Emmanuel André: « Omicron est un variant qui arrive à circuler extrêmement rapidement »
Emmanuel André, microbiologiste, était l’invité de la matinale de La Première. Selon lui, « quand on prend l’hypothèse qu’un nouveau variant ne va pas créer de formes sévères, on sait qu’on va se tromper ».
Emmanuel André, microbiologiste à l’UZ Louvain était l’invité de Matin Première ce mardi. Il a notamment abordé le nouveau variant, Omicron qui s’est développé en Afrique du Sud. « On est toujours à un cas détecté en Belgique. Par rapport à ce variant, il est important de regarder ce qu’il se passe en Afrique du Sud. L’Afrique du Sud a connu plusieurs vagues avec les variants précédents, donc c’est un variant qui arrive à circuler extrêmement rapidement dans un terrain qui est celui d’une population qui a énormément d’immunité naturelle par rapport aux vagues précédentes. C’est un virus qui est très contagieux, dans un contexte dite d’immunité naturelle extrêmement développé, probablement le plus développé au monde. »
S’agit-il d’un variant qui pourrait donc réinfecter des personnes qui ont déjà été infectées ces derniers mois ou ces dernières semaines ? « Ca me parait être une évidence », répond Emmanuel André. « C’est un variant qui a des capacités d’échappement à notre protection immunitaire naturelle et probablement aussi par rapport au vaccin. C’est un des éléments qui caractérise ce variant Omicron. »
Quels symptômes?
Et par rapport aux symptômes qu’il provoque ? « La première évaluation effectuée par les spécialistes sud-africains a été faite sur les premiers cas confirmés. Ils n’ont pas observé beaucoup de formes sévères. Mais ils ont observé une population jeune, très jeune et donc pour tous les variants, quand on observe la même population, on ne va pas ou très peu observer de cas de forme sévère parce qu’ils n’appartiennent pas à une catégorie à risque. Maintenant, le travail qui doit être effectué c’est d’osberver chez les personnes plus âgées, plus vulnérables s’il y a des formes sévères plus fréquentes ou moins fréquentes que pour les autres variants. Mais il faut partir de l’hypothèse que ce variant Omicron va créer des formes sévères au même titre que tous les autres variants qu’on a eu par le passé. » « Quand on prend l’hypothèse qu’un nouveau variant ne va pas créer de formes sévères, on sait qu’on va se tromper » a ajouté l’expert. « On a toujours envie de voir l’hypothèse positive, mais notre rôle en tant que scientifique c’est aussi d’essayer de rappeler qu’il y a d’autres hypothèses plus probables. »
Remplacement
Est-ce que le variant Omicron va remplacer le variant Delta? « Je crois que c’est ce qu’il va se passer » explique Emmanuel André. « Dès qu’on le cherche, on le trouve. Quel que ce soit le pays, il a déjà réussi à se propager. C’est ce qu’il s’est passé avec chaque remplacement de nouveau variant. Ces nouveaux variants prennent la place, petit à petit, du variant préexistant. Ce à quoi il faut faire attention c’est que cette rapidité de remplacements ooit réduite le plus possible. Pourquoi? Parce que quand ce remplacement se fait de façon trop rapide, il y a un emballement qui fait que ça emmène une vague d’infections qu’on veut surtout éviter. » « Limiter les voyages peut aider mais fermer des frontières est souvent inutile. »
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Pour Sophie Lucas, immunologue à l’UCLouvain, également interrogée par nos confrères de la RTBF, « les signaux d’alarme sont là ». « Il faut être attentif à ce nouveau variant, l’effet des vaccins et notre capacité à limiter sa propagation. Maintenant, ce n’est pas la peine de paniquer. Il faut temporiser, prendre le temps d’évaluer les éléments à notre disposition dans les semaines à venir », explique l’experte. « Il faudra plusieurs semaines ou plusieurs mois pour savoir s’il est vraiment plus contagieux, si les réponses immunitaires induites par la vaccination ou par l’infection naturelle ont un risque de diminuer la protection. »
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