Élisabeth, l’héritière
La future première reine régnante de l’histoire de Belgique aura 18 ans ce 25 octobre. Si les circonstances l’exigent, elle pourra succéder à son père le roi Philippe sans l’encadrement d’une régence. Pas de dotation prévue avant plusieurs années pour Elisabeth, qui poursuit ses études. Que fera-t-elle après ses secondaires ? Et comment la prépare-t-on à régner ?
Happy birthday ! Votre fille, qui soufflera ses 18 bougies ce mois-ci, organise elle-même sa fête d’anniversaire, un dîner-soirée dansante avec copains et copines au domicile familial. Le budget boissons-buffet-sono-éclairage est à votre charge et vous êtes gentiment prié d’aller passer la soirée et la nuit ailleurs. Scénario des plus classiques, vécu par de nombreux parents… La fête au Palais royal, ce 25 octobre, à l’occasion des 18 ans de la princesse héritière sera d’un tout autre genre. Pas de teuf entre potes au programme, mais une cérémonie officielle, de 11 heures à midi, suivie d’une réception. Elisabeth aura peu de temps pour s’y préparer : elle débarque la veille du pays de Galles, où elle poursuit ses cours à l’Atlantic College.
Élisabeth est une jeune fille sage, pondérée, sérieuse, bonne élève, pas vraiment une rebelle.
Quatre-vingts jeunes, nés comme la duchesse de Brabant en octobre 2001, ont été sélectionnés pour participer à l’événement. Ils sont originaires des dix provinces du pays, de Bruxelles et des cantons de l’Est. On leur a demandé d’écrire préalablement à la princesse un message de vingt lignes avec leurs voeux pour son avenir à elle, leurs rêves personnels pour leur vie d’adulte sur les plans professionnel et privé et leurs souhaits pour le pays et le monde. Cinq de ces contributions – deux en français, deux en néerlandais, une en allemand – seront lues par leurs auteurs lors de la cérémonie, qui se déroulera dans la salle du trône, là-même où ont lieu les concerts de Noël et où le roi Albert II a abdiqué. » Ces textes ont été choisis en fonction de leur intérêt et de leur diversité, et cela afin d’éviter les redondances, notamment sur l’action climatique ou la paix dans le monde, nous glisse-t-on au Palais. Il y aura aussi une prise de parole du roi Philippe. Discours et lectures alterneront avec la prestation d’une chanteuse et une danse contemporaine. » Qui seront les happy few invités à l’anniversaire d’Elisabeth ? » Ils se répartissent en trois catégories : la première est constituée de la famille, de proches, de conseillers du Palais et de professeurs qui ont contribué à la formation de la princesse. Dans la deuxième se retrouvent les autorités du royaume : membres du gouvernement, représentants des cultes et du pouvoir judiciaire, gouverneurs de province… La troisième est le groupe des 80 jeunes. »
» Ne pas en faire trop, ni trop peu pour ce moment symbolique »
Cérémonie, remise de décoration, diffusion de nouvelles photos de la princesse héritière… : le Palais a tenu à marquer le coup. Et pour cause : ce 25 octobre, Elisabeth aura atteint l’âge légal à partir duquel elle pourrait accéder au trône et prêter serment en tant que cheffe de l’Etat si les circonstances l’exigent (en clair, au cas où son père le roi Philippe viendrait à disparaître ou à abdiquer). » Tant qu’Elisabeth était mineure, ces circonstances auraient conduit à la désignation, par les deux chambres réunies, d’un régent ou d’une régente, voire d’un conseil de régence, qui aurait assuré la transition, comme le prévoit l’article 91 de la Constitution « , explique l’historien de l’ULiège Francis Balace, auteur de nombreux travaux sur la monarchie.
» On peut comprendre l’intérêt des médias et de l’opinion pour un nouveau visage, mais il ne faudrait pas que l’accession de la princesse à la majorité engendre trop d’attente, qu’elle donne l’impression que la relève est déjà au portillon, prévient un conseiller du Palais. Le roi Philippe et le reine Mathilde sont encore jeunes dans leurs fonctions. Et la vie de la duchesse de Brabant ne va pas changer parce qu’elle a 18 ans. Elle n’aura pas de bureau au Palais, pas de conseillers, pas de dotation avant cinq ou six ans. Après la célébration, elle retournera dans son collège gallois où elle terminera, fin mai 2020, ses études secondaires avec, à la clé, un baccalauréat international. Pour sa majorité, il a donc été décidé de ne pas en faire trop, mais pas trop peu non plus. Car ce 25 octobre est tout de même un moment symbolique pour la monarchie. Ce n’est pas tous les jours qu’on fête, en Belgique, les 18 ans d’un prince héritier en ligne directe ! »
Les 18 ans de Baudouin et du futur Léopold II
Cette situation est même inédite. L’un de ces héritiers en ligne directe, le futur roi Baudouin, était en exil en Suisse à l’époque de ses 18 ans, en septembre 1948. Le prince ne rentrera en Belgique que le 22 juillet 1950, avec son père, le roi Léopold III, et son frère, le prince Albert. L’autre héritier en ligne directe, Léopold, duc de Brabant, futur Léopold II, eut une mauvaise surprise pour ses 18 ans, au printemps 1853. Son père, le roi Léopold Ier, l’a emmené faire le tour des cours allemandes et autrichienne. Après s’être rendus à Gotha, Dresde et Berlin, père et fils arrivent à Vienne où, quelques jours plus tard, sont annoncées les fiançailles de l’héritier de la couronne de Belgique avec Marie-Henriette, archiduchesse d’Autriche et princesse palatine de Hongrie. C’était le but réel du voyage. Un beau succès diplomatique pour le premier roi des Belges : le souverain luthérien aura pour belle-fille une Habsbourg-Lorraine, dynastie prestigieuse et catholique. Mais le jeune couple, marié le 22 août 1853 à Bruxelles, se révèle vite très mal assorti. Grand échalas complexé par son long nez, » Léo « , comme on l’appelle dans sa famille, est un garçon taciturne, gauche et parfois arrogant. Cavalière émérite, Marie-Henriette, dont l’éducation a été négligée, choque par ses manières brusques. » C’est le mariage d’un palefrenier et d’une religieuse… étant bien entendu que la religieuse, c’est le duc de Brabant « , s’exclame Madame de Metternich. » Faut-il le préciser, la fête organisée ce 25 octobre au Palais pour la princesse Elisabeth ne vise pas à lui trouver un mari ! » commente, amusé, l’un des organisateurs de l’événement, à qui nous rappelons cette histoire.
Si l’accession d’Elisabeth à la majorité retient autant l’attention, c’est aussi parce que, pour la première fois dans l’histoire de la monarchie belge, le prince héritier est… une princesse héritière. La fille aînée de Philippe et Mathilde est la première à bénéficier de l’abrogation, en 1991, de la loi salique. La Constitution de 1831 stipulait que la succession au trône était réservée aux descendants de Léopold Ier » de mâle en mâle, par ordre de primogéniture et à l’exclusion perpétuelle des femmes « . Si le roi Baudouin a encouragé la suppression de la loi salique, c’est moins pour lever une vieille discrimination que pour retirer au prince Laurent, en qui il n’avait pas confiance, toute chance de prendre un jour la couronne. Première dans l’ordre de succession au trône de Belgique, Elisabeth sera la première reine régnante de l’histoire du pays. Quel titre portera alors son éventuel mari, qui ne peut être appelé » roi » ? Sera-t-il » prince consort « , comme dans la monarchie britannique ? » Cette question n’a pas encore été abordée « , nous précise Francis Sobry, le directeur médias et communication du Palais.
Pas de dotation avant plusieurs années
Dans l’immédiat, la princesse Elisabeth n’aura pas de nouvelles responsabilités. Ses parents, Philippe (qui, lui, fêtera ses 60 ans le 15 avril 2020) et Mathilde souhaitent qu’elle poursuive sereinement ses études et sa formation. Cela a mis un terme, en mars dernier, aux spéculations sur l’octroi d’une dotation à la jeune fille. La duchesse de Brabant aurait pu y prétendre en tant que princesse héritière devenue majeure. » Le roi et la reine tiennent à ce que leur fille aînée puisse mener une vie aussi normale que possible ces prochaines années, confirme un proche de la Cour. Elisabeth ne doit pas être perturbée par les obligations liées à un tel soutien financier. »
Il était question d’une somme de 920 000 euros par an, ce qui représente 2 500 euros par jour. Ce montant correspond à ce que perçoit aujourd’hui le roi retraité Albert II et à ce que Philippe recevait à l’époque où il était prince. Excessif ? Tout est relatif. La princesse héritière Amalia des Pays-Bas, 15 ans, touchera à sa majorité (elle aura 18 ans le 7 décembre 2021) la coquette somme de 1,5 million d’euros par an, soit plus de 4 100 euros par jour. Le feu vert du gouvernement néerlandais à cette dotation a suscité la réprobation de plusieurs partis d’opposition.
Un cursus qui pourrait se poursuivre outre-Atlantique
En Belgique, l’attribution d’une dotation à la princesse héritière dès ses 18 ans aurait sans doute suscité plus de remous politiques encore, en particulier dans les rangs nationalistes flamands. Surtout, le bénéficiaire d’une dotation doit organiser une série d’activités officielles et fournir chaque année un rapport à ce sujet au Parlement et un aperçu de ses dépenses à la Cour des comptes. » Il est sage de ne pas envisager dès maintenant une dotation pour Elisabeth, même si formellement elle y a droit « , estime l’historien de l’UCLouvain Vincent Dujardin, spécialiste de la monarchie. » La princesse aura une dotation vers l’âge de 25 ans, quand elle ne vivra plus chez papa et maman et qu’elle disposera d’une Maison, donc de son propre staff de conseillers et secrétaires, avance Francis Balace. Ses frères Gabriel et Emmanuel et sa soeur Eléonore, eux, ne bénéficieront pas d’une dotation et devront travailler pour gagner leur vie, comme le prévoit la nouvelle loi. » A terme, la future dotation de la duchesse de Brabant pourrait être évolutive, selon une source dans l’entourage de la famille royale : » Le montant augmenterait avec l’accroissement de ses activités officielles. Ce sera au Parlement d’en décider. On verra alors comment réagissent la N-VA et le Vlaams Belang. »
Une dotation à Elisabeth semble, en tout état de cause, incompatible avec la poursuite de ses études à l’étranger. Car il y a de fortes chances, nous assurent des proches du Palais, qu’après la fin de ses études secondaires à l’Atlantic College, Elisabeth entreprenne, à la rentrée 2020, des études supérieures à nouveau hors des frontières du royaume. » La Belgique est ainsi faite qu’il est impensable que la princesse héritière s’inscrive à l’UCLouvain, l’ULB, la KULeuven, la VUB ou dans tout autre établissement d’enseignement belge, s’exclame Francis Balace. Elle sera envoyée au Royaume-Uni, ou, plus probablement, aux Etats-Unis, comme son père Philippe. La tante d’Elisabeth, la princesse Astrid, a elle-même étudié à l’étranger, alors qu’elle n’était pas dynaste : elle a fait l’histoire de l’art à Leyde, aux Pays-Bas, et a complété sa formation à l’Institut d’études européennes de Genève. » Avantages d’une expatriation : elle assure aux princes une tranquillité et préserve leur neutralité communautaire et philosophique. » Faire des études supérieures dans l’un des rôles linguistiques belges s’avère très délicat pour une héritière de la couronne, confirme le chroniqueur royal Patrick Weber. Ce serait poser un acte politique. »
Le parcours du prince Amedeo, un exemple pour Elisabeth
Plusieurs membres de la famille royale ont effectué une partie au moins de leur cursus à l’étranger, loin du protocole et de la pression médiatique. Après des études primaires et secondaires en Belgique, le prince Philippe a étudié les sciences politiques en Grande-Bretagne (deux mois au Trinity College de l’université d’Oxford) et aux Etats-Unis (deux ans à la Graduate School de l’université Stanford, de 1983 à 1985). Son frère, Laurent, a effectué plusieurs stages outre-Atlantique au début des années 1990. De même, le prince Amedeo, fils aîné d’Astrid, a accompli les trois dernières années de ses études secondaires au collège Sevenoaks School, dans le Kent. De 2005 à 2008, il a poursuivi ses études à la London School of Economics.
