L’auditorat du travail de Liège a ouvert une information judiciaire à la suite d’une plainte  » contre X « déposée par la FGTB et la CSC, a appris Le Vif/ L’Express. Pour comprendre cette procédure, il faut remonter à 2014 : en juin de cette année-là, les pertes cumulées d’ESB poussent son actionnaire allemand GMH à déclencher une procédure Renault de licenciement collectif. Le 18 décembre, un préaccord de plan social est signé par les syndicats et la direction d’ESB. Le 30 décembre, coup de théâtre : une obscure société de droit luxembourgeois, REM (rebaptisée Green Elephant quelques mois plus tard), rachète ESB à GMH avec la promesse de relancer rapidement l’activité. La procédure Renault est du coup annulée. GMH échappe ainsi à un plan social de 6 350 000 euros rien que pour le personnel ouvrier. C’est ici qu’intervient l’action en justice intentée par les syndicats.

FGTB et CSC estiment que leurs représentants au sein du conseil d’entreprise n’ont pas été informés correctement, par l’actionnaire GMH via la direction d’ESB, de la revente surprise de l’aciérie à REM/Green Elephant fin décembre 2014. En vertu de la convention collective de travail, le conseil d’entreprise aurait dû être informé  » en temps opportun  » et consulté au préalable.

Or,se souvient Philippe Rots, 56 ans, un des cinq plaignants,  » le mardi 30 décembre 2014, à midi, la délégation syndicale avait rendez-vous avec la direction pour signer le plan social définitif. Un quart d’heure avant la réunion, la direction a annoncé avoir trouvé un repreneur. Le soir même, un reportage annonçant le sauvetage d’ESB est diffusé au 19 heures de RTL-TVI alors que la direction n’annoncera la nouvelle que le 6 janvier 2015 au conseil d’entreprise.  »

 » Avec cette plainte, nous sommes engagés dans une procédure judiciaire longue et complexe, commente Jean-Luc Rader, secrétaire régional FGTB-Métal. Notre objectif vise à récupérer l’intégralité du montant du plan social initialement négocié avec GMH. Cet argent sera redistribué aux travailleurs lésés.  » Le syndicaliste insiste sur le manque de prudence de GMH dans le choix du repreneur, suspectant l’entreprise allemande d’avoir voulu esquiver le plan social et les frais de dépollution du site.

Par Michaël Pops et David Leloup.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire