Élèves détenues: « Ne fermez pas les yeux sur ceux qui sont dans mon cas »
Sjuzana, l’élève du lycée Guy Cudell à Saint-Josse-ten-Noode arrêtée le 10 décembre dernier pour défaut de titre de séjour, a appelé mardi, au soir de sa remise en liberté, à soutenir les autres élèves qui sont détenues en centres fermés.
La jeune femme de 18 ans s’est dite choquée par ses conditions de détention. « C’est comme une prison. Mais on n’est pas des criminels! », a-t-elle clamé. « Je pense qu’un endroit pareil ne devrait pas exister pour les gens qui n’ont pas de papiers. Dans mon dortoir, on était 13 femmes sur 18 places. J’étais avec des femmes âgées qui étaient malades. Il y avait des femmes enceintes, mais pas de gynécologues. Il y avait une élève qui avait 18 ans comme moi. Cela fait trois mois qu’elle est là. Elle a appelé son école, mais elle n’a pas obtenu de soutien. Si je suis sortie après seulement 13 jours, c’est grâce à tous ceux qui se sont mobilisés pour moi et je les en remercie. Mais ne fermez pas les yeux sur ceux qui sont dans mon cas », a supplié Sjuzana. Une pétition demandant sa régularisation a recueilli plus de 1.300 signatures. L’échevin de l’Enseignement à Saint-Josse-ten-Noode, Philippe Boïketé, s’est félicité d’avoir « pu directement délier les enseignants de leur devoir de réserve ». D’après lui, « ces informations remontent plus difficilement en Communauté française. Dans l’enseignement libre, on essaie d’éviter ces situations pour maintenir la réputation des établissements. C’est la seconde fois que cela arrive à Guy Cudell en deux ans. Il faut faire en sorte d’obtenir une mesure qui empêche l’enfermement des élèves majeurs scolarisés. Il y a des dizaines d’autres Sjuzana qui sont en centres fermés ». Valentine Reyniers, membre de RESF (Réseau Education sans Frontières), a rappelé que la Belgique avait déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour détention de mineurs en centres fermés. « Théo Francken – secrétaire d’Etat à l’Asile et à l’Immigration – veut pourtant à nouveau enfermer des mineurs dans une aile spécialisée qu’il voudrait construire au centre fermé 127bis, à côté de l’aéroport », a-t-elle déploré.