Pierre Havaux
Emploi : l’impuissance est au pouvoir
Attention, chute d’emplois. Ford Genk, ArcelorMittal, Duferco-NLMK: l’automobile et la sidérurgie dégustent, l’industrie broie du noir. Le monde politique craint l’orage social, se démène. L’impuissance est au pouvoir.
Avant-hier Renault-Vilvorde, hier VW Forest, aujourd’hui Ford Genk. La Belgique se repasse le mauvais film, celui des fermetures brutales d’usines qui jettent à la rue des milliers de travailleurs au nom de stratégies industrielles qui n’ont que faire de leurs intérêts. Un malheur n’arrivant jamais seul, la sidérurgie liégeoise (ArcelorMittal) et louviéroise (Duferco-NLMK) complète le casting.
L’histoire sociale repasse les plats. Déclenche les mêmes réflexes. Imprécations, vociférations, condamnations, pleurs, manifestations de solidarité. Appel aux gestes forts, au sursaut, à la réaction vigoureuse mais toujours digne.
Flamand, wallon, fédéral : tous les gouvernements sont sur les charbons ardents. La marmite sociale bout sous l’accumulation des drames. Mauvaise passe. Doublée d’un aveu d’impuissance.
Face au carnage, on tente de faire bonne mesure. Le PS se devait d’être aux premières loges, pour signifier au monde du travail qu’il ne serait pas abandonné. « Il est grand temps de dépasser les clivages politiques et d’unir l’ensemble des forces vives de notre pays pour défendre au mieux les droits des travailleurs. » C’est bien dit par voie de communiqué, et cela ne mange pas de pain.
Les socialistes n’en restent pas là : l’oeil braqué sur le sort incertain de la sidérurgie, ils demandent « instamment aux groupes industriels concernés de faire connaître leurs intentions sérieuses quant à leur stratégie industrielle en Région wallonne. » Intentions… sérieuses ? Faut-il en déduire que tout ce qui a pu être juré, promis, signé entre pouvoirs publics et grands noms de l’industrie, n’était que pour rire jusqu’ici ?
Se tourner vers l’Europe pour réclamer un soutien à la reconversion de l’usine automobile Ford à Genk, comme le font le Premier ministre Di Rupo et le ministre-président du gouvernement flamand Kris Peeters, paraît déjà moins risible. A défaut d’être porteur de réels espoirs.
Quant à chercher à s’émanciper des multinationales qui mettent la clé sous le paillasson après qu’on leur ait déroulé le tapis rouge : on tombe dans l’angoisse de la page blanche.
Pierre Havaux
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici