Enfin un ministre de la Santé qui prend le taureau par les cornes, mais cela suffira-t-il? (analyse)
Frank Vandenbroucke occupe le terrain que Maggie De Block avait déserté face au coronavirus. « Si la digue rompt, ce sera la catastrophe », dit-il. Mais n’est-ce pas tardif ou trop infantilisant face à la reprise de l’épidémie?
Quelque chose a changé dans le casting au niveau fédéral et cela se remarque. Le nouveau ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (SP.A), se fait rapidement un visage auprès de ceux qui ne le connaissaient pas au temps de sa gloire passée et donne un nouveau ton à la communication dans la lutte contre le coronavirus. « Une autre classe », commente notamment le docteur Thomas Orban, président de la Société scientifique de médecin générale. Les commentaires sont nombreux pour souligner la rupture de ton dans son chef.
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— Dr Thomas Orban – L’Union fait la Force🇧🇪 (@OrbanDoc) October 7, 2020
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Ce n’est pas très difficile: le nouveau ministre est tout simplement présent et actif, là où Maggie De Block (Open VLD), qui l’avait précédé à ce poste, avait fini par déserter à force d’être discréditée dans la gestion de la crise. La destruction du stock de masques, les sorties antimasques ou les approximations avaient fini par rendre la libérale flamande impopulaire et à rompre ses liens de confiance avec la Première ministre, Sophie Wilmès.
Frank Vandenbroucke arrive dans une équipe nouvelle, avide de montrer qu’elle prend les problèmes à bras-le-corps, et il dispose d’un sérieux crédit. Cet ancien président des socialistes flamands a des compétences solides en matière de santé et de sécurité sociale, notamment forgées lors d’un séjour à Oxford quand il a pris un moment du recul vis-à-vis de la politique active. Il occupe désormais le devant de la scène, en lieu et place des experts devenus par défaut les « stars » de la lutte, avec Sophie Wilmès.
En outre, le Premier ministre Alexander De Croo lui donne visiblement les coudées franches: lors de la conférence de presse consécutive au Comité de concertation, mardi, c’est lui qui a exposé les mesures, parlant longuement en néerlandais, puis en français. Ce matin, il était sur les ondes de la RTBF pour expliquer encore, reconnaître le caractère fastidieux des nouvelles mesures et donner des perspectives, déjà, sur le fait que’il ne peut pas garantir que les écoles ou universités resteraient ouvertes.
Un leitmotiv, évident dans son chef: prendre le taureau par les cornes. Il avait d’ailleurs déjà énoncé dans des interviews, le week-end, que les contacts sociaux allaient probablement être resserrés. Le nouveau gouvernement fédéral ne s’est d’ailleurs pas embarrassé d’un Conseil national de sécurité pour le décider: pas de théâtre, de l’action. « Si la digue se rompt, ce sera la catastrophe », insiste-t-il.
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Franck Vandenbroucke : "Je ne peux pas garantir que les écoles et les universités vont rester ouvertes" https://t.co/aKfFkuvnfZ
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Certains ont toutefois critiqué son côté « curé » faisant un prêche parfois infantilisant. C’est d’ailleurs une des grandes difficultés sur lesquelles Frank Vandenbroucke risque de se casser les dents: comment convaincre encore cette partie de la population, minoritaire sans doute, qui a lâché prise face aux mesures de restriction sanitaires?
La rupture de ton est manifeste, comme l’est la volonté de prendre des mesures « simples » à comprendre: tel est clairement l’objectif de cette « règle des quatre » qui entre en vigueur vendredi, pour un mois. Mais cela fait suite à tant de messages différents, cela sera-t-il intelligible? Et ce côté infantilisant visant à responsabiliser les Belges, est-ce toujours le ton adéquat? Les prochaines semaines de Frank Vandenbroucke, à tout le moins, s’annoncent intenses et décisives.
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