» Dans la famille royale, Amedeo, parrain de sa cousine Elisabeth, fait figure d’exemple, de référence, de prince parfait, constate Patrick Weber. Il est polyglotte et a toujours été d’une grande discrétion. Le roi Albert II n’a pas caché, peu avant d’abdiquer, son admiration pour le plus titré des membres de la monarchie (NDLR : Amedeo est à la fois prince de Belgique, archiduc d’Autriche-Este, prince impérial d’Autriche, prince royal de Hongrie, Bohême et Croatie). «
Quelles études supérieures après le collège gallois ?
Elisabeth serait, dit-on, intéressée par l’histoire. Au point d’entreprendre des études supérieures dans ce domaine ? » Je doute qu’elle opte pour l’histoire ou l’histoire de l’art, comme l’ont fait d’autres princes, en Belgique ou ailleurs, répond Patrick Weber. La Belgique est un pays compliqué et de plus en plus fragile. Tant que le souverain exerce encore un rôle dans la formation du gouvernement fédéral, il est indispensable que le successeur au trône soit aguerri dans les domaines politique et institutionnel. La fille aînée de Philippe étudiera sans doute les sciences politiques et les relations internationales. Mais il n’est pas exclu, compte tenu du parcours de sa mère, diplômée en logopédie, que la princesse ait aussi une formation en psychologie. »
Elisabeth devrait également recevoir une formation militaire. » Cela fait partie du cursus d’une princesse héritière, reconnaît Patrick Weber. Victoria, princesse héritière de Suède, a elle-même suivi, en 2004, une formation militaire dans son pays. » L’historien Vincent Dujardin précise : » Il n’est pas obligatoire qu’elle passe, comme son père Philippe, par l’Ecole royale militaire (ERM), et si c’est le cas, ce sera peut-être pour une durée limitée. Mais il se peut aussi qu’elle fasse des stages d’immersion dans les différentes composantes de l’armée. »
» On ne l’obligera pas à sauter en parachute ! »
» On lui fera sûrement découvrir les traditions de régiments comme les chasseurs ardennais et les para-commandos, ajoute Francis Balace. En revanche, on ne l’obligera pas à passer le brevet para, à sauter en parachute et à piloter un avion de chasse, parcours du combattant suivi par son père ! » Philippe a obtenu son brevet de pilote de chasse sur Mirage V, avant d’intégrer le régiment para-commando, où il a été chef de peloton. Il a été promu lieutenant-général en 2010. » Un jour, au terme d’un vol en solo, le prince Philippe s’est présenté de travers à l’atterrissage, se souvient l’historien liégeois. Si l’aile de l’appareil avait touché le sol, c’était la catastrophe : le futur héritier de la couronne se crashait. Son formateur, un général, suait des gouttes comme des petits pois et hurlait dans la radio « Redresse Philippe, redresse ! » »
Patrick Weber reprend : » Philippe a un lien affectif avec l’armée, qui a été pour lui un révélateur, même si cette période n’a pas été facile pour lui. Le jeune prince qu’il était a découvert une forme de liberté à la Défense. Il a certainement dû en parler à sa fille aînée. » Plusieurs autres membres de la famille royale ont eu une formation militaire plus ou moins poussée. Le prince Laurent est passé par la Force navale et sa soeur Astrid par le Service médical de l’armée. » Quand, après l’abolition de la loi salique, Astrid s’est retrouvée en 3e position dans l’ordre de succession au trône, derrière son père Albert et son frère Philippe, on l’a priée de suivre une formation militaire rapide pour qu’elle puisse porter, elle aussi, l’uniforme, rappelle Francis Balace. C’est ainsi que la princesse s’est retrouvée, sur le tard, au Service médical et a obtenu le grade de colonel, mais sans subir l’entraînement classique d’officier. »
Un » grand bol d’air frais » pour la princesse héritière
Après deux années au pays de Galles, Elisabeth fera-t-elle d’abord des études supérieures à l’étranger, puis un passage par l’armée ? » Les étapes de la formation future de la princesse ne sont pas encore fixées à 100 %, assure Francis Sobry, directeur de la communication du Palais. Mais vous ne vous trompez pas en laissant entendre que ses études supérieures peuvent difficilement se faire en Belgique. » Les parents de la jeune fille et les conseillers de la Cour ont beaucoup réfléchi à l’avenir d’Elisabeth, selon un proche de la famille royale, qui enchaîne : » La priorité, c’est l’achèvement de ses études secondaires à l’Atlantic College, où elle se plaît beaucoup. Le climat gallois ne la dépayse pas : il y pleut au moins autant qu’en Belgique ! »
» Partir étudier à l’étranger a été, pour la duchesse de Brabant, un grand bol d’air frais, même si elle est très « famille » « , complète le chroniqueur royal Patrick Weber. Le collège, situé à Saint-Donat, à une trentaine de kilomètres de Cardiff, est logé dans un château médiéval du xiie siècle qui rappelle le Poudlard d’Harry Potter. L’institution dépend de l’United World Colleges (UWC), organisation internationale dont l’objectif est de favoriser la paix par l’éducation multiculturelle. Elisabeth prend part à des activités sociales, culturelles, sportives et religieuses (anglicanes). » Cette formation préuniversitaire est assez exigeante et lui laisse peu de temps libre « , glisse un proche du Palais. Aux cours donnés le matin s’ajoutent, le reste de la journée, des conférences, des activités de bénévolat social, du développement personnel et du sport.
