« En Flandre, la sécurité sociale est un filet, pour certains en Wallonie c’est plus un hamac »
Les dépenses de santé augmentent plus rapidement en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre. C’est ce que constate la mutuelle flamande VNZ (Vlaams & Neutraal Ziekenfonds) dans un nouveau rapport.
Entre 2016 et 2017, les dépenses en soins de santé flamands ont augmenté d’1,1%, en Wallonie de 1,9%. En 2016, on a dépensé 82 euros de plus par Wallon que par Flamand, en 2017 cet écart était de 103 euros. C’est ce qu’écrit le VNZ sur base de ses chiffres.
Directeur du VNZ, Jürgen Constandt se pose beaucoup de questions sur cet écart grandissant. « Les Flamands contribuent plus à la sécurité sociale », déclare Constandt. « Le Flamand paie en moyenne 8963 euros de cotisations sociales. En Wallonie, c’est 2 000 euros de moins, c’est le principe de solidarité. Mais malgré ces flux d’argent, le nombre de personnes qui bénéficient d’une intervention majorée en Wallonie, et surtout à Bruxelles augmente », constate Constandt.
Aujourd’hui, 21% des Wallons bénéficient d’une intervention majorée. Ce sont des personnes qui perçoivent un revenu faible qui paient moins de soins de santé. Au tournant du siècle, ce chiffre était d’environ 18%. À Bruxelles, 32% des gens ont une intervention majorée, en Flandre 15%.
« Je n’ai aucune objection contre la solidarité en soi, mais nous constatons peu de résultat à Bruxelles et en Wallonie, affirme Constandt. « Les Flamands sont moins souvent absents au travail que les Wallons. À l’Union des mutualités neutres, les titulaires flamands perçoivent une indemnité maladie pour 20 jours en moyenne par an. En Wallonie, ce sont 26 jours. Je fais ces calculs depuis 2006. Alors la différence était d’un petit deux jours, aujourd’hui elle est de six jours. »
Cependant, certains critiques n’adhèrent pas aux chiffres du VNZ parce que leurs échantillons sont trop limités. En outre, les résultats ne seraient pas standardisés. Environ 50% des dépenses en soins de santé sont causés par 5% des gens. Il s’agit alors de personnes âgées ou de personnes gravement malades. Si on pesait l’intérêt de ces personnes toutes proportions gardées, une grande partie des différences régionales entre la Wallonie et la Flandre disparaîtraient.
Pour Constandt, l’échantillon est suffisamment représentatif pour la Flandre, et la Wallonie. « Il s’agit de près de 5% de tous les assurés de ce pays. Que les critiques dévoilent leurs chiffres. On attend ça depuis des années. »
Pour expliquer les différences entre la Flandre et la Wallonie, Constandt indique surtout les responsabilités politiques, et la culture médicale. « En pourcentage, la Flandre dépense une plus grande partie de son PIB pour la Wallonie que ce que donnait l’Allemagne de l’Ouest à l’Allemagne de l’Est. Cependant, la solidarité dans notre pays n’est pas axée sur les résultats. Qu’aujourd’hui, le fait que les Wallons sont plus souvent en incapacité de travail ou invalides est partiellement dû au fait que les allocations de chômage sont contrôlées plus sévèrement ce qui fait qu’ils retombent plus vite sur l’indemnité maladie. En Flandre, les personnes malades sont plus rapidement réintégrées. Je ne prétends pas que les Wallons sont paresseux ou profiteurs, et la solidarité ne me pose pas de problème, mais il y a tout de même une différence de culture. En Flandre, la sécurité sociale est un filet, mais j’ai le sentiment qu’en Wallonie, pour certains elle est plus un hamac ».
D’après ses détracteurs, les autres mutuelles fournissent de gros efforts, y compris en Wallonie et à Bruxelles, pour réactiver les personnes et il y a peu de différences entre les régions.
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