Elections 2018: succès mitigé pour les vraies listes citoyennes
Les listes qualifiées de citoyennes ont connu des fortunes diverses dimanche dernier à l’occasion des élections communales, selon le politologue Régis Dandoy (UGent et UCLouvain). Selon lui, il est toutefois nécessaire de distinguer deux types de listes « citoyennes », les véritables et celles émanant de membres et/ou de sections locales de partis traditionnels.
« Je ne dispose pas encore de l’analyse quantitative. Ce travail est en cours. Mais il est déjà clair que les véritables listes citoyennes, composées de citoyens novices désirant changer les choses, n’ont pas rencontré un franc succès », analyse Régis Dandoy. « Ceci est dans doute dû à la difficulté de mener campagne quand on n’a pas d’expérience, pas de staff important pour, par exemple, coller des affiches ou imprimer des tracts, et peu de budget. »
Sections locales
A côté de ces quelques vraies listes citoyennes, de nombreuses listes arborant des dénominations semblables étaient bien souvent composées de membres de partis traditionnels ou constituées par des sections locales de ces partis. Celles-ci ont connu un certain succès. « Prenez par exemple la liste change.brussels à la Ville de Bruxelles, elle était composée de nombreux membres d’une section locale (sp.a en l’occurrence, ndlr). Ces listes affirment incarner le renouveau alors qu’il s’agit davantage de marketing. »
Le chercheur a constaté qu’un nombre important de listes de ce type étaient composées par des sections ou des membres du cdH. « Cela a été une attitude massive chez les membres de ce parti », indique M. Dandoy. Un cas d’école: la liste intitulée « Citoyens » au Bons Villers (Hainaut) était ainsi tirée par le chef de cabinet du ministre cdH René Collin. Elle a ravi le mayorat. « Mais ce phénomène n’est pas propre aux communes rurales. On a ainsi vu des listes de ce type en Région bruxelloise, là où les partis affichent traditionnellement leur sigle. Ces listes, qui jouent la carte du renouveau tout en disposant de moyens, peuvent donc engranger des succès. »
Offre politique locale
Selon Régis Dandoy, les chances pour une liste citoyenne d’émerger dépendent surtout de l’offre politique locale. « Si vous êtes dans une commune où il y a déjà 7 ou 8 listes, ce sera très difficile. Par contre, si vous n’en avez que deux, celle du bourgmestre sortant et celle de l’opposition, vous disposez d’un espace pour une troisième liste. »
Le politologue constate enfin que, dans de nombreuses communes, des listes qualifiées de citoyennes étaient en réalité des listes d’opposition au bourgmestre sortant. « Dans les années 90, le cas de figure classique était un duel entre la Liste du Bourgmestre et une liste d’opposition Intérêts Communaux. Aujourd’hui, ces listes IC vont s’appeler « Renouveau » ou « Citoyens », mais cela relève toujours du même phénomène. » Selon Régis Dandoy, les citoyens ne sont toutefois pas dupes. « Aux élections communales, et singulièrement dans les petites communes, les électeurs connaissent le personnel politique local. »