La vie d’une princesse en liberté surveillée
» La duchesse de Brabant est une jeune fille sage, pondérée, sérieuse et plutôt réservée « , confie Patrick Weber. » Ce n’est pas l’étudiante la plus populaire de sa classe, note un insider. Elle a le profil type de la « bonne élève » et n’est pas une rebelle. » Une certitude : son statut de princesse de Belgique ne lui permet pas d’avoir une existence tout à fait semblable à celle des autres adolescentes de son âge. » Elle est sous la protection de gardes du corps, y compris au pays de Galles, un fil à la patte peu propice à une vie indépendante, confirme Patrick Weber. Elle ne peut avoir sa page Facebook, son compte Instagram, ou alors peut-être sous pseudo. » Elisabeth n’a pas trop à craindre l’intrusion de paparazzi dans son collège gallois. » En revanche, il y a toujours un risque que circulent des photos et selfies d’elle pris par des condisciples, même si les étudiants ont été dûment avertis, signale le chroniqueur royal. C’est un miracle qu’il n’y ait pas plus de photos volées de princes de Belgique sur les réseaux sociaux, à une époque où l’on ne cesse de prendre des clichés et vidéos avec son smartphone. »
Surnommée » Lisa » dans sa famille, Elisabeth retrouve celle-ci à chaque période de vacances ou presque. » Elle est très proche de ses frères, Gabriel et Emmanuel, et de sa petite soeur Eléonore, lâche Patrick Weber. Le moment où la future reine de 16 ans a quitté la famille pour rejoindre son collège gallois, fin août 2018, a été un peu dur, surtout pour ses parents. Philippe et Mathilde ont tenu à s’investir personnellement dans l’éducation et l’instruction de leurs quatre enfants. Ils sont tous deux exigeants, surtout la reine, que ce soit sur le plan scolaire ou celui des loisirs. » Confidence d’un membre de l’entourage de la famille royale : » Mathilde s’est épanouie à la fois en tant que reine et en tant que mère. En général, elle n’accepte de rendez-vous et d’activités officielles qu’à partir de 10 heures du matin et entre 14 et 16 heures, pour être autant que possible présente à la »maison » quand ses enfants ne sont pas à l’école. C’est un coach très impliqué dans leur formation scolaire, sportive et musicale. «
Pas de télé ni autres écrans pendant le blocus scolaire !
