Émancipés, les nouveaux présidents de parti ? François De Smet, le fils adopté
Il était philosophe et haut fonctionnaire. Aujourd’hui, François De Smet préside un parti – DéFI – dont il n’était pas membre il y a un an. Par la volonté d’Olivier Maingain.
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Le ton. Olivier Maingain était allé le chercher hors de la famille, il y a un peu plus d’un an. Il l’avait choisi comme il se serait rêvé, en intellectuel engagé, à la française, en politique qui écrit des livres ou en philosophe qui fait de la politique. Il est en décembre dernier devenu président de parti, et Olivier Maingain l’y a poussé sans le dire trop haut. Ce ton plus bas distingue essentiellement le président ancien du président nouveau : François De Smet est moins bon orateur mais meilleur débatteur qu’Olivier Maingain mais sera bien davantage sur les réseaux sociaux que son prédécesseur. François De Smet a 42 ans, mais il est déjà un communicant postmoderne.
Le fond. Olivier Maingain rêvait de transformer le FDF en DéFI, il l’a fait en novembre 2015. Olivier Maingain espérait identifier la formation qu’il présidait depuis 1995 à d’autres causes que le combat francophone. C’est François De Smet qui devra s’en charger, lui qui est moins arrivé au parti en réaction à l’impérialisme flamand que porterait la N-VA qu’à un libéralisme conservateur que prônerait aujourd’hui son ancienne formation, le MR. Le libéralisme de DéFI, celui de François De Smet, se proclame social. DéFI et François De Smet veulent doter la Belgique d’une nova carta qui parachèvera l’Etat fédéral. Mais François De Smet et DéFI parleront toujours plus de mobilité, de laïcité ou d’économie – la prochaine université d’été, la première de l’héritier présidentiel, y sera consacrée.
L’institution. On le dit plus ponctuel que son prédécesseur, dont les retards étaient devenus proverbiaux : François De Smet n’a pas tardé à lancer, dès son entrée en fonction, un audit sur les structures du parti qui n’a pas encore livré ses conclusions. Le parti qu’il préside est aujourd’hui bien moins bruxellois que celui qu’Olivier Maingain prit en main il y a un quart de siècle : 40 % de ses membres sont aujourd’hui wallons, 52 % bruxellois (les 8 % restants proviennent de la périphérie). La structure devra le considérer, d’autant plus que ses mandataires, eux, sont principalement bruxellois – et même principalement députés bruxellois – ce qui déséquilibre l’édifice à rénover. Au figuré comme au propre : DéFI compte lancer une souscription pour financer les travaux dont son siège désuet de la chaussée de Charleroi a bien besoin.
Les tensions. A l’externe, la N-VA présente deux traits qui connectent le FDF d’hier au DéFI de demain, et le François De Smet de Myria (le Centre fédéral migration) au De Smet François de DéFI : elle est à la fois nationaliste flamande et très conservatrice. S’y opposer intangiblement permettra de faire converger les luttes des anciens et des modernes.
A l’interne, la constellation des réticents à l’hyperpuissance d’Olivier Maingain n’est pas (encore ?) celle des résistants au pouvoir naissant de François De Smet. Son challenger à l’élection présidentielle, l’Auderghemois Christophe Magdalijns a rassemblé 35 % des suffrages, et souhaite s’imposer en contre-voix qui porte : celle des élus locaux des grosses sections historiques, où d’éventuels appétits successoraux pourraient naître. Notamment dans la famille. Fils à la ville d’Olivier Maingain, l’échevin de Bruxelles Fabian Maingain, 33 ans, comptera beaucoup dans le parti, mais on a considéré que son heure n’était pas encore venue. Notamment dans la famille.
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