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Émancipés, les nouveaux présidents de parti ? Maxime Prévot, le fils parfait

Mélanie Geelkens
Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Maxime Prévot, qui dirige le CDH depuis janvier 2019, est l’exact opposé de Benoît Lutgen, son prédécesseur. Et c’est pour ça que tout le monde l’apprécie.

Le ton. Se désigner un successeur, au CDH, a rarement été une réussite. En 1995, Gérard Deprez voulut adouber Joëlle Milquet, mais la base du parti renâcla et la Bruxelloise dut patienter quatre ans. Lorsqu’elle dut à son tour sélectionner son remplaçant, en 2011, tout le monde pensa que Benoît Lutgen serait sa parfaite prolongation masculine.  » Ça n’a pas du tout été le cas, raconte un centriste. Benoît était secret, distant, beaucoup plus méfiant que séduisant.  » Tout ce que n’est pas Maxime Prévot, l’héritier que Lutgen s’est choisi. Lui est un convivial, un jovial, et ce que son parti en retient, depuis un an qu’il le dirige, c’est le changement d’ambiance insufflé. L’un souligne son côté rassurant, l’autre la confiance qu’il accorde ( » pas sur notre dos à dire « pourquoi t’as fait ça » « ) ou, plus accessoirement, les pintes qu’il apprécie déguster. Son profil séduit, aussi : un rural éghezéen devenu un urbain namurois, universitaire et multilingue, passé un temps dans le privé mais ayant fait toutes ses classes au CDH depuis la militance de base. Pas une greffe externe, comme son prédécesseur. Mais une greffe présidentielle apparemment réussie. Pour une fois.

Le fond.  » Il fera beau demain « , chez les centristes, selon Maxime Prévot, qui a choisi une stratégie d’opposition en guise de refonte de son parti. Ce processus devrait durer un an, le temps de faire émerger de nouvelles personnalités (plus facile lorsqu’on ne siège pas dans une majorité) et de  » co-construire  » un programme avec militants ou citoyens. Le Namurois a donc entamé une série de  » rêves party  » (à fond sur le slogan, décidément) dans les sections locales. Où  » il ne s’assied plus sur une estrade, comme s’il délivrait la bonne parole, mais en cercle avec les gens.  » Sinon, on le dit très concerné par les thématiques qu’il portait, jadis, comme ministre wallon : le handicap, le vieillissement, l’action sociale.

Les institutions. Le roi du slogan, c’est Laurent de Briey, ancien directeur du centre d’études du CDH sous Joëlle Milquet, promu responsable du processus  » Il fera beau demain « . Maxime Prévot a également nommé Stéphane Nicolas, ancien chef cab, à la direction du centre d’études Cepess où il se charge de la gestion de l’actualité politique quotidienne, et a été rechercher Alain Raviart (ex-Milquet boy) comme communicateur en chef. Les secrétaires politiques des groupes ont aussi pas mal changé. Renouvellement interne comme externe.

Les tensions. L’avantage de l’opposition, c’est de pouvoir se concentrer sur son parti sans trop devoir discuter avec les autres. Pourtant, les relations avec Paul Magnette ne seraient pas mauvaises. Les deux hommes ont  » ministré  » ensemble avant que Benoît Lutgen ne lache le PS et cet héritage-là, Maxime Prévot peut le faire porter uniquement sur son prédécesseur. Avec Ecolo et DéFI aussi, le dialogue serait devenu plus aisé.

En interne, les quelques voix dissonantes qui avaient blâmé le choix de l’opposition, en juin 2019, ont eu l’été pour se calmer. Nul ne critique plus le fils parfait. En cas d’élections anticipées, incompatibles avec cette stratégie de refonte sur le long terme, cela pourrait rapidement changer.

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