Elisabeth et Gabriel jouent du piano. En outre, la princesse héritière faisait partie de la chorale de son ancienne école, le collège Sint-Jan Berchmans. Son frère Emmanuel a appris la flûte et pratique actuellement le saxophone. Ce 4 octobre, pour les 14 ans du prince, le Palais a posté sur les réseaux sociaux une photo le montrant en train de jouer de cet instrument, le plus » belge » de tous (Adolphe Sax était Dinantais) ! Sa soeur Eléonore, elle, a opté pour le violon, si prisé par son aïeule, la reine Elisabeth. Toute la famille est musicienne, même le roi Philippe, qui a suivi ces dernières années des cours de piano avec un professeur particulier. » Il arrive que des jeunes soient invités au Palais pour des sessions musicales « , signale l’une de nos sources. » Mathilde est une mère stricte et un brin autoritaire, souffle un photographe de presse qui a accompagné de nombreux déplacements du couple royal. Elle nous a confié qu’elle interdisait à ses enfants de regarder la télévision et d’utiliser des écrans pendant les périodes de « blocus » scolaire. La reine nous demande des clichés pris lors des visites d’Etat et autres voyages officiels à l’étranger, car elle tient à raconter ses découvertes et rencontres à ses enfants. »
» De même, Philippe est un père comme les autres, constate Francis Balace. Il joue au ballon avec ses fils. » Le roi a pris l’habitude de conduire lui-même ses enfants au collège Sint-Jan Berchmans, en face de la gare Bruxelles-Chapelle, avant de rejoindre son bureau, au palais de Bruxelles. Aujourd’hui, seule la princesse Eléonore y est encore inscrite. Gabriel a rejoint depuis la fin août dernier une école privée anglophone, l’International School of Brussels, à Watermael-Boitsfort, et Emmanuel, dyslexique, est scolarisé depuis la rentrée 2012 à l’école spécialisée néerlandophone Eureka de Kessel-Lo, près de Louvain. Par ailleurs, le roi, qui s’est mis à la peinture voici quatre ou cinq ans, a réalisé, au départ d’une photo, un joli portait d’Elisabeth, qu’il a montré au couple présidentiel français Emmanuel et Brigitte Macron lors d’un déjeuner privé au palais royal, le 19 novembre dernier (le souverain a aussi peint deux portraits de son oncle, le roi Baudouin, exposés pendant l’été 2018 au palais royal de Bruxelles).
Philippe avec ses enfants : le contre-pied d’Albert et Paola
» Si le roi est un père si présent et si proche de ses enfants, c’est en réaction à ce qu’il a connu lui-même dans son enfance, assure un proche du Palais. Albert et Paola, couple en crise dès 1966, voyageaient souvent, sortaient beaucoup, abandonnaient à leur sort leurs trois enfants, qui en ont énormément souffert. Le petit Philippe a été confié à des familles de compagnons de classe. » Francis Balace confirme : » Philippe reproche à ses parents de l’avoir trop souvent laissé seul dans son enfance. Il a considéré Michel Didisheim, conseiller puis chef de cabinet de son père de 1966 à 1986, comme un père de substitution. Devenue reine, Paola s’est empressée d’éloigner Didisheim de le nouvelle Cour, moyennant l’octroi d’un titre de comte. »
Patrick Weber appuie : » Il est frappant de constater que deux parents peu exemplaires, Albert et Paola, ont eu trois enfants qui sont, eux, d’excellents parents : Philippe a une complicité avec ses enfants, Astrid est une mère formidable et Laurent est, lui aussi, un père aimant. » Vincent Dujardin en convient : » La princesse Elisabeth a la chance d’avoir deux parents unis, qui jouent eux-mêmes le rôle d’éducateurs, ce qui est assez nouveau dans l’histoire de la monarchie. De plus, le roi et la reine veillent à préserver l’entente entre leurs quatre enfants, tous associés aux cérémonies et autres tâches de représentation, telle la présence au Concours musical Reine Elisabeth. Il n’en a pas toujours été ainsi : Albert Ier et sa femme Elisabeth ont porté beaucoup plus d’attention à leur fils aîné, le futur Léopold III, qu’à son frère Charles, le futur régent. »
Sur les comptes Facebook et Twitter du Palais
Dès ses 17 ans, Elisabeth a été repérée par la presse people internationale, qui a commencé à vanter sa beauté et son élégance. Peu avant son départ pour le pays de Galles, la princesse héritière a ainsi été qualifiée d' » icône montante de la mode » dans un article de la revue américaine Paper Magazine (titré Elisabeth of Belgium : Next Generation Style Star). Elle apparaît aussi bien en robe de grands couturiers et hauts talons qu’en jeans et baskets. Ses parents et le Palais veillent néanmoins, nous assurent nos sources, à ce qu’elle ne soit pas trop exposée.
A la rentrée des classes de septembre 2016, une certaine presse à sensation a publié des photos du petit prince Emmanuel en pleurs et pris par le roi Philippe dans ses bras pour le consoler. Après cet incident et d’autres du même type, le Palais aurait insisté pour que les rédactions concernées s’abstiennent désormais de harceler médiatiquement les enfants du couple royal. En revanche, pour satisfaire l’intérêt du public et soigner par la même occasion l’image de la monarchie, une dizaine d’événements familiaux royaux par an donnent lieu à des séances de photos (anniversaires, Noël devant la crèche, vacances d’été, rentrée des classes…). Ainsi, le 5 septembre dernier, le Palais a posté sur ses comptes Facebook et Twitter une photo de la duchesse de Brabant devant son château gallois à l’occasion de son retour sur les bancs de l’école. » Les monarchies espagnole, néerlandaise et autres diffusent, elles aussi, régulièrement des photos de membres de la famille royale, remarque Patrick Weber. Au Royaume-Uni, on va même plus loin : Kate Middleton, duchesse de Cambridge, et Meghan Markle, duchesse de Sussex, prennent elles-mêmes des photos de leur progéniture et les postent sur les réseaux sociaux. »
Déplacements avec le roi et la reine en alternance
Dans le même temps, la préparation de la princesse Elisabeth à son futur rôle de souveraine se poursuit. » Il y a eu un léger coup d’accélérateur dans ses tâches de représentation ces derniers mois, mais on évite de toute évidence de trop la mettre sous les spotlights « , relève l’historien Vincent Dujardin. » L’idée est d’alterner ses déplacements sur le terrain avec le roi et ceux avec la reine « , explique Francis Sobry, le directeur médias et communication du Palais. En avril dernier, la princesse Elisabeth, de retour au pays pour les vacances de Pâques, a ainsi accompagné son royal papa qui rendait visite au Centre de formation des pompiers de Bruxelles. L’occasion de la voir en veste et bottes de pompier en train d’éteindre à la lance un départ de feu et de poser un garrot à une fausse victime d’attaque terroriste. Fin juin, juste après sa session d’examens à l’Atlantic College, la lycéenne a effectué son premier voyage officiel à l’étranger : elle a pu se joindre à une mission Unicef de sa mère au Kenya. Cette participation a été décidée tardivement et a créé la surprise. Au cours de ce séjour, elle s’est exprimée pour la première fois devant la presse, répétant à peu près les mêmes phrases en français et en néerlandais : » Cela a été une expérience intense et unique pour moi… »
Des images d’Elisabeth dans un camp de réfugiés kényan et une communauté massaï ont été reprises dans le montage vidéo diffusé au terme du traditionnel discours royal du 20 juillet, pour la fête nationale. Mieux : la princesse a assisté son père lors de l’enregistrement de ce discours. Elle était présente dans le bureau du roi, ce qui lui a permis de découvrir les coulisses de cet exercice annuel. » La princesse héritière se familiarise ainsi avec les tâches d’un chef d’Etat, métier qu’elle devra un jour exercer « , commente Francis Sobry. Remarque de Vincent Dujardin : » Ses 18 ans sont un moment important, mais sa formation prendra encore plusieurs années. » Francis Balace observe : » Le prince héritier n’est pas mêlé à la prise de décisions du souverain. La duchesse de Brabant ne participera donc pas à l’action politique de son père, sauf crise grave. Cela dit, de tous les Belges, c’est elle qui a le plus intérêt à la pérennité de l’Etat ! »
Bio express
2001 Naissance le 25 octobre à l’hôpital Erasme (Anderlecht).
2004-2018 Etudes en néerlandais au collège Sint-Jan Berchmans, à Bruxelles.
2006 Première apparition officielle lors du Te Deum de la fête nationale.
2007 Assiste à la présentation, au Palais, de la maquette de la station polaire belge Princesse-Elisabeth.
2011 Inaugure l’aile pédiatrique de l’UZ Gent qui porte aussi son nom.
2013 Devient, le 21 juillet, duchesse de Brabant, première princesse héritière du royaume.
2014 Premier discours officiel, dans les trois langues nationales, à Ploegsteert, lors d’un hommage aux victimes de la Grande Guerre.
2018 Fin août, entre pour deux ans à l’Atlantic College, au pays de Galles, en vue d’y obtenir un baccalauréat international.
2019 Fête ses 18 ans le 25 octobre ; dès lors, si les circonstances l’exigent, elle peut succéder à son père sans l’encadrement d’une régence.
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