En voiture Simone ! Et si je vous emmenais en vacances… dans un verre de vin ?
Et si je vous emmenais en vacances… dans un verre de vin ? Par la grâce d’une bouteille, fermer les yeux, faire appel à ses sens et visiter un coin de France, d’ailleurs… En somme, voyager dans le temps et l’espace, juste le nez dans le verre, la langue pétrie de souvenirs.
C’est le genre de bouteille qu’on planque bien au fond de la cave. Pour ne pas y toucher. Pour éviter, en posant les yeux dessus, de sentir l’envie vous prendre trop vite. Trop tôt. Elle mérite cette mise au placard, pour son bien. Tentatrice, pourtant : on connaît sa chair tendre, le charme croquant des framboises qui lui servent de bijoux, des touches discrètes de rose, comme un parfum derrière l’oreille. Avec elle, c’est la montagne Sainte-Victoire qui se dresse, calcaire et encore sauvage, tandis que le soleil vous brûle la nuque. Il fait bon se promener dans cette Provence-là, chercher la fraîcheur dans les collines boisées, un peu d’air enfin ! Puis, entre deux ifs, découvrir le château. C’est une demeure classique, toute blanche, à peine imposante, juste ce qu’il faut. La classe dans la sobriété.
Evidemment, il y a un roman familial autour. Un obstiné qui aura donné un nom à l’appellation : » Palette « , comme l’outil du peintre, où les couleurs naissent et se mélangent, là où tout créer et raconter. Toute petite appellation, au sein des plus tapageuses provençales, elle se mérite. Il faut lui laisser du temps. La planquer donc. Mais, trop tard : la main est dessus, la tentation était trop grande. Cette bouteille, ah !, pour la comprendre, il faudrait une fois se perdre dans les galeries du château, en plein cagnard, frissonner : la différence entre le dehors et le dedans est délicieuse. Dans les barriques, de belles endormies. Des dizaines, des centaines de Simone patientent dans le silence. Toutes soeurs, blanches ou roses, ou rouges. Mais revenons-en un instant à elle : 2006, une robe façon bouche mordue, qui tournoie dans le verre, brillante. Il faut y plonger le nez comme on l’enfouit dans le cou de l’amour, un matin d’été. Alors, de l’iris, du jasmin et toujours cette rose ancienne, presque orientale. L’odalisque est là : Simone danse et use de son charme. Il faut y goûter, la savourer. Ce grand sommeil ne lui a rien enlevé : toute sa chair est là, mûre, pleine. La voici presque toute bue : un grand sourire vous pousse, vous sentez la caresse du vent, les ifs qui se plient et ondulent, l’herbe sous vos pieds, le blanc éclatant du calcaire et tout ce qui fait de ce coin de Provence un paradis perdu, connu seulement des initiés.
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