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Engie et TotalEnergies accusées de «tentatives d’intimidation» par des ONG belges

Ces ONG dénoncent une atteinte à la liberté d’expression et une tendance «inquiétante» de criminalisation des mouvements défendant des droits humains et de l’environnement. Engie et TotalEnergies n’ont pas tardé à répondre.

Quinze organisations de la société civile belge, parmi lesquelles Greenpeace, ont dénoncé vendredi dans une déclaration commune une «tentative d’intimidation» de la part d’Engie et TotalEnergies. Des employés et membres de plusieurs organisations ont reçu des courriers des deux entreprises, les sommant de retirer leur soutien au mouvement de désobéissance civile Code Rouge, sous peine d’éventuelles poursuites judiciaires. TotalEnergies et Engie ont rétorqué «respecter le droit de manifester et la liberté d’expression» vendredi, dans deux communiqués disjoints

Des manoeuvres d’intimidation «inacceptables»

Mouvement citoyen indépendant, Code Rouge mène des actions pacifiques contre de grandes entreprises fossiles, «principales responsables du dérèglement climatique», rappellent les signataires – dont font également partie le réseau ADES, l’association Quinoa, Extinction Rebellion ou encore Vredesactie. Après l’annonce par Code Rouge d’une nouvelle action entre les 24 et 28 octobre prochains, TotalEnergies et Engie ont menacé d’engager la responsabilité de plusieurs organisations et, le cas échéant, de leurs administrateurs pour les éventuels dommages liés à cette action.

Soulignant le côté «farfelu» de ces menaces d’un point de vue juridique, les organisations pointent l’atteinte à la liberté d’expression. «Il est évident que l’expression d’un soutien politique à un mouvement citoyen ne peut engager la responsabilité d’une association, et encore moins de ses membres à titre personnel», peut-on lire.

Ces manœuvres d’intimidation, jugées «inacceptables», s’inscrivent selon les signataires dans une tendance «inquiétante» de criminalisation des mouvements sociaux et défenseurs des droits humains et de l’environnement, en Belgique notamment. «Les entreprises d’énergies fossiles accélèrent le dérèglement climatique, mettant des vies en danger pour générer des bénéfices colossaux. Après des années de plaidoyer et de mobilisation, il nous semble légitime que des citoyens recourent au mode d’action non-violent qu’est la désobéissance civile», a déclaré Damien Charles, chargé de mobilisation chez Quinoa. «Ces menaces témoignent de l’efficacité des actions de Code Rouge, qui ont déjà ciblé Engie et TotalEnergies par le passé, et ne font que renforcer notre soutien envers le mouvement», a-t-il conclu.

TotalEnergies et Engie contrattaquent

«La sécurité des salariés, riverains et des manifestants est notre priorité», assure en retour TotalEnergies, qui affirme «privilégier le dialogue». L‘entreprise explique avoir proposé une rencontre aux associations concernées pour «discuter de leurs engagements en faveur de la transition énergétique» dans un courrier du 19 août resté, à ce jour, «sans réponse».

Dans ce courrier, mis à disposition de Belga par les ONG concernées, TotalEnergies indique ne pas pouvoir cautionner des actions recourant «à la violence verbale ou physique» qui mettraient quiconque en danger, «même de manière non-intentionnelle». L’entreprise rappelle ensuite que toute intrusion sur ses sites par des personnes non-habilitées est «dès lors, strictement interdite».

Abondant dans ce sens, Engie souligne que ses centrales sont «des sites industriels où la sécurité doit être garantie», pointant aussi les «dommages aux infrastructures» lors de l’action Code Rouge sur le site de Flémalle en 2023. «Nous demandons donc aux activistes de s’en tenir à une manifestation pacifique […] sans pénétrer ni bloquer nos sites», continue Engie. «En cas d’implication dans des actions de Code Rouge, Engie et ses sous-traitants se réservent le droit de prendre toute mesure juridique jugée nécessaire», peut-on lire dans le courrier de l’énergéticien daté du 19 août. «Si des dommages devaient être constatés à l’avenir, votre responsabilité personnelle en tant qu’administrateur d’une association membre de la coalition pourrait être mise en cause», écrivait pour sa part TotalEnergies.

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