Pierre Hazette
Encore un petit effort, Monsieur Daerden ! (carte blanche)
Le Ministre du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles vient de révéler son inquiétude devant les perspectives budgétaires de la communauté française, principalement responsable de l’enseignement.
Essayons d’être réalistes. La première réaction à cette inquiétude légitime tombe sous le sens : la puissance publique, à tous les niveaux où elle s’exerce, doit faire preuve de modération et de pédagogie pour faire accepter la nécessité de remettre en question les dépenses qui ne sont pas d’une utilité avérée.
Notre lasagne institutionnelle fournit le premier exemple : en Wallonie et en Flandre, les provinces ont survécu à la régionalisation. Leur suppression, c’est-à-dire, la disparition des Conseils provinciaux, des Députations provinciales, en ce compris des cabinets des députés, libérerait des crédits plus utiles ailleurs et du personnel bien nécessaire dans d’autres services publics : l’administration de la Justice, de la police, des écoles, des hôpitaux, l’entretien des domaines ou bâtiments publics… Les membres de la direction et les enseignants des écoles provinciales passeraient sous statut régional. Les palais des Gouverneurs accueilleraient les services judiciaires aujourd’hui hébergés dans des conditions précaires. Quant aux pertes d’emplois, des cellules de reconversion en atténueront les effets.
Des dépenses non-nécessaires, on en trouvera aussi dans les conseils d’administration des intercommunales : les exemples ne manquent pas et la presse en a fait des démonstrations ahurissantes.
Au- delà de la survivance des provinces se pose la question du maintien de la Communauté française dans le paysage institutionnel. La caractéristique la plus évidente de ce niveau de pouvoir est qu’il est le seul à ne pas disposer de moyens financiers qui lui sont propres : son financement dépend de l’Etat fédéral et de la solidarité régionale. Ses moyens, insuffisants au regard des déficits qui s’accumulent, se réduiront encore annuellement dans quatre ans.
Il faut sortir de l’impasse au plus tôt. La chasse aux dépenses improductives n’y suffira pas. La régionalisation n’est pas la panacée, mais elle éliminera des dysfonctionnements évidents.
Un exemple : l’enseignement technique de qualification et l’enseignement professionnel de plein exercice ou en alternance sont de compétence communautaire, tandis que les formations en alternance pour le personnel des pme et les requalifications des chômeurs relèvent de la Région.
Ajoutons qu’il faudra investir massivement dans les mois qui viennent pour accroître l’attrait des fonctions enseignantes et lutter contre la pénurie, pour réformer la formation initiale et la formation continuée des enseignants, pour adapter notre enseignement à l’omniprésence de l’Intelligence Artificielle dans la plupart des professions.
Le Ministre vient de l’avouer à demi-mots : la fédération Wallonie-Bruxelles ne pourra pas répondre aux attentes légitimes de la population francophone.
Des voix se font entendre pour réclamer l ‘attribution aux régions du pouvoir d’administrer l’enseignement.
En Wallonie, l’offre d’enseignement répond et continuera de répondre aux exigences du libre choix.
Nous couvrons tous les besoins du niveau pré-maternel au niveau universitaire. Nous disposons de centres de formation professionnelle de qualité.
Nous avons un besoin impérieux de recréer de la richesse, non par cupidité, mais en réponse aux exigences de l’endettement et aux défis qui s’annoncent. Il nous revient de faire de la Wallonie une terre de résistance et de progrès.
L’école doit tenir sa place dans ce projet collectif.
Nous n’échapperons pas à une refonte complète de l’organisation et à une réflexion de fond sur la philosophie de l’éducation.
(Ce texte est extrait de l’ouvrage collectif « Que garder d’hier pour construire demain ?« )
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