Joyce Azar
« En Flandre, les écoles en mal de profs »
Depuis plusieurs années déjà, la Flandre souffre d’une pénurie structurelle d’enseignants. La situation actuelle est toutefois devenue alarmante : selon l’Office flamand de l’emploi (VDAB), un millier de postes à pourvoir demeurent désespérément vacants. C’est environ deux fois plus qu’il y a un an.
Les cours les plus concernés sont le français, les maths ainsi que les matières scientifiques et techniques. D’après la ministre flamande de l’Enseignement, Hilde Crevits (CD&V), la Région devra annuellement recruter de 5 000 à 7 000 nouveaux instituteurs dès 2019. Une tendance qui devrait perdurer, et qu’aucune mesure n’est, pour l’instant, parvenue à freiner.
Divers moyens ont pourtant été déployés au nord du pays pour remédier au manque criant d’enseignants. Cette année, Hilde Crevits a notamment lancé des plateformes permettant d’offrir une sécurité d’emploi aux jeunes profs. Pendant un an, ces derniers peuvent bénéficier d’un salaire à temps plein pour effectuer des remplacements et parfaire leur formation. Le système semble bien fonctionner, excepté dans les grandes villes, qui demeurent affectées par un manque d’effectifs. La ministre compte, dans la foulée, lancer une campagne pour stimuler les vocations, et proposer des outils permettant aux enseignants des zones urbaines de mieux faire face aux défis de la pauvreté et de la diversité. Depuis quelques années, les enseignants qui le souhaitent peuvent, par ailleurs, décider de continuer à travailler au-delà de l’âge légal de la pension.
D’après différentes études, dont les tests Pisa, la qualité de l’enseignement flamand est en recul.
Le ministre-président flamand, aussi, a entrepris des démarches pour pallier la pénurie d’enseignants : lors d’une conférence intergouvernementale, menée début novembre avec les Pays-Bas, Geert Bourgeois (N-VA) et le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, ont ainsi conclu un accord pour lutter conjointement contre le phénomène.
L’un des plus grands obstacles demeure sans doute l’attractivité de la fonction. D’après une récente enquête, les enseignants flamands travaillent en moyenne 41,5 heures par semaine, un horaire qui peut grimper jusqu’à 50 heures dans les écoles du secondaire. Cette charge de travail vient s’ajouter à un statut souvent précaire. Une combinaison qui explique probablement le nombre record de congés maladie enregistré chez les profs en 2016. Face à ces multiples constats, la Flandre va devoir déployer les grands moyens pour redresser la barre et éviter que la situation ait un impact sur sa prospérité.
Sur le terrain, les conséquences du manque de professeurs se font déjà ressentir : d’après différentes études, dont les tests Pisa, la qualité de l’enseignement flamand est en recul. Les connaissances des élèves se sont notamment détériorées en maths et en français, une matière pour laquelle il pourrait être utile de franchir la frontière linguistique et d’engager des profs francophones, quitte à leur proposer un incitant financier pour quitter leur Région. Quoi qu’il en soit, dès 2019, le prochain ministre de l’Enseignement va devoir faire preuve d’ingéniosité et dégager les moyens nécessaires pour préserver le niveau, jusqu’ici encore très bon, des écoles flamandes